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Tant de défis qui appellent des réponses

Document politique élaboré par la Commission préparatoire du 11ème Congrès national de l’USFP*


Libé
Jeudi 27 Janvier 2022

Tant de défis qui appellent des réponses
Observations explicatives
Travaux de la commission politique
En vertu de la réunion du secrétariat de la commission préparatoire tenue le 23 novembre 2021 et de la réunion de la commission préparatoire du 27 novembre 2021, organisées sous la présidence du Premier secrétaire en sa qualité de président de la commission préparatoire et en vertu d’une série de réunions du secrétariat de la commission politique aussi bien celles tenues en présentiel que celles organisées en distanciel, la commission politique a tenu quatre réunions en présentiel et en distanciel successivement aux dates du 27 novembre (présentiel) du 2 décembre (distanciel), du 7 décembre (distanciel) et du 18 décembre 2021 (présentiel).

Lors de ces rencontres, le nombre de participantes et participants étaient respectivement de 34, 34, 36 et 17.
Les travaux en ont duré 12 heures, les intervenants ayant été au nombre respectivement de 13, 17, 15 et 15, soit un total de 60 interventions.

Lesdites rencontres ont été, par ailleurs, marquées par l’organisation de deux activités essentielles, à savoir :
- une journée d’étude en collaboration avec la commission politique issue de la commission nationale autour de « La trajectoire de l’USFP entre la participation et l’opposition, et ce en date du 4 décembre 2021 avec 10 interventions, durant 4 heures.
- Discussion d’une séance d’audition d’un exposé autour de la situation politique, économique et sociale, en date du 5 décembre 2021, 3 interventions d’une durée de 7 heures. Ainsi ces travaux ont totalisé 6 rencontres et 77 interventions sur une durée totale de 19 heures.

Par ailleurs, outre les dix interventions de la journée d’étude, le secrétariat de la commission politique a reçu 9 participations écrites. De même qu’il fut procédé à l’exposé du projet de document politique pour le soumettre au vote qui l’a ratifié à l’unanimité tout en prenant en considération les observations de forme relatives à sa rédaction ou à certaines suggestions supplémentaires n’impactant nullement le fond de l’analyse.

Là-dessus, à l’issue des travaux de la commission politique, le 18 décembre 2021, le projet a été présenté successivement devant la commission préparatoire et le Conseil national et a été voté à l’unanimité.

2)- Le document politique comprend de nombreux titres, principaux mais aussi annexes, établis d’une manière générale pour faciliter le suivi de la lecture du contenu et la présentation des observations, compte tenu du volume du document qui s’est focalisé, quant à ses axes généraux, autour des énoncés de la commission administrative, du Bureau politique, des contributions du parti au projet du Nouveau modèle de développement (NMD), de la réforme fiscale globale et de l’initiative du premier secrétaire afférente à la gestion des affaires du pays eu égard à la pandémie du corona, tout en se référant parfois aux écrits et documents historiques du parti.
 
Introduction :
L’USFP vit une étape historique décisive.
C’est qu’en effet, il tient son 11ème Congrès dans une conjoncture internationale, régionale et nationale caractérisée par une situation inédite que l’humanité n’a jamais eu à affronter depuis de longues décennies, car au moment où le monde évoluait dans le système de la globalisation et la course des grandes puissances vers la prédominance sur l’économie mondiale, il s’est retrouvé en train de se débattre contre la propagation du virus du corona «Covid-19» qui a impliqué des révisions fondamentales en matière de politiques des Etats et des comportements des individus. Ainsi, concernant le volet temporel, comme cela s’est révélé depuis le début, il ne s’agissait pas d’une simple période éphémère dont le traitement pourrait l’estomper aussi rapidement que pour d’autres aléas mais toutes les hypothèses sont de mise car le rythme rapide de l’extension, la manière dont se propage la pandémie et le nombre exponentiel des victimes présentent bien les indices d’une incertitude quant à l’avenir de l’humanité.

Concernant le volet spatial et face à ce genre de pandémie, il n’est pas aisé de la situer dans une sphère géographique bien définie de même que les frontières n’ont plus aucune signification.

A cet égard, toutes les politiques qui mettaient en avant le système de la globalisation se sont rapidement transformées en politiques fermées sur elles-mêmes et ne s’intéressent désormais à l’extérieur de leur territoire  qu’à ce qui occasionnerait l’extension de la pandémie. Ainsi, il est devenu plus plausible que toutes les constances et questions que l’humanité considérait comme des évidences mais également les comportements individuels sont devenus par la force des choses condamnées à changer.

Et si notre pays a pu réussir en adoptant la gestion anticipative préconisée de la crise, ce fut essentiellement grâce à l’intervention et l’incitation Royales, les efforts étant focalisés sur le contournement de la propagation de la pandémie et la réduction de ses répercussions sur les plans économique et social. Toutefois, ces répercussions ont également impacté les activités partisanes, syndicales et civiles. Et à ce propos, notre parti s’est aussitôt montré capable de s’adapter à ces conditions à travers l’adaptation de son mode d’action en en faisant des conditions conformes aux règles des urgences sanitaires. En effet, l’USFP a été parmi les premières formations à prévenir contre la baisse de garde et la négligence en matière d’attitude à tenir face à la pandémie, préconisant l’hypothèse de sa continuité qui rompe avec l’évocation d’une «période post-corona».

Tant de défis qui appellent des réponses
Dans ce contexte, il faut souligner que notre pays, en dépit de cette conjoncture générale, a pu effectuer les échéances électorales dans les délais qui leur étaient impartis, en commençant par les élections  professionnelles et en aboutissant au renouvellement de toutes les instances professionnelles, territoriales et législatives. Et c’est un acquis  qui consolide la confiance dans les institutions  élues en prenant en considération la périodicité et la régularité des échéances en tant que facteurs de la crédibilité du processus électoral. L’USFP, là-dessus, a réussi à renforcer sa situation eu égard aux efforts organisationnels qu’elle a déployés et aux positions politiques que le parti a adoptées.

Nous avons estimé, au sein de notre formation, que les résultats obtenus étaient bien les prémices d’une période d’une nouvelle alternance dont l’une des composantes serait l’orientation social-démocratique. Or au lieu de cela, il fut procédé à l’établissement d’une coalition fondée sur l’alliance entre l’une des  composantes de la majorité avec celle de l’opposition. C’est ainsi que cela a introduit le pas dans un processus impactant l’avenir de la vie politique, notamment du fait de l’émergence de manifestations d’une tendance de domination patente visant à imposer une nouvelle conception stéréotypée à travers toutes les institutions professionnelles, territoriales et législatives.

Par conséquent, notre parti a choisi de se positionner dans l’opposition faisant prévaloir à cet effet son droit à l’excellence et l’option optimale, pour notre société, fidèle en cela à sa devise centrale élevée lors de la campagne électorale qu’il a menée : «La patrie d’abord».
Ce positionnement dans l’opposition devrait nos inciter à concevoir de nouvelles approches politiques de l’action.

En fait, notre rapport à l’Etat ne devrait pas être confiné dans l’angle de la participation ou non dans l’alliance gouvernementale mais devrait être focalisé autour de la conception d’une approche à même de permettre au parti de s’intégrer dans un rapport avec l’Etat et en marge du rapport avec le gouvernement. Et c’est une approche qui nécessite davantage d’innovation quant aux méthodes de l’action partisane et à la recherche de moyens de participation efficiente à la vie partisane et politique à travers de nouvelles filières pour appuyer nos conceptions et nos positions via de nouveaux outils caractérisés peu l’assiduité et l’innovation.

L’USFP, dans sa rétrospective du contexte internationale, régionale et nationale, estime que la devise «la patrie d’abord» représente l’essence des conclusions auxquelles ont abouti les Ittihadies et Ittihadis, ayant trait aux principes et expériences de notre parti tout au long de plusieurs étapes historiques et que tous les congressistes sont fiers de l’histoire militante de leur parti et déclarent se dresser pour rendre hommage aux esprits des martyrs du parti et être déterminés à poursuivre la lutte en faveur des principes ancrées de notre parti.

Dans le contexte national :
Ce n’est pas par hasard que l’USFP s’est fixé pour devise «La patrie d’abord» dans le cadre du processus électoral de 2021 en en faisant le fil conducteur de tous les axes de son programme électoral. La mise en avant de cette devise est intervenue au terme d’une analyse approfondie de la situation de notre pays, les répercussions de la pandémie de corona ayant particulièrement eu une incidence, manifeste sur l’économie et la société. Notre parti a souvent transcendé l’intérêt du parti en priorisant l’intérêt de la patrie». Cela a été avéré dans nos initiatives dans le cadre de la Koutla nationale, à travers la participation aux diverses échéances électorales ou dans le cadre de la Koutla démocratique ou encore en répondant à l’appel à stopper l’hémorragie de l’arrêt cardiaque».

De même que cela s’est traduit par notre consentement à continuer notre action dans la gestion gouvernementale, suite à la déclaration de la «sortie de la méthodologie démocratique», notre participation effective aux consultations autour du système de la régionalisation et notre adhésion à la révision globale de la constitution et au nouveau modèle de développement.

Nous avons toujours alerté sur tout ce qui pouvait porter atteinte à l’intérêt de la patrie et de la société, en dénonçant les atteintes aux droits de l’Homme et en fustigeant les élections frauduleuses, en nous abstenant de participer aux référendums relatifs  à des textes constitutionnels non consensuels, en présentant des motions de censure, à l’encontre de politiques gouvernementales impopulaires, en menant des contestations syndicales contre ces dernières et en les dénonçant médiatiquement.

Par ailleurs, afin d’accorder toute la légitimité requise à nos positions, notre action  ne s’est  pas  limitée aux niveaux de l’Etat ou de la société mais a également abordé la situation interne de notre parti. Mus par les mêmes  volonté et détermination, nous nous sommes déployés à ressouder les liens au sein de la famille ittihadie en traçant un nouvel horizon ittihadi fondé sur la réconciliation et l’ouverture, et ce à l’occasion du 60ème anniversaire que nous estimions une occasion de la réconciliation avec l’identité ittihadie à travers le rassemblement du mouvement ittihadi mais aussi avec la société via l’ouverture sur les différentes potentialités et compétences.

C’est dans ce contexte national que le 11ème Congrès national est appelé à trouver les réponses appropriées à des interrogations brûlantes que l’opinion publique nationale, toutes catégories confondues, attend :

- Quelles sont les plus importantes caractéristiques de l’USFP quant à sa situation organisationnelle et à son processus politique ?
- Quelle place de l’USFP au milieu du champ politique et de la scène partisane ?
- Quelle est notre évaluation de la décennie consécutive à la Constitution de 2011 ?
- Quels enjeux politiques et quelle alternance opportune pour notre pays ?
Quels enjeux économiques devant le NMD ?
- Quelles alliances partisanes/parlementaires propices ?

Axe I :Tant de défis qui appellent des réponses

 L’USFP entre la situation organisationnelle et le processus politique
Les différentes étapes de l’existence de l’USFP, depuis sa création, ont  marqué de leur empreinte la trajectoire organisationnelle selon l’impact de la situation politique générale du pays et la position du parti à cet égard.

Or si nous avons été capables de répondre à tous les questionnements posés en leur temps, le congrès exceptionnel de 1975 a constitué une étape décisive par excellence à travers l’adoption du slogan du militantisme démocratique et de la transparence quant aux objectifs tracés dans ce sens. Les congrès nationaux se sont succédés, et ont pu traiter de diverses problématiques partisanes, telle que l’adoption de la ligne de conduite politique (1978) et la réhabilitation de la jurisprudence  culturelle au moyen du document «Crise de la société et crise de la démocratie (1984)» et «l’adaptation à la réalité de l’invasion du mouvement syndical de l’arène du conflit partisan interne (1989) et la contribution active à la construction de la Koutla démocratique avec tout ce que cela porte comme charge politique, militante et unioniste, de même que la période de transition résultant de sa direction du gouvernement d’alternance consensuelle (2001).

Ainsi, la déclaration de «sortie de la procédure démocratique» a ouvert un nouveau débat politique. Toutefois le rassemblement populaire autour de l’Union socialiste des forces populaires à la faveur du lancement de chantiers prometteurs a commencé à dépérir des suites de l’incapacité révélée, alors, d’en renouveler le projet politique. Cela s’est manifesté dans les résultats catastrophiques enregistrés lors des échéances électorales de 2007. Néanmoins, notre auguste parti est parvenu à se sortir de cette situation dans une première étape en opérant un consensus autour d’une plate-forme politique et une déclaration générale lors de la première phase de notre 8ème congrès nationale de 2008 à la suite de l’échec de la première phase.

Ensuite, à partir de cette période, les traits des nouveaux questionnements sont venus s’imposer d’eux-mêmes avec insistance car le parti n’était pas seulement tenu de trouver des réponses aux questions organisationnelles et politiques mais aussi de rechercher les moyens de renouer l’attachement à la société car parmi les caractéristiques de l’USFP, le fait que sa situation n’a jamais été exclusivement une affaire partisane interne mais également une affaire sociétales, suivie par l’opinion publique avec un grand intérêt et suscitant  l’intervention d’aucuns exprimant leur point de vue quant à ses affaires, dont la majorité aspire à retrouver le rayonnement des «forces populaires» de «l’Union socialiste». C’est pourquoi, il était naturel que nous œuvrions ensemble à reprendre en considération le débat intellectuel et conceptuel à travers la polémique entre diverses théories politiques.

Le 9ème Congrès national de 2012 a constitué une nouvelle étape qualitative ayant favorisé l’ouverture de filières intellectuelles opérationnelles à même de créer une dynamique transcendant les individus et leurs expériences personnelles vers davantage d’excellence à travers des thèses plutôt objectives. Et en dépit de l’absence d’interaction populaire avec ce processus conjoncturellement de par les échéances de 2016 du fait que ces dernières avaient été marquées par la bipolarisation de l’exploitation de la religion et le recours à l’argent, le parti a réussi, sur le plan organisationnel à se restructurer et à renouveler toutes ses structures et au niveau politique de présenter ces nouvelles conceptions qui sont devenues par ailleurs un référentiel opportun pour toutes les autres forces partisanes qui les ont adoptées et «appropriées» comme étant leurs propres visions.

Nous avons réussi lors de nombreuses étapes et dans plusieurs domaines à démontrer l’excellence de notre parti eu égard au programme électoral à l’occasion des échéances de 2016 et à la plate-forme politique d’orientation du 10ème Congrès national de mai 2017 de même qu’à nos contributions aux grands chantiers de réformes entrepris dans notre pays, que ce soit en matière des politiques sectorielles telles que la politique fiscale à titre d’exemple ou dans le domaine de l’élaboration du NMD, ou encore notre conception pertinente et exhaustive quant au système de la protection sociale, allant jusqu’à notre programme électoral relatif aux échéances de 2021.

En outre, parallèlement à tout cela, l’initiative de commémoration du 60ème anniversaire de la création de notre parti sous le signe de «la réconciliation et l’ouverture» a débouché sur la réalisation des résultats escomptés. Là-dessus notre parti s’est distingué par l’initiative du premier secrétaire quant à la gestion des affaires du pays tout au long de la crise occasionnée par la pandémie de Corona.

Toute cette série de prises de position et d’initiatives politiques a permis à notre pâti de recouvrer la confiance des Ittihadies et Ittihadis et celle par transitivité d’une grande partie de la société au parti des forces populaires. Ainsi, tout observateur, en suivant les déclarations issues des réunions des conseils nationaux pourra constater les performances positives de ces initiatives qui ont été couronnées par des résultats probants sur le terrain au terme des diverses échéances de 2021 en dépit des dépassements qui les ont entachées.
 
Quelle place de l’USFP au milieu du champ politique et de la scène partisane ?
Nous nous sommes, par le passé, longuement arrêtés, dans la résolution d’orientation de notre 10ème Congrès sur l’un des phénomènes ayant suscité un débat élargi, à savoir la défaillance de la classe moyenne, supposée avoir une grande influence politique et culturelle au sein de la société, quant au projet du changement et défendre les valeurs du modernisme, affichant une attitude oscillant entre la capacité d’autres  formations ou miser sur son abstentionnisme, ce qui ne pourrait aboutir qu’à des résultats catastrophiques du fait de l’incapacité de saisir les aspirations de cette classe et de lui fournir des réponses adéquates.

A cet effet, notre parti a réussi, aussi bien à travers son positionnement dans l’opposition que par sa participation à la coalition gouvernementale au cours de la décennie écoulée, à entamer la reprise de sa place non seulement eu égard à sa pratique de l’opposition mais aussi par son passage à une opposition sociétale avec les débuts de son adhésion aux grandes batailles sociétales, notamment au niveau des catégories pénalisées par la politique gouvernementale conservatrice.

Notre parti, qui portait le qualificatif «socialiste», a été la cible  de nombreuses campagnes hostiles de la part de diverses sources. Et s’il a réussi à dépasser les vestiges du «conflit» l’opposant à l’Etat à la faveur d’une série de consensus, les attaques ont persisté à s’enchaîner de la part des forces conservatrices et réactionnaires de certains lobbies opportunistes à travers le pays. Cependant, nos initiatives, nos prises de positions et notre résilience ont fait de nous un élément constant au milieu de l’équation politique du Maroc, car notre place à l’intérieur du champ partisan demeure bien assise du fait de notre excellence faisant de nous un projet politique et sociétal entièrement pertinent, dont l’essence est la défense des masses populaires, de la démocratie, de la justice, de l’équité et des valeurs de la modernité.

Les différentes attaques contre notre formation en tant que parti politique n’a jamais permis de se positionner à sa place à tous ceux qui en rêvaient bien que disposant de grandes possibilités financières, ni aux conservateurs avec leur exploitation excessive de la culture religieuse. A ce propos, si l’on note que les échéances de 2021 ont affaibli l’impact de l’exploitation de la religion sur les opérations électorales, le recours à l’argent requiert une politique ferme pour l’éradiquer définitivement et ouvrir la voie d’une concurrence égale et équilibrée. Ainsi nous avons tout de même parvenu à continuer de nous focaliser sur la valorisation du rôle de l’Etat en matière d’amélioration des conditions de vie des couches les plus affectées au sein de la société, loin de toute surenchère s’appuyant sur l’utilisation de l’argent et l’exploitation de la religion à cette fin.

L’étape post-échéances 2021 se présente comme une nouvelle étape politique au sujet de laquelle, notre parti doit se déployer dans le sens du renouveau et de l’innovation. Et c’est l’occasion de distinguer, quant à nos revendications et nos prises de position entre ce qui est structurel et ce qui est conjoncturel. A ce propos, notre parti est appelé à se référer à son capital politique, partagé avec les Marocains à travers son expérience depuis 1996, année qui a été marquée par le consensus autour de la nouvelle Constitution et la nouvelle répartition des pouvoirs et par la suite les négociations ayant abouti à l’expérience de l’alternance. Il s’agit, là, d’un processus qui a été à même de fonder et faire prévaloir la logique du consensus.

Ainsi, durant les périodes consécutives et jusqu’aux échéances de 2021, le parti n’a cessé d’œuvrer selon un rythme consensuel entre lui et le Roi.

La démarche adoptée par l’USFP au cours de ces périodes, a occasionné un certain effritement mais sans pour autant déboucher sur la réfraction. C’est ce qui nécessite la sortie de cette étape et passer à une nouvelle étape. Le fil conduit entre notre expérience passée avant l’alternance et celle qui est intervenue par la suite, a connu des déchirements sur lesquels on devrait s’arrêter car l’USFP, tout au long des cinquante dernières années, s’attelait à conduire sa ligne politique par la réflexion, l’observation et l’analyse nécessaires, Or ce fil s’est affaibli, voire s’est estompé sur le plan quantitatif, notamment au niveau de l’évolution de l’USFP à l’intérieur des institutions. De ce fait, nous nous sommes retrouvés dans une  nouvelle situation, non pas en nous positionnant dans l’opposition mais en ayant réellement besoin d’une approche critique dialectique.

Dans ce même ordre d’idées, l’adoption de la devise «La patrie d’abord» lors des échéances de 2021 illustre bien la continuité de notre vision tendant vers la priorisation de la patrie par rapport au parti, désormais d’une nécessité insistance dans la nouvelle conjoncture du pays. Et c’est ce qu’exige la mise en avant de «la centralité de l’Etat». C’est que l’USFP est une entité historique qui a émergé de circonstances politiques, sociales et économiques auxquelles elle s’est acclimatée en se fondant sur l’idée du parti-Etat comme projet historique, ce qui démontre que la centralité de l’Etat était toujours omniprésente depuis la création. De même que la culture de gauche, elle-même considère que l’Etat matérialise l’équilibre des forces à l’intérieur de la société des classes et reflète tout ce qui s’y déroule. En fait, l’Etat du Maroc indépendant a vécu une problématique complexe quant à la manière à représenter toutes les sensibilités politiques qui y sont renfermées. Il en est résulté de grands conflits fortement vécus par l’USFP tout au long de sa marche militante.

Et nous sommes, maintenant, tenus de réagir vis-à-vis de ce qui s’est passé à la suite de l’expérience de l’alternance et nous interroger si le tout s’est dissous au fond de l’Etat.
A l’USFP, autant nous signifions qu’il y a eu un dépérissement dans des limites bien déterminées, autant nous estimons que ce dépérissement n’entend point l’établissement d’un Etat globaliste, ce que nous rejetons pleinement car étant une négation de la démocratie à laquelle nous aspirons, pour laquelle nous avons milité mais dont nous assistons à la destruction et à la dissolution après les échéances de 2021.

En effet,  la centralité de l’Etat est liée à la gestion des affaires de la société. C’est une centralité économique et sociale qui a été confirmée à travers le débat autour du NMD.
De ce fait, le parti est appelé, à l’issue de la bataille électorale, à bien se pencher sur ce qui est conjoncturel et ce qui est structurel.

Mais qu’a donc laissé l’USFP aux Marocains après l’alternance ? C’est la négociation au sujet de la répartition des pouvoirs. Et c’est cette approche qui a dominé la trajectoire de l’USFP depuis lors  et qui a favorisé l’avènement de cette réalité que nous vivons dont le grand titre est la prédominance de la logique consensuelle. C’est ce qui explique ce genre de déchirement interne, notre parti demeurant prisonnier de cette situation, ce qui a conduit à une dégradation interne du fait que nous avons continué également à observer la conjoncture  sans aucune ligne de coordination.

Nous sommes en fait devant une nouvelle situation caractérisée par la consolidation de la centralité de l’Etat avec tout ce que cela suppose comme nouvelles illustrations et comme résultats. Les exigences de la gestion des relations économiques sur le plan mondial se sont révélées parmi les plus importantes conditions de la réussite du positionnement de l’Etat, ce qui interpelle le parti comme s’interroger s’il est opportun de se situer  dans un contexte géostratégique en conformité avec la centralité de l’Etat.

Ainsi, parmi les réponses qu’on pourrait apporter, c’est davantage d’adhésion à la lutte pour rehausser les capacités des ressources humaines par l’intermédiaire de l’éducation, la recherche scientifique et la culture et ce sont les questions  qui ont constitué et constituent  toujours les principaux piliers du parti depuis sa création.

En tout état de cause, l’Etat central ne peut réussir à remporter les défis auxquels il est confronté aux niveaux régional et mondial sans recourir au renforcement de la participation politique afin de ne pas perdre sa crédibilité. Et cela exige de se débarrasser du système traditionnel du népotisme basé sur la distribution des faveurs et l’exploitation des structures du sous-développement qui enfoncent la modernité politique et culturelle dans l’optique de la maîtrise des cartes représentatives aux niveaux local, régional et national.

Le devenir de la configuration démocratique de l’Etat marocain est exposé aujourd’hui à une sorte de mainmise politique sur tous les acquis obtenus par le fait des luttes menées par le mouvement démocratique et syndical et les organisations de la société civile, et ce à travers la reproduction des stéréotypes traditionnelles et leur renouvellement en les enveloppant par de fausses couches de modernité. Et ainsi, plus la participation politique mue par les convictions et le choix libre se rétrécit, plus le système du népotisme se renforce et s’élargit.

Il est, dans ce sens, établi que l’investissement public dans les infrastructures ne peut pas générer de rendement immédiat sur le plan social et que l’Etat centralisé est tenu d’œuvrer à la répartition équilibrée des richesses pour parvenir à lutter contre la vulnérabilité qui s’étend au milieu des catégories sociales car il est impératif d’interpeller, à cet égard, les politiques publiques au vu de l’augmentation irrationnelle des disparités territoriales entre les classes sociales en l’absence de toute intervention volontaire visant à l’endiguer.

Notre parti, en adoptant la devise «Le Maroc d’abord», ne la considère point comme un chèque à blanc car la patrie forte, c’est celle qui respecte les valeurs de la citoyenneté libre et qui est apte à opérer les choix issus des convictions et de la dignité, ce qui suppose l’établissement de liens entre le Maroc en tant que patrie et des politiques publiques efficientes dans les secteurs de la santé, de l’enseignement et l’éducation, de la culture, de l’environnement, des collectivités locales, de la protection des consommateurs, du respect des droits de l’Homme collectifs et individuels et autres composantes de la citoyenneté démocratique et moderne.

Situation politique de notre pays au cours de la décennie post-2011
Au lendemain de la ratification de la Constitution de 2011, notre pays a vécu une période qui aurait pu constituer un nouveau bond politique, économique et social consécutivement à l’enthousiasme social qui a découlé du mouvement du 20 février et le large suivi de la révision globale de la Constitution de même que de la préparation des lois organiques afférentes aux échéances électorales. Cependant, alors que l’USFP tenait à constitutionnaliser la méthodologie démocratique émergeante,  l’un des partis conservateurs s’est empressé d’en tirer profit, dévoilant aussitôt son incapacité de s’adapter à la charge démocratique de la nouvelle Constitution. D’ailleurs, multiples ont été les illustrations de cette incapacité sous plusieurs formes dont dès le départ, son désistement de nombre d’attributions constitutionnelles, aussi bien à travers les textes législatifs qu’en matière de pratique, allant jusqu’à lourdement impacter les grandes affaires du pays.

En effet, malgré la  proclamation du slogan anti-corruption, il n’en était rien et contrairement à la prétention à la réforme, la pratique a révélé que beaucoup de réformes se sont avérées sujets à caution, s’agissant notamment, que ce soit de la Caisse de compensation, du système des retraites ou du recrutement contractuel.

En outre, bien que ce parti ait occupé une position prédominante lors des élections communales et réalisé  une victoire écrasante dans la majorité des grandes et moyennes villes, s’est dévoilée une faiblesse indigente de l’action de ses élus en matière de gestion des affaires publiques.

D’autre part, l’on a assisté à l’adoption sans réserve d’un libéralisme sauvage tout au long de la décennie qui a suivi 2011 pendant que le parti menant cette nouvelle expérience s’est illustré par le recul de nombreux acquis sociaux. S’est alors révélé au grand jour que ses réussites électorales étaient essentiellement  dues à son exploitation de la religion à des fins politiques, ne disposant d’aucun projet politique fondé sur un projet sociétal bien défini, ni de cadres compétents aptes à gérer les secteurs qui leur incombaient. Et c’est ce qu’ont reflété les résultats qu’il a obtenus lors des différentes échéances de 2021.

Eu égard précisément à ce contexte particulier, notre participation au second gouvernement n’a pas abouti aux résultats préconisés en dépit des efforts consentis par les ministres ittihadis qui se sont impliqués dans un climat dominé par les tiraillements et conflits au milieu de la majorité gouvernementale qui privilégiait le strict intérêt partisan au détriment de l’intérêt suprême de la patrie à coup d’étroits calculs partisans et même lorsque survenait la nécessité de consensus au sein du gouvernement, les conclusions de ce dernier vilipendées au parlement par ce même parti qui, plus est, dirigeait alors l’Exécutif.

Par contre, l’USFP estimait que toutes les concessions, dans leur noble acception, se faisaient dans le cadre des ajustements nécessaires et qu’elles ne signifiaient des concessions en faveur de l’adversaire politique mais foncièrement pour l’intérêt général compte tenu du fait que le gouvernement était formé d’un mélange d’orientations contradictoires et que nous nous trouvions en  face d’une étape assez critique, particulièrement avec la pandémie du Corona qui a dévoilé un certain nombre de disfonctionnements structuraux et a montré qu’en situation de crises majeures, le besoin se ressent  davantage d’un Etat fort et d’une grande solidarité sociétale, de mettre en somme l’intérêt national au-dessus de toute considération.

4/ Quels enjeux politiques et quelle alternance plus opportune pour notre pays ?
L’USFP considère que les enjeux politiques nécessitent d’évoquer toutes les  conditions subjectives mais aussi objectives pour qu’au final, chaque enjeu soit couvert de la crédibilité requise comme objectif digne d’être réalisé. A cet égard, la dernière décennie a démontré la justesse et la pertinence de nos prises de position fondées sur notre stature au milieu du champ politique et partisan.

Nous pariions sur des institutions solides après l’émission de la Constitution de 2011 que nous estimions une constitution avancée qui répond à la majeure partie de nos aspirations.
Néanmoins, les événements successifs ont prouvé que la vie politique menée par un parti conservateur au moyen d’une constitution avancée, ne peut qu’engendrer une récession eu égard à l’incapacité de rehausser l’action politique au niveau de cette constitution. Et ce fut un constat naturel au vu de l’impact du contexte international général marqué par la montée des forces de droite et conservatrices. Et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés confrontés à un contrat constitutionnel avancé dont l’application était confiée à un gouvernement conservateur, consolidé par une alliance hétérogène.

Dès lors, nous avons rallié les rangs de l’opposition après une participation qui a duré près de 13 années. Et ce choix de l’opposition n’a été que la résultante d’une analyse approfondie de la conjoncture que traversait le pays qui avait, à cet effet, grand besoin d’un nouvel équilibre. En fait, les conditions difficiles occasionnées par la tentative d’imposer une bipolarisation regroupant une partie exploitant la religion et une autre faisant recours à l’argent, qui se sont  acharnées à serrer l’étau autour des projets partisans sérieux. Alors, par le biais de notre action au sein de l’opposition parlementaire et effective et notre performance quant à renouveler notre organisation partisane, nous sommes parvenus à assurer la présidence de la Chambre des représentants, de même que nous avons participé à la deuxième version du gouvernement post-Constitution 2011, le pays ayant vécu une période communément  dite «blocage» gouvernemental.

D’un autre côté, sur le plan électoral, l’enjeu consistait, d’ores et déjà, clairement à récupérer notre stature. Notre défi politique est devenu par conséquent de reprendre le droit à l’initiative par nos propres moyens et de définir nos positions en nous en inspirant. Nous avons ainsi tranché par de nombreuses prises de position et n’avons pas hésité à nous ranger dans l’opposition, cela ancrant pleinement l’indépendance de l’USFP, avec notre totale disposition à assumer la responsabilité d’une éventuelle participation. C’est, en fait,  une équation qui nous exige d’être à la hauteur de ce double défi : pratiquer l’opposition et être apte à la participation à n’importe quel moment. Or si les conditions d’une réelle opposition parlementaire ne sont pas favorables du fait de la  «domination» de la majorité numérique, cela motivera suffisamment la pratique d’une opposition sociétale effective.

Ce qui s’est passé lors des échéances de 2021, c’est un coup assené au principe du pluralisme, condition capitale de l’existence de la démocratie car il s’en suivit des tentatives d’en limiter et réduire la teneur, tentatives qui ne peuvent que négativement impacter le développement démocratique.

Il est à rappeler, à ce propos, que notre pays a connu plusieurs tentatives de canalisation du pouvoir à l’envers de l’opposition, entamées au début des années soixante par la création d’un front pour affronter les forces démocratiques nationales (FDIC) poursuivies par l’usage du statut d’«indépendants» contre ceux ayant une étiquette partisane et par la suite la formation de partis en vertu de décisions administratives, disposant par le seul fait de cette création formelle d’une force à même de leur permettre de diriger le gouvernement et enfin débouchant sur la confection d’une  alliance qui ne tient pas compte des mutations politiques naturelles de notre pays.

Désormais, l’objectif optimal, dont la réalisation requiert la mobilisation de l’ensemble des Ittihadies et Ittihadis, c’est la lutte contre ce qu’on appelle communément «l’incursion» gouvernemental qui n’est autre que la domination du pouvoir et de l’argent, et c’est aussi l’attachement à l’alternance démocratique issue des urnes conformément à ce qu’à qualifié le discours Royal du 9 octobre 2021, de «l’alternance naturelle autour de la gestion des affaires publiques» et c’est l’alternance que nous avons estimé être le moteur principal de la démocratie et le catalyseur de l’action politique et sociétale. Ainsi, si «cette alternance» a engendré, jusqu’à maintenant l’avènement de deux gouvernements conservateurs qui canalisent le pouvoir par une majorité numérique subjective dont l’une a émergé du fait d’élections marquées par la reproduction des pratiques passées s’appuyant sur les lobbies d’intérêt et les relations de népotisme et de clientélisme, l’enjeu qui se pose désormais, doit se focaliser sur une alternance dirigée par notre parti qui soit une alternative au courant conservateur et au courant libéral en place en se déployant à assainir le processus électoral. Cela nous exige d’intensifier notre action dans le but de réaliser l’alternance démocratique à laquelle nous aspirons.

En outre, l’aboutissement à cet objectif est liée à un enjeu d’une tout autre nature qui consiste en l’élargissement du domaine de la participation politique car la gestion des affaires publiques ne devrait pas confiner notre réflexion dans les institutions élues nationales mais concerner aussi et essentiellement l’élargissement de l’assiette de la participation au niveau territorial. C’est que les collectivités territoriales, toutes dimensions confondues, constituent la base de la démocratie locale, capable de produire les nouvelles élites et regagner la confiance dans l’action institutionnelle et la politique de proximité et ainsi tout recul de cette contribution constitue en même temps une réduction de la participation politique nationale et l’absence de toute vocation à la participation.

L’USFP n’a cessé d’alerter sur la nécessité de se focaliser sur la question du défi de l’élargissement de la participation politique et estime que ce qui s’est passé à l’issue des échéances de 2021 en termes d’alliances s’étant monopolisé la direction des collectivités territoriales, des chambres professionnelles et des conseils du parlement, est le symptôme d’une déviation dangereuse qui entreprend d’asseoir les fondements de la transformation de la centralité de l’Etat incursif anéantissant les espérances et les aspirations des Marocaines et Marocains à un Etat démocratique fondé sur le pluralisme politique.

Quelle gestion du pays à l’ombre de la pandémie du corona ?
L’USFP suit avec un grand intérêt la situation que vit la communauté internationale du fait de la propagation de la pandémie du Covid-19 et les efforts déployés par notre pays, exceptionnels par ailleurs, comparativement à la quasi totalité des pays du monde, dans le but d’endiguer l’épidémie et circonscrire son extension. Et en dépit des divergences politiques occasionnées par les différences d’évaluation de la conjoncture d’avant la survenue de la pandémie, la situation a aussitôt connu un autre tournant positif illustré par la reprise de la totalité des Marocaines et Marocains des valeurs de solidarité et d’entraide, fondements de l’accord général autour de la volonté de mettre en place les bases d’une société solidaire.

Encore une fois, le peuple marocain a prouvé sa capacité de souder ses rangs et d’affronter les difficultés qui surviennent, s’entêtant dans sa volonté de mener une vie commune, partagée. Il a également démontré son attachement enraciné au régime monarchique comme étant le pilier central qui garantit la pérennité d’une nation inébranlable et indestructible, prémunie contre toute tentative d’anéantissement des constantes constitutionnelles étroitement imbriquées et fortement ancrées, qui demeureront liées à la faveur de la monarchie constitutionnelle autour de laquelle est rassemblée l’unanimité du peuple marocain.

Ainsi, dès les débuts de la propagation de l’épidémie du corona, la monarchie du Maroc a consacré plus que jamais son cachet social. En effet, les initiatives Royales ont largement contribué à prémunir notre pays contre les répercussions désastreuses imprévues, et ce à travers les instructions et la supervision directe sur toutes les actions entreprises que d’aucuns parmi plusieurs pays hésitaient encore à entreprendre. Ces initiatives ont conduit au rassemblement du peuple marocain, érigé dès lors comme modèle à l’échelon mondial et ainsi comme une source de fierté pour notre pays.

En outre, dans le contexte de ces circonstances imposées par les urgences sanitaires, le pays a été marqué parallèlement par un débat institutionnel et public autour de deux sujets principaux, à savoir la démarche à mettre en œuvre quant à la conduite à tenir en vue d’endiguer l’épidémie à l’horizon de l’éradiquer définitivement et la tentative de prospecter les perspectives de l’étape suivante. Et de ce débat, ont émergé de nombreuses conceptions longtemps défendues par notre parti voire constituant l’essence de sa distinction, particulièrement le traitement des répercussions sociales qui impactent les catégories fragiles et vulnérables à revenu limité.

Tant de défis qui appellent des réponses
Le point de départ de nos diverses prises de position a été que la pandémie du Corona n’est pas un phénomène éphémère aisément contournable et nécessite, par conséquent, la prise en compte que sa destinée ne dépend pas exclusivement de nous en tant qu’Etat mais de l’ensemble de la communauté internationale, que l’on ne peut prévenir l’évolution de la situation, ni les délais de sa circulation et que ce dont nous sommes sûrs, c’est que les répercussions en seront négatives et désastreuses sur l’économie internationale de même qu’elles accentueront l’intensité de leur impact interne.

De ce fait, la classe politique, toutes tendances confondues, est appelée à répondre aux nombreuses interrogations posées quant à l’étape post-pandémie du Corona, si toute fois celle-ci n’est plus, car la communauté internationale sera traversée par de grandes mutations du fait des révisions auxquelles vont procéder divers pays au niveau de leurs politiques intérieures, auquel cas notre pays sera astreint d’adapter les différents styles de gestion de manière à servir les intérêts nationaux.

Le Premier secrétaire de notre parti a pris une initiative considérable au cours des premières étapes de l’extension de la pandémie en présentant une plateforme d’orientation pour l’encadrement du débat ittihadi autour de la gestion de la situation dans ce contexte épidémique, plate-forme consistant à définir les perspectives d’avenir et les lier au NMD qui était encore en cours d’élaboration. D’ailleurs, la succession des événements a démontré la justesse de la teneur indéniable de cette initiative, l’inexactitude des appréciations de ceux qui avançaient le caractère éphémère de cette conjoncture étant clairement avérée.

C’est pour tout cela que l’USFP demeurera prudent et vigilant quant à ce qu’il pourrait advenir de tout relâchement en matière d’endiguement de la pandémie et de ses répercussions sur les diverses catégories sociales. En outre, le parti estime que l’effort national n’aurait pas eu lieu sans l’orientation et la supervision Royales directes.
 
Quels enjeux économiques devant le NMD?
L’USFP s’est toujours prévalu de sa conception économique pertinente, fondée sur l’analyse profonde de la conjoncture de notre pays qui a abouti aux conclusions adoptées lors du 10ème Congrès national. Notre vision, assujettie à la réussite du système de la protection sociale, est tributaire de la réussite du modèle de développement qu’il faudrait adopter. Et  nous avons averti, à maintes reprises, que ce modèle de développement nécessitait des réformes structurelles compte tenu de son inefficience. Nous avons même posé une importante question au sujet de ses défaillances et si ces dernières étaient occasionnées par sa mauvaise gestion. De même que nous avons appelé dans notre résolution d’orientation lors du 10ème Congrès à l’instauration d’un modèle cohérent, intégré basé sur la solidarité sociale, la justice territoriale, la structuration rationnelle et l’attractivité de l’investissement.

Les faits survenus par la suite ont prouvé la justesse de notre jugement, Sa Majesté le Roi ayant appelé à la recherche d’un «Nouveau modèle de développement». Et c’est l’entreprise à laquelle nous avons contribué en nous appuyant sur nos cadres, nos documents et les écrits de notre formation. Il suffit à cet égard de se référer à notre programme électoral pour les échéances de 2016 et de 2021 qui renferme tous les détails relatifs à l’ensemble des secteurs économiques et financiers et à notre contribution devant la commission du NMD.

L’USFP, dans ce même ordre d’idées, restera toujours attaché au modèle qui traite des grands disfonctionnements et qui puise sa force dans les principes majeurs de la social-démocratie, fondés sur l’incitation de la cadence économique compétitive, l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyennes et citoyens et le renforcement de la tendance régionale.


Ce sont des objectifs que l’on ne pourrait atteindre que dans le cadre d’un contrat économique à portée sociale et avec une nouvelle génération de réformes de toutes les politiques publiques en cours.

Quelle opposition l’USFP exercera-t-il? 
 L'USFP, fort de sa riche expérience au sein de l'opposition, à la tête du gouvernement et de sa participation à des coalitions gouvernementales (il a en fait dirigé deux gouvernements, en a participé à trois et était dans l’opposition 14 fois), considère –à l’instar de tous les partis démocratiques- que sa nature, sa mission et sa vocation sont principalement l'opposition et que la participation est l’exception. La raison d’être d’un parti réside dans la direction du gouvernement, ou la participation aux gouvernements sur la base d’engagements clairs et de programmes communs. Et si le verdict des urnes lui est défavorable, alors il siège dans l'opposition et travaille pour gagner la confiance des électrices et des électeurs lors de prochaines échéances.

Notre parti a pratiqué toute sorte d'opposition, tout en sachant que l’opposition ne doit pas être considérée comme une recette toute faite pouvant être adoptée à tout moment, mais plutôt comme une série de positions qui changent selon les circonstances politiques.

L'opposition ittihadie a été exercée pendant longtemps en dehors du Parlement et a eu une très forte influence sur le champ politique, mais notre expérience dans l’opposition à l’action gouvernementale est de fraîche date. La différence entre les deux types d'opposition réside dans le fait que l'USFP s'appuyait sur sa propre vision pour l’édification d'un nouveau Maroc après l'indépendance, face à d'autres visions qui étaient favorables à la perpétuation de l'héritage colonial. Notre parti a misé sur l'option démocratique, qui n'était pas une priorité pour l'Etat, et donc la nature de l'opposition tout au long de cette période a été sensiblement différente car on ne s’oppose plus au régime mais plutôt aux politiques mises en oeuvre,  surtout après le Congrès extraordinaire de 1975. Le Groupe parlementaire a joué un rôle central dans l'exercice de cette opposition.

L'USFP considère que la nature de l'opposition qu'il entreprendra doit être fondée sur l’idée qu'il n'y a pas de théories et de référentiels sérieux dont on peut s'inspirer pour décrire les types et les méthodes de l'opposition, et que toutes les expressions telles qu’une opposition farouche ou molle, ou le soutien critique, n’ont aucun sens.

A cet égard, lors de notre opposition au gouvernement constitué après l’adoption de la Constitution de 2011, nous nous sommes concentrés sur la défense des acquis du gouvernement de l’Alternance consensuelle et sur l'opposition à toute initiative susceptible de ramener le pays en arrière. Quant à l'opposition que notre Groupe socialiste doit mener au Parlement, elle est la même que celle pratiquée dans les différents régimes démocratiques, c'est-à-dire une opposition qui exerce un certain nombre de fonctions dérivées du droit constitutionnel et du référentiel politique, et pouvant se résumer comme suit :

° L'opposition doit constituer un contre-pouvoir soucieux d'empêcher, via les mécanismes disponibles au sein de l'institution parlementaire, la majorité au pouvoir d'adopter une politique violant les droits et libertés ;
° Trouver des alternatives aux politiques publiques du gouvernement, d'une manière qui renforce le principe du pluralisme politique, qui permet aux citoyennes et citoyens de choisir les programmes et projets qui leur sont présentés ;
° Défendre les intérêts de ses électeurs et les revendications légitimes des citoyennes et des citoyens ;
° Contribuer à l'amélioration des textes législatifs, et au contrôle de l’action du gouvernement et de la prestation de l'administration ;
° Contribuer à rehausser la qualité du débat parlementaire, à défendre la légitimité et à renforcer la transparence ;
° Contribuer à la diplomatie parlementaire et défendre les intérêts supérieurs de la Nation.

Dans tout cela, l'opposition doit  tenir à exercer ses droits parlementaires comprenant les droits procéduraux comme le droit à l'information, à la représentation et à la participation, le droit d’expression, de vote et de proposition de lois, et le droit au contrôle du pouvoir exécutif, avec tout ce que cela exige d’accorder à l'opposition comme moyens pour s'acquitter de ses fonctions constitutionnelles conformément au principe d'équité et non selon une logique numérique.

Réaliser ces objectifs permettra de redorer le blason de l'opposition au sein des deux Chambres du Parlement, ce qui représente une tâche colossale, face à l'imaginaire populaire, qui garde toujours dans son esprit cette forte opposition ittihadie, appuyée par un mouvement populaire comme le meilleur modèle d'opposition parlementaire, et il est devenu nécessaire pour nous, en raison du changement des conditions, de se baser sur la connaissance, l’expertise et la formation dans les affaires parlementaires, tout en veillant à ce que les parlementaires gardent contact avec  leurs circonscriptions.

En dehors de l'institution parlementaire, l'essence de l'opposition ittihadie à l'heure actuelle devrait œuvrer à transformer le champ de « conflit » en un champ d'opposition aux tendances libérales sauvages, ce qui nécessite de nombreux plans d'action visant à encadrer la société, et le renforcement des liens avec notre organisation syndicale, les associations de la société civile et les organisations non gouvernementales, notamment celles dans lesquelles nous avons des positions distinguées (en matière de droits humains et de femmes); et nécessite également de nouer de nouvelles alliances.

Pour tout cela, on peut dire que l'USFP a offert au peuple marocain un parti d'opposition de gauche démocratique et patriotique, et un modèle distingué et sui generis dans le monde arabe, qui a contribué, via son opposition responsable, à la stabilité du pays et au soutien de son intégrité territoriale.


Quelles sont les alliances partisanes/parlementaires possibles ?
 L'USFP a exercé toutes les formes possibles d'alliance. Au début, il est question d’alliances nouées en fonction de notre positionnement dans l'opposition avant la fin des années 90 du siècle dernier, c’est-à-dire que nos alliances étaient nouées essentiellement avec ceux qui étaient dans la même position que la nôtre. Cela s'est fait pendant longtemps avec le Parti de l’Istiqlal jusqu'à la création de la Koutla nationale.

Cependant, le changement de positionnement de l'autre parti, de temps en temps, nous a poussé à compter sur nous-mêmes pour jouer le rôle de l'opposition dans le cadre des orientations de gauche. Puis vint l'étape de la constitution de la Koutla démocratique en tant que cadre d'action collectif. Et malgré la poursuite du travail en son sein pendant longtemps, nous avons toujours continué à appeler à l'unité de la gauche.

En conséquence, nous avons commencé à perdre notre « identité » qui n'apparaît que dans un cadre plus large d'alliances, ce qui nous a fait manquer l'occasion d’affirmer notre identité et de la consolider au sein du champ partisan, en toute indépendance de toute alliance ou coalition plus large. Nous avons donc travaillé à préserver notre identité et à prendre nos positions loin de toute alliance.

Mais avec le gouvernement conservateur constitué après l’adoption de la Constitution de 2011, nous nous sommes retrouvés dans l'opposition, aux côtés d'organisations partisanes réunissant un mélange de libéraux, de modernistes et de conservateurs dans une scène «brumeuse», où l'alliance ne reposait que sur le positionnement dans le gouvernement ou dans l'opposition. Cette confusion n’a pas été dissipée malgré notre participation ultérieure au gouvernement.

Avec les résultats des échéances électorales de 2021 et la formation d'une nouvelle majorité, il nous est devenu impératif de revoir de fond en comble les cercles de nos alliances, selon qu'il s'agisse de l'opposition parlementaire ou de l'opposition de terrain. C'est un processus dont le parti contrôle une partie sans en pouvoir contrôler d'autres. La coalition au sein des deux Chambres du Parlement devrait tenir compte du fait que l'ensemble de l'opposition ne peut même pas exercer les pouvoirs constitutionnels normaux du fait qu'elle ne compte que moins d'un tiers des membres, et que la différence de référentiels entre les groupes et groupements parlementaires dans les deux Chambres peut entraver toute coalition efficace. D’où l’importance pour l'USFP de nouer des alliances de terrain.

Les alliances de terrain que nous devrions adopter devraient être fondées sur des positions à l’égard des politiques gouvernementales qui pourraient affecter négativement les catégories sociales les plus vulnérables, nécessiteuses et pauvres d'une part, ainsi que les acquis de la classe moyenne touchée de plein de fouet par lesdites politiques depuis 2011 d'autre part. En outre, ces alliances doivent être à l’écoute des revendications des mouvements de protestation au sein de la société, et doivent exprimer une opinion claire à ce propos.

L'alliance de terrain doit être synonyme d'opposition de terrain, et ce dans tous les domaines des droits humains, économique, social, culturel et environnemental.

Certes nous pourrons avoir des difficultés à cristalliser ces alliances au niveau partisan, compte tenu de la fragmentation et de la faiblesse de la gauche, et en raison de la nature des organisations politiques qui se positionnent avec nous dans l'opposition, mais les organisations sociétales sont plus larges que les organisations partisanes, et nous, dans les organisations syndicales, les associations de la société civile et les organisations non gouvernementales, avons un large espace pour nouer des alliances d'une autre nature.

*Document traduit par Libération
Lire la suite Axe II : Quelle évolution de nos positions sur les grands enjeux de notre pays ?
Tant de défis qui appellent des réponses


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