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Un net recul de l’allaitement maternel au Maroc

Le ministère de la Santé veut changer la donne


Nezha Mounir
Samedi 30 Mars 2013

Un net recul de l’allaitement maternel au Maroc
On ne le répétera jamais assez, rien ne vaut le lait maternel. Depuis la nuit des temps de  par le monde, on ne lui trouve que des bienfaits. Pour l’Organisation mondiale  de la santé (OMS), il est recommandé de donner l'enfant à la mère juste après l'accouchement pour que s'établisse un contact cutané et que le bébé commence à téter dès qu'il est prêt, normalement dans la demi-heure ou l'heure qui suit la naissance. Ainsi, les liens qui les unissent  deviennent encore plus forts. Mieux encore, lorsqu'un bébé est nourri au sein, son système de défense immunitaire est beaucoup plus résistant aux maladies et surtout aux infections. La richesse du lait maternel en certains éléments permet de protéger le nouveau-né contre ces infections comme la gastro-entérite du fait qu’il  regorge d'anticorps.
Qu’en est-il en fait au Maroc ? Jusqu’à une date récente, la situation ne semblait guère préoccupante. Allaiter son bébé au sein coulait de source comme l’atteste cette sage-femme qui se targue d’avoir mis des dizaines de bébés au monde : « la question ne se posait même pas. C’est une histoire de générations ; les mamans donnaient le sein à leur bébé comme l’ont fait avant elles leurs propres mamans ». Ce faisant, elles respectaient, sans vraiment en avoir conscience, les recommandations de l’OMS. En effet, cette dernière prône l’allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois et une introduction des aliments de complément à partir du sixième mois tout en maintenant l’allaitement maternel jusqu’à l’âge de 2 ans. L’allaitement exclusif au sein immédiatement après la naissance et pendant les six premiers mois de la vie est la meilleure source d’alimentation pour un enfant. Cette pratique permet d’éviter 13% des décès d’enfants de moins de cinq ans et par conséquent sauver des centaines de milliers d’enfants de la même tranche d'âge. Nostalgique, Hajja Fatima a ajouté : «Malheureusement, les choses ont beaucoup changé depuis. Le lait maternel risque d’être supplanté par les produits industriels». Elle est bien confortée dans ses allégations. En effet, des chiffres officiels du ministère de la Santé font écho aux  nouvelles réalités et dénotent d’un net recul de l’allaitement maternel. Ainsi, il apparaîtrait que si en  1992, 51% des enfants étaient nourris exclusivement au sein durant les six premiers mois de vie, en  2004 selon  l’enquête nationale sur la population et santé de la famille (ENPSF), ils n’étaient plus que 32%. Ce taux a accusé une nette baisse  en 2011 (ENPSF) où il est passé à 27,8%. Par ailleurs, la mise au sein précoce durant la demi-heure qui suit l’accouchement n’est pratiquée que par 26,8% des femmes, selon la même source. Comment en est-on arrivé là ? Ce phénomène trouve facilement son explication  dans les divers changements qu'a connus notre société, notamment le développement de l'industrie alimentaire avec l'avènement des laits pasteurisés, des laits de vache concentrés et en poudre. Le travail des femmes et toutes les contraintes qui s’ensuivent sont également pointés du doigt. Conscient de l’importance de cette pratique idéale d’alimentation de l’enfant et conformément au plan d’action 2012 - 2016, le ministère de la Santé a retenu la promotion, le soutien et la protection de l’allaitement maternel comme une stratégie prioritaire. Cette action est inscrite également dans le cadre de la Stratégie nationale de nutrition que le ministère de la Santé a élaborée en concertation avec les différents intervenants œuvrant dans ce domaine. Les objectifs visés tendent, entre autres, à ce que la mise au sein précoce des enfants dans la demi-heure qui suit l’accouchement soit  pratiquée par 50% des femmes. Le même taux est à atteindre pour l’allaitement maternel exclusif durant les 6 premiers mois de la vie des bébés. Pour ce, il faut impliquer les professionnels de la santé, la société civile et surtout les médias.
Mais ce qui compte le plus, c’est que les mères doivent avant tout connaître la difficulté de revenir en arrière si elles choisissent de donner le biberon à la naissance de leur enfant : il est difficile d’allaiter après plusieurs jours d’arrêt. Pourquoi ne pas allaiter au moins quelques jours, et se donner le temps de la réflexion et du choix en toute connaissance de cause ?


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