Résidence Bab Doukkala à Essaouira : Criminalité, anarchie et comportements inciviques

Abdelkebir Namir en intellectuel et féru de patrimoines architectural, environnemental et culturel de Mogador, a contacté «Libé » pour dresser un constat des plus alarmants de tout un cadre de vie que défigurent des comportements inciviques.
 Il est l'un des habitants de la résidence Bab Doukkala, projet immobilier réalisé par  Al Omrane depuis quelques années, qui n'ont cessé de dénoncer les pratiques illégales, criminelles et immorales perpétrées au quotidien devant leurs portes au vu et au su des autorités locales et des élus.
«Ce que les gens ne savent pas, c'est que l'architecte qui a «créé» ce monument a voulu en faire la synthèse de l'architecture traditionnelle de la médina d'Essaouira … On y trouve les différentes formes d'arcades (praticable, inscrite, lobée…), les moucharabiehs, les symboles des trois religions monothéistes (voire de la franc-maçonnerie), les sabas, différents types de balcons, de fenêtres, de portes-fenêtres, etc. », précise Namir qui essaie de valoriser l'aspect architectural de cette résidence mise à mal au quotidien.
Effectivement, chaque Souiri peut facilement imaginer l'état catastrophique des passages et ruelles de cette résidence envahie  par des individus sans crépuscule, qui  y jettent leurs déchets, y consomment de l'alcool et de la drogue et agressent les commerçants.
« Je suis fréquemment agressé par des clochards et des délinquants. On est sans défense, les éléments de sécurité ne rentrent jamais dans la résidence pour rétablir l'ordre. La dernière fois que je les ai contactés, ils ont refusé de m'accompagner, mais m'ont conseillé de me munir d'un bâton pour me défendre en cas d'agression», nous a  déclaré le propriétaire d'un petit café qui venait d'être agressé en plein jour par un délinquant.
Les habitants et les commerçants ont peur et personne ne fait rien pour préserver leur droit au calme, à la sécurité et à la dignité. Personne ne fait rien pour protéger leurs propriétés contre les agressions quotidiennes qui se produisent à quelques mètres de la voiture des Forces auxiliaires pourtant garée devant la résidence. «Les touristes traversent la place et passent entre les immeubles de la résidence en bouchant leurs nez à cause de l'odeur nauséabonde des urines. Pire, certains occupent le domaine public et sont en train de transformer cette belle place en un champ de serres de tomates. On construit même en dur et sans permission, dans l’indifférence, le laisser-aller et la corruption. Les résidents ont fait l'effort d'ériger une porte grillagée qui leur a coûté 12000 DH, un locataire de café a cassé sa clé dans la serrure pour qu'elle ne se ferme plus …»,  poursuit Abdelkebir Namir non sans dénoncer le mutisme et la complicité des services compétents.
Les habitants réclament la valorisation de leur résidence afin de mieux la sauvegarder et la protéger des aléas. Dernièrement, ils ont décidé de créer une amicale de quartier,  tout en invitant  le groupe Al Omrane  à assumer ses responsabilités. Ils ont également suggéré à la délégation de la Culture l'activation  des recommandations de la journée du patrimoine tenue au musée il y a peu de temps.