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Voix off : A qui appartient le film?


Mohammed Bakrim
Vendredi 17 Avril 2009

 Drôle de match entre les USA et la France et qui a pour enjeu un film, Dans « La brume électrique » de Bertrand Tavernier. En principe, c'est un film américain. Il est sorti mercredi dernier sur les écrans de cinéma en France dans une version que les Américains  ne verront jamais. Le film sort effectivement aux Etats-Unis mais uniquement sur support DVD.
Un même scénario, un même réalisateur mais, in fine, deux films; deux distributions différentes! Une drôle d'histoire qui restitue le déphasage historique dans les approches du cinéma entre le point de vue américain (anglo-saxon) et le point de vue français (européen). Autrement dit entre les points de vue cinéphile et commercial.
Ce nouveau cas de figure en est une parfaite illustration. Entre le cinéma d'auteur et le cinéma du producteur. Et un hasard extraordinaire veut que c'est l'auteur français le plus américanophile qui se retrouve au centre de cette polémique. Oui, Bertrand Tavernier est d'abord un cinéaste cinéphile; on apprécie par exemple ses nombreuses contributions aux bonus de films américains, notamment les westerns; il vient en outre de publier un magnifique livre d'entretiens avec ses cinéastes américains fétiches…il pousse cet amour du cinéma américain qui est aussi toujours un amour de l'espace américain, jusqu'à aller y tourner un film. Cela donne « La brume électrique », un thriller qui se déroule en Louisiane avec Tommy Lee Jones. Le film que les Parisiens ont découvert mercredi dernier n'est pas le même que celui que les Américains ont vu sur DVD: la version française est plus longue, plus complexe avec recours à la voix off ; le début et la fin sont différents…
Après le tournage du film en 2007, les divergences ont apparu entre le producteur et le réalisateur autour de la question cruciale du montage. Ce fut la confrontation entre deux conceptions antagoniques: en Amérique on aime beaucoup couper. "Ce que Bertrand Tavernier envisageait convenait moins bien au public qui a besoin d'un rythme plus rapide", reconnaît le producteur américain qui supervise alors lui-même le montage du film: en fait un montage du point de vue de la distribution.
Concrètement sur quoi les divergences ont porté? On a par exemple reproché au cinéaste français de ne pas tourner suffisamment de plans soulignant les situations; on a demandé plus d'inserts, on n'a pas aimé des plans trop longs/lents…le cinéaste se retrouvait devant un autre langage; rentre en France, cherche de nouveaux fonds et remonte le film à sa guise. Et le cinéma a gagné deux films: l'un est resté propriété de son producteur, prisonnier de son schéma dogmatique; l'autre exprime le point de vue d'un cinéaste; il a été accueilli fort positivement à Berlin et là il va rencontrer le public du monde…hors Usa!  


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