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Voir la vie en vert

Sensibiliser le grand public aux enjeux environnementaux et à l’importance de la biodiversité, tel est l’objectif du CCEE


Chady Chaabi
Mercredi 23 Octobre 2019

Des factures d’électricité en baisse. Un jeune qui hésite entre acheter une moto à essence ou électrique alors qu’il avait déjà choisi la première option. Un animateur qui a fini par s’imprégner des discours qu’il adresse aux visiteurs. Ces témoignages peuvent être résumés en une phrase : l’effet AESVT. Un acronyme de l’Association des enseignants des sciences de la vie et de la Terre.
En ce lundi, à cheval entre la fin de l’été et le début de l’automne, l’odeur du romarin inonde l’entrée du Centre d’éducation à l’environnement de Casablanca (CCEE). Adossée au lycée Moulay Abdellah et située au sein même de l’annexe de l’Académie régionale de l’éducation et de la formation (AREF), cette structure, créée il y a plus d’une décennie, fait partie d’un réseau de 18 centres disséminés un peu partout dans le pays. Aujourd’hui, c’est jour de rentrée. Une journée porte ouverte a été organisée pour présenter le programme de cette année, qui sera rythmé par des conférences, des forums, des formations et une nouveauté : des ciné-débats. Mais pas que. Une visite du centre est au programme pour faire découvrir ses ateliers, ses expositions et ses activités, à un maximum de monde, petits et grands, avec pour principal thème: l’éducation à l’environnement.
En réalité, ce concept est tellement vague et abstrait qu’il devient difficile de le quantifier tout comme son développement. En avoir l’intention est une chose, accomplir cette ambition en est une autre. Pourtant, au gré de nos différentes rencontres et des témoignages que nous avons recueillis, il se pourrait bien que le Centre d’éducation à l’environnement de Casablanca soit beaucoup plus efficace qu’il n’y paraît.
Zaid Ayoub, licencié en biotechnologie, est animateur bénévole au centre depuis plus d’un an. Pour lui, l’impact du centre est bien réel. « Les retours des enfants sont encourageants. On sent qu’il y a un impact. Une nouvelle conscience environnementale fait son apparition. Par exemple, ils promettent de faire plus attention au quotidien, avec des petits gestes dans la gestion de l’eau et de l’électricité », nous explique-t-il, avant de rappeler que dans ce sens « nous demandons aux visiteurs de tout âge de remplir un questionnaire en fin de journée pour connaître l’impact qu’a eu le centre sur eux ».
En effet, c’est une manière de quantifier, un tant soit peu, l’impact des messages véhiculés par le CCEE auprès des visiteurs. Des messages dont les vecteurs en reçoivent également quelques éclats. Et pour s’en rendre compte, pas besoin de questionnaires, comme en témoigne Ayoub Soubai, animateur depuis près de deux ans. « Pour tout vous dire, les visiteurs ne sont pas les seuls concernés par la conscience environnementale. Nous le sommes aussi en tant qu’animateurs. Depuis que j’anime dans le centre, j’ai changé plusieurs de mes comportements, comme cette prise d’ordinateur que je laissais branchée ou cette ampoule électrique qui consomme de l’énergie sans raison. D’ailleurs, j’opte désormais pour des ampoules basse consommation», nous avoue-t-il.
Pour le coup, l’impact est bien réel. A l’instar de cette enseignante qui nous explique que depuis que les enfants de son école rendent visite régulièrement au centre, la facture d’eau et d’électricité a baissé à la faveur d’une prise de conscience des enfants. « Contrairement au passé, les enfants de l’école font beaucoup plus attention à leur consommation énergétique. Ils ne laissent plus les robinets des toilettes couler par exemple. Et si c’est le cas, il y en a toujours certains qui viennent prévenir la direction. On sent une véritable implication. Ils sont convaincus de l’importance de faire attention à la consommation énergétique, même si ce ne sont que des enfants», a-t-elle confié.
La conviction, Yahia en avait énormément lorsqu’il voulait acheter une nouvelle moto. Ce jeune qui vient d’obtenir son baccalauréat, était à deux doigts d’acquérir une moto à essence. Plus maintenant. « Depuis que je fréquente le centre, mon état d’esprit a évolué. Ma conscience environnementale s’est également développée. A tel point que maintenant je pense à acheter une moto électrique. Mais bon, si elle est plus écologique, elle est aussi plus chère, donc j’hésite encore », a-t-il nuancé.
En partant du principe que chaque année, le Centre d’éducation à l’environnement de Casablanca accueille plus de 15.000 visiteurs, il est fort à parier qu’il est à l’origine de moult migraines et indécisions, dans le bon sens du terme, comme celles qui hantent l’esprit de Yahia. Une chose est sûre, c’est que ces visiteurs auront toujours d’agréables surprises en s’y rendant. Nous en avons fait l’expérience lorsqu’on a rencontré Miloud Jirari. Cet artiste crée des animaux grandeur nature à base de matériaux recyclés. Bien qu’il l’ignore sûrement, il est dans le spectre de l'Arte povera. Un courant artistique qui est aussi une manière de se comporter prônée par des artistes italiens depuis 1967 et qui consiste, entre autres à créer des œuvres à base de matériaux souvent trouvés dans des déchetteries. Aussi surprenant soit-il, Miloud Jirari a embrassé cet état d’esprit après plus de 40 ans à travailler dans une usine d’industrie automobile. Autant dire que ce changement est radical. Passer d’un univers hyper pollueur à son contraire est assez rare. Son expression artistique qui lui a valu les louanges de tous horizons, il la justifie ainsi : «Au lieu de tuer des animaux pour les empailler, j’ai décidé d’utiliser des matériaux recyclables, dont les coquilles d’escargot pour les yeux, afin de créer des animaux grandeur nature, surtout ceux qui ont disparu ou sont en voie d’extinction afin de sensibiliser les gens sur leur beauté et leur importance écologique», assure-t-il. Dans un sens, il a raison. Quoi de mieux pour sensibiliser les gens à la disparition de masse de certaines espèces que connaît le monde, que de les exposer pour mieux appréhender leur beauté et majesté. Et ça, le centre l’a bien compris tout comme plein de choses encore qu’on vous recommande chaleureusement de découvrir en le visitant.


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