Tiger Woods, l'improbable et incroyable come-back


Mardi 16 Avril 2019

Un temps donné perdu pour le golf, Tiger Woods a retrouvé dimanche, à 43 ans, sa place au sommet: il a signé, en remportant le prestigieux Masters d'Augusta, l'un des plus improbables come-back de l'histoire du sport.
Comme souvent dans sa carrière --et même dans sa vie--, Woods n'a pas fait les choses à moitié.
Il a mis fin à une disette de onze ans en Grand Chelem en écoeurant dans le 4e et dernier tour tous ses rivaux qu'il a relégués à une longueur, grâce à une série de coups incroyables et à son mental d'acier. Comme à ses plus belles heures.
A son palmarès quasiment sans équivalent figurent désormais 15 titres du Grand Chelem, soit trois de moins que son mentor Jack Nicklaus, et 81 titres PGA, à une longueur du record de son compatriote Sam Snead.
Il y a seulement seize mois, un tel scénario semblait impossible, même pour les plus enthousiastes de ses supporters. Et peut-être même pour le principal intéressé.
Quand il revient sur les greens en janvier 2018, après plusieurs tentatives ratées et quatre opérations du dos, dont une arthrodèse, une douloureuse fusion de vertèbres, celui qui est considéré comme le plus grand golfeur de l'histoire est dans le flou.
"J'avais tellement d'appréhension au moment de frapper la balle et de tout donner. Mes médecins m'avaient pourtant dit que tout était OK, mais il a fallu que je retrouve confiance, cela a pris du temps car je ne voulais plus me blesser, je ne voulais plus ressentir ces douleurs", avait-il expliqué en 2018.
Il va pourtant rapidement retrouver ses marques, en terminant notamment 2e du Valspar Championship en mars 2018.
Il redevient le "Tigre" l'été dernier en prenant la tête du British Open, avant de terminer 6e, puis en échouant à deux coups de son compatriote Brooks Koepka dans le Championnat PGA en août.
En septembre, il s'offre sa première victoire sur le circuit PGA depuis cinq ans en remportant le Tour Championship.
Un exploit de plus pour Woods, un sportif décidément à part.
Il est celui qui a fait prendre au golf une nouvelle dimension. L'un de ces très rares sportifs, à l'image de Roger Federer en tennis, qui incarnent à eux seuls leur discipline, avec une aura dépassant le cadre feutré du golf.
Quand il débarque sur la planète golf au milieu des années 90, il suscite dès le début un intérêt hors-norme. Jeune, métissé (né d'un père noir et d'une mère asiatique), il dépoussière son sport.
Son jeu, plus agressif, son approche physique d'une discipline encore réticente aux salles de gym, sa fougue qu'il n'hésite pas à exprimer... Un cocktail qui d'emblée électrise et fascine. Et surtout, il gagne, vite et beaucoup.
Entre 1996 et 2008, il domine outrageusement son sport, empoche 14 titres du Grand Chelem et fait passer le golf sur une autre planète. La sienne.
Puis la machine s'enraye. En 2009, la révélation de ses nombreuses liaisons désarçonne celui que l'on croyait à l'époque inébranlable. Il se sépare de sa femme, le mannequin suédois Elin Nordegren, avec qui il a eu deux enfants.
Contraint par ses sponsors de faire des excuses publiques, son image s'effrite sérieusement. Sa carrière connaît un premier coup d'arrêt. Il chute mais ne renonce pas. Il va mettre quatre ans à retrouver le fauteuil de N.1 mondial et, en 2013, parvient à redevenir le sportif le mieux payé au monde selon le magazine économique Forbes, qui estime à 1,5 milliard de dollars le total de ses gains depuis ses débuts pros en 1996.
C'est alors son physique qui l'abandonne. Touché au dos, il est opéré une première fois en 2014 mais son swing se délite, son mental vacille et son niveau inquiète.
Il réalimente de nouveau la rubrique des faits divers en se faisant arrêter, endormi au volant de sa voiture, sous l'emprise d'un cocktail de médicaments et d'anti-dépresseurs un soir de mai 2017 en Floride.
Mais Woods a fini par se relever et a balayé les doutes un après-midi d'avril 2019 à Augusta, 22 ans après son premier succès sur ce même parcours.


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