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“Tissir” déclare la guerre à la déperdition scolaire


Abdelali khallad
Samedi 21 Février 2009

“Tissir” déclare la guerre à la déperdition scolaire
Dans le cadre du plan d’urgence élaboré par le ministère de l’Education nationale suite à la publication des indicateurs alarmants des organismes internationaux  qui ont classé le Maroc en  queue du peloton  à cause de son enseignement jugé en état de léthargie, un programme parallèle chapeauté par l’Association marocaine pour l’appui à la scolarisation, créée dans ce contexte, intitulé programme Tissir, a su monopoliser l’intérêt des acteurs et intervenants dans le secteur de l’éducation et de la formation au Maroc, notamment dans les délégations et provinces ciblées par le programme dans sa phase expérimentale de deux ans.
L’objectif étant de réduire le taux inquiétant de déperdition scolaire en neutralisant les facteurs qualifiés de causes directes de cette problématique à multiples facettes, le programme Tissir a préféré s’attaquer à l’aspect financier de ces facteurs   (charges directes et indirectes de la scolarisation).
A cet effet, 260 secteurs scolaires dans cinq régions du Royaume (Marrakech-Tensift-El Haouz, Tadla Azilal, Souss-Massa-Draa, la région orientale, et Mekhnès Tafilalt) ont été désignées pour bénéficier du projet dans sa phase expérimentale sur la base des critères de la carte de pauvreté (taux de pauvreté de 30%), de l’Initiative nationale pour le développement humain, et du taux de déperdition scolaire qui doit se situer aux alentours de 80%, avec un budget global de 50 millions de dirhams étalé sur deux ans (2008/2010).
La totalité des élèves des établissements scolaires des communes répondant à ces critères devraient bénéficier d’un appui financier mensuel, perçu tous les deux mois par le biais de mandats postaux par les mères dans des communes, et par les pères dans d’autres (60 dh pour les élèves de la 1 et 2 AEP, 80dh pour les élèves de la 3 et 4 AEP, et 100dh pour les élèves de la 5 et 6 AEP).
Toutefois, cette subvention financière directe reste conditionnée par l’engagement des parents et tuteurs à faire bénéficier leurs enfants des services sociaux, l’enseignement en premier lieu. A cet effet, les parents s’engagent à veiller sur la scolarisation régulière de leurs enfants, et toute absence non justifiée dépassant quatre jours, implique la suspension de la subvention.
En vue d’assurer un bon suivi de la scolarisation des élèves dans les établissements concernés par le programme, un dispositif de contrôle, variant selon les communes, a été mis sur place avec l’implication directe du staff pédagogique et administratif. Trois mécanismes différents sont adoptés en parallèle pour mesurer l’efficacité de chacun d’eux : le suivi de l’absence par le professeur, le suivi par le professeur avec l’assistance de l’inspecteur, et le suivi par le biais des empreintes digitales des élèves au moyen  d’un appareil électronique.
 Les résultats directs atteints jusqu’à maintenant par le programme à la délégation d’Essaouira à titre d’exemple,  sont très satisfaisants, le taux de scolarisation, comparé aux chiffres prévisionnels, dans les 203 unités scolaires a été on ne peut plus spectaculaire. Plus de 9000 familles ont pu bénéficier du premier versement de ce programme, une vraie dynamique sociale a été déclenchée  dans les douars.
Une dynamique qui est allée jusqu’à secouer la mentalité masculine des ruraux qui n’ont pas manqué de contester le choix des femmes pour percevoir l’appui dans certaines communes, des doléances qui n’ont pas empêché l’aboutissement de la première phase de recensement des bénéficiaires qui a buté contre l’absence des cartes d’identité nationale pour les femmes surtout. Ce qui avait été à l’origine d’une démarche positive parallèle ayant permis à chacune des femmes d’avoir sa propre  CIN pour ainsi assumer sa responsabilité financière dans le cadre de ce programme.
Le programme Tissir  émanant d’une expérience réussie dans d’autres pays latins et asiatiques, le Mexique à titre d’exemple, nécessite une réflexion collective sur ses retombées sociales et pédagogiques.
Beaucoup d’acteurs déplorent l’aspect urgent, voire précipité de ce programme qui n’a pas pris le temps d’émerger dans un cadre participatif, surtout que le déclenchement du programme avait coïncidé avec la rentrée scolaire et l’opération un million de cartables.
Les critères de choix des communes ciblées dans la phase expérimentale ont été vivement contestés par les communes et établissements scolaires qui ont les mêmes spécificités sociales et économiques que leurs consœurs.
Pire encore, dans des communes choisies sur la base des trois critères cités auparavant, on a exclu de façon arbitraire des secteurs scolaires tandis que d’autres ont été retenus pour cette phase expérimentale.
Une chose implique une autre, et un grand afflux des écoliers vers l’école nécessite l’existence de moyens humains et matériels requis.
Malheureusement ces moyens n’ont pas été au rendez-vous et bon nombre d’écoles ciblées par le programme ont trouvé des difficultés à assurer les services pédagogiques en rapport avec le nombre croissant des écoliers au titre de l’année scolaire 2008/2009.
On note aussi l’impact sociologique négatif de cette démarche qui  s’est limitée au facteur financier pour redynamiser la solarisation dans le monde rural. Pour plusieurs observateurs, l’implication des parents dans le domaine de la scolarisation sera conditionnée par la motivation financière, chose qu’on aurait évitée en appliquant le principe d’obligation de la scolarisation des élèves, tout en orientant l’appui financier vers des programmes socio-économiques qui s’attaquent directement aux facteurs de précarité dans le monde rural enclavé.


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