Jodie Foster : L'icône hollywoodienne inspirée de De Niro et formée par David Fincher

Mardi 2 Décembre 2025

La star hollywoodienne Jodie Foster, qui a connu une gloire précoce avant même d’en saisir pleinement la portée, ne cache pas sa gratitude envers les grandes figures du cinéma qui l’ont accompagnée, soutenue et façonnée, lui permettant de poursuivre devant et derrière la caméra un parcours qui dépasse aujourd’hui un demi-siècle.

L’artiste, invitée du programme "Conversations" dans le cadre de la 22ᵉ édition du Festival international du film de Marrakech, replonge dans les coulisses de son expérience décisive dans "Taxi Driver" de Martin Scorsese, alors qu’elle n’avait que douze ans. Elle y raconte comment le contact avec Robert De Niro lui a transmis l’art de l’improvisation et une méthode de construction des personnages. Mais c’est avec une révérence encore plus marquée qu’elle confie avoir appris de David Fincher, qui l’a dirigée dans "Panic Room", plus que de n’importe quel autre réalisateur.

Sur une scène imprégnée d’une touche marocaine authentique et face à un public nombreux et diversifié, Foster, grandement honorée lors de cette 22e édition, s’est laissée entraîner dans un voyage à travers les étapes de sa riche carrière, avec une franchise et une ouverture totales sur ses choix et ses expériences artistiques et humaines.

"Je pensais que le travail de l’acteur consistait essentiellement à maîtriser le texte et à l’exprimer de la manière la plus naturelle possible", dit-elle, avant de vivre l’expérience qui allait la marquer auprès de la star de "Taxi Driver" .

Cependant, Jodie Foster ne doit pas uniquement sa culture et sa conscience cinématographiques à l’énergie des plateaux, aux directions des réalisateurs et aux critiques, elle révèle aussi le rôle central de sa mère, véritable "école de cinéma", qui lui a fait découvrir l’univers de grands cinéastes tels qu’Antonioni, Visconti ou Fassbinder, ainsi que des œuvres plus confidentielles.

Les projections de films et les festivals constituaient alors un voyage permanent aux côtés de sa mère, nourrissant très tôt chez elle des questions essentielles sur la vision, le rôle de l’art, celui de l’artiste et les techniques d’interprétation.

Ces références ont forgé chez l’actrice une exigence extrême et une grande rigueur envers elle-même. Elle admet ainsi ne pas avoir été satisfaite de sa performance dans "Les Accusés" de Jonathan Kaplan, malgré l’Oscar qui l’a couronnée.

Ce doute, ajoute-t-elle, serait ce qui alimente sa passion et son désir de continuer à faire des films. "Je reviens toujours en studio pour prouver que je suis capable de donner davantage. Quand je m’éloigne un moment des écrans, un sentiment d’incertitude me gagne", confie-t-elle.

Avec la maturité, Jodie Foster cherche dans les rôles qu’on lui propose des aspects inattendus, et s’aventure dans des genres relativement nouveaux pour elle, comme la comédie. Mais un fil rouge demeure : poser les questions difficiles et brûlantes liées à la justice et bousculer les structures de domination. Elle n’hésite pas, dans ce cadre, à afficher son engagement féministe contre les formes de pouvoir masculin, y compris au sein de l’industrie cinématographique.

Avec une audace naturelle et une confiance tranquille, la star du "Silence des agneaux" de Jonathan Demme affirme sa préférence pour la sensibilité des réalisatrices, estimant que "les hommes ne sont pas formés à l’écoute profonde" et à "un véritable dialogue d’égal à égal", ce qui donne aux femmes une capacité particulière à s’immerger dans les personnages et à en sonder les profondeurs.
En tant qu’actrice et réalisatrice, elle mise sur des personnages indépendants, qui brisent le silence, des femmes racontant leur histoire de leur propre voix.

Entre cinéma populaire et cinéma d’auteur, Jodie Foster refuse de trancher. Ce qui compte pour elle, c’est de participer à des films largement diffusés, capables de toucher les esprits et les cœurs de publics divers, tout en préservant une authenticité artistique qui ne sacrifie rien à la qualité et l’entraîne vers une expérience intellectuelle, émotionnelle et spirituelle plus élevée.

Parce qu’elle a commencé très jeune et qu’elle semblait avoir déjà beaucoup accompli, sa mère pensait que Jodie Foster mettrait fin à sa carrière à dix-huit ans pour se consacrer à ses études. Mais la prophétie maternelle s’est effondrée face à un destin artistique exceptionnel, qui a fait de Jodie Foster une icône traversant les générations et les cultures.

En dehors du cercle hollywoodien, elle a joué dans des films en italien et en allemand, et elle vient récemment de tourner "Une vie privée" de Rebecca Zlotowski. Elle confie qu’elle aimerait vivre un moment de cinéma entourée d’amis réunis autour d’une table marocaine.

Par Nizar Lafraoui (MAP) 

Libé

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