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Sur l'ancien campus de Kais Saied, on se réjouit d'une révolution des urnes en Tunisie


Vendredi 20 Septembre 2019

A la Faculté de sciences politiques où il enseignait à Tunis, nombre d'étudiants se disent conquis par Kais Saied, qualifié au terme du premier tour de la présidentielle, et défendent bec et ongles l'image de ce juriste austère taxé de conservatisme.
"De nombreux jeunes ont voté" pour Kais Saied "parce qu'ils voulaient se révolter contre le système", estime Balkhis, 19 ans, une étudiante de cette faculté où M. Saied a enseigné le droit constitutionnel avant de se lancer dans la course à la présidentielle sans parti ni structure.
Huit ans après la révolution lancée par les jeunes qui chassa du pouvoir Zine El Abidine Ben Ali, M. Saied, 61 ans, est arrivé en tête du premier tour du scrutin dimanche, avec 18,4%.
Chez les 18-25 ans, il a engrangé plus de 37% des voix, selon un sondage de l'Institut Sigma Conseil.
Sa victoire au premier tour est une "révolution des urnes", affirme Balkis, qui admet toutefois ne pas lui avoir donné sa voix. Sans douter de son "intégrité" et de "sa modestie", elle "ne voyait pas en lui un homme d'Etat".
"Bien sûr que j'ai voté pour lui. C'est le meilleur des candidats, respectueux et surtout très honnête!", assure en revanche Ghofrane Béjaoui, une autre étudiante âgée de 20 ans.
M. Saied a "une très bonne réputation dans cette faculté", renchérit Sana Ben Nomane, professeure en droit public et ex-collègue de M. Saied. "Tu n'entends que du bien sur lui".
Derrière son apparence guindée et sévère, celui que l'on surnomme "Robocop", en raison de son attitude et sa diction rigides, est décrit par ses anciens élèves et collègues comme un enseignant attentionné, qui n'hésitait pas à apporter soutien et écoute à ses étudiants.
Comme de nombreux jeunes, Ibtihel Kahla, 20 ans, s'est abstenue au premier tour d'une présidentielle qui n'a mobilisé que 49% de l'électorat, selon l'Instance électorale (Isie).
Mais, surprise par cette victoire, elle compte "ne pas rater le prochain rendez-vous et voter pour Kais Saied" au second tour, lance-t-elle.
"Les jeunes ont le droit d'exclure l'ancien système et de chercher une nouvelle alternative", affirme Mourad, un autre étudiant.
Pour les électeurs qui se sont déplacés dimanche, le taux de chômage élevé, l'inflation qui grignote des revenus déjà bas et le délitement des services publics ont contribué au vote en faveur de deux outsiders, au détriment des candidats du "système".
L'adversaire de M. Saied, Nabil Karoui, un publicitaire et magnat controversé des médias poursuivi pour blanchiment d'argent et fraude fiscale, a été incarcéré fin août et fait jusque-là campagne derrière les barreaux.
Certains observateurs s'attendent à une hausse du nombre d'électeurs en faveur de M. Saied parmi les jeunes au second tour, programmé en octobre.
Signe de la force de frappe des jeunes partisans de M. Saied, ils ont lancé mardi une campagne de boycott sur les réseaux sociaux contre El Hiwar Ettounsi, une chaîne de télévision à laquelle ils reprochent de dénigrer leur candidat.
"Il y a actuellement une campagne visant à porter atteinte à cet homme" en l'accusant "d'être un salafiste, un intégriste, ce qui est totalement faux", explique un fonctionnaire administratif d'une autre faculté de Tunis sous couvert d'anonymat.
Résultat: un désabonnement en masse de la page Facebook de la chaîne --près d'un million d'abonnés perdus en une journée, selon les médias tunisiens.
"Un grand bravo à l'équipe digitale de Kais Saied", a admis le patron de la chaîne Sami Fehri, selon un message publié sur la page d’El Hiwar Ettounsi. "Bravo, vous nous avez massacrés sur Facebook. Vous êtes vraiment forts".
Moness Bkara, une autre ancienne étudiante de M. Saied, en est convaincue: "Ces tentatives pour le dévaloriser ne feront qu'augmenter ses chances pour le 2e tour. Il sera le futur président de la Tunisie et j'en suis vraiment fière".


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