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Quel bilan pour l'un des plus beaux sites historiques du monde un demi-siècle après ?

Fès consolide sa médina


Mouhcine abou Nada
Samedi 17 Janvier 2009

Quel bilan pour l'un des plus beaux sites historiques du monde un demi-siècle après ?
Plus d'un demi-siècle déjà depuis que la médina de Fès fut classée, en 1981 par l'Unesco, patrimoine universel. L'heure est donc au bilan de cette entreprise lancée aussi bien par les organismes gouvernementaux, les élus que par les institutions internationales et la société civile.
Considérée comme l'une des plus belles cités du globe, la médina de Fès attire donc l'attention, ce qui a incité l'Unesco à la proclamer en 1976 "trésor culturel de l'humanité" et en avril 1980, un appel à la solidarité internationale a été lancé en sa faveur par Amadou Mahtar M'Bow, alors directeur général de l'organisation. En juillet de la même année, le regretté Souverain SM Hassan II demande au gouvernement de considérer le projet de Fès comme une préoccupation prioritaire et lui accorder une attention particulière.
Depuis, la tâche entreprise à travers l'Agence pour la dédensification et la réhabilitation de la médina de Fès (ADER-Fès), créée en 1991, ne fut, comme l'avait souligné, en 1992, Fédérico Mayor, ancien directeur général de l'Unesco, pas une chose aisée puisque "la campagne de sauvegarde est génératrice d'un progrès qui prend racine dans la fierté du patrimoine revalorisé et qu'elle comporte indéniablement une dimension humaine moins visible certes, mais de loin la plus importante".
Bien évidemment, l'action humaine menée grâce aux fonds de l'Etat et aux prêts de financement octroyés par des bailleurs de fonds internationaux, notamment la Banque mondiale, le FADES ainsi que des mécènes privés nationaux en faveur de la sauvegarde de la médina, ne fut ni facile ni visible de prime abord.
Même si des résultats probants existent aujourd'hui, l'action de restauration d'une cité fondée par Idriss II, qui abrite quelque 14.000 bâtisses dont près de 1.601 à caractère historique, a souvent prêté à des polémiques.
Aujourd'hui, 27 ans se sont écoulés durant lesquels les opérateurs impliqués, les professionnels du métier ont mis tant d'efforts dans cette oeuvre grandiose luttant notamment contre le surpeuplement de la médina (150.000 habitants) et ses conséquences néfastes, son habitat dégradé et menaçant ruine et ses activités artisanales polluantes.
Le but de cet immense chantier est de préserver l'héritage patrimonial tout en contribuant à son développement socio-économique en tant qu'entité urbaine vivante et animée afin de le léguer aux générations futures. Depuis 1989, une enveloppe budgétaire de l'ordre de près 729 millions de dh a été engagé pour la réhabilitation de la médina de Fès à travers des actions concernant l'habitat, les infrastructures et les équipements, l'artisanat et le renforcement des capacités.
S'agissant de l'infrastructure et de l'équipement (369,82MDH), ils ont concerné restauration du réseau d'eau traditionnel , l'accès à Bin Lamdoun et oued Zhoune, la voirie d'urgence, la circulation, l'aménagement de la place et le complexe commercial de Boujloud, ainsi que du complexe sportif scolaire Batha, la réhabilitation des écoles, le pavage des rues, la restructuration du réseau d'assainissement et la couverture d'oued Chracher.
Ces actions visent à décongestionner les quartiers de la médina, assurer l'accessibilité des services publics d'urgence et rehausser les niveau des équipements publics avec l'objectif de l'appropriation par la population des espaces aménagés.
Concernant le tourisme et l'amélioration du paysage urbain (54,99 MDH), l'intérêt s'est porté sur l'amélioration du paysage urbain et des façades, la réhabilitation du triangle historique Quaraouiyine-MoulayDriss-Sidi Ahmed Tijani, l'aménagement des circuits touristiques et des espaces verts, ainsi que le réaménagement de maisons dans le cadre du projet « Tourisme chez l'habitant ».
L'objectif consiste à améliorer l'attractivité touristique du tissu historique dans la perspective de l'augmentation sensible du nombre de visiteurs et touristes, la répartition des flux de touristes sur l'ensemble de la médina et la reconversion progressive vers le commerce d'artisanat.
Pour l'artisanat et le renforcement des capacités (87,29 MDH), ils concernent le transfert des activités polluantes au profit des dinandiers à Ain Nokbi,  ainsi que des activités au profit des potiers et zellijeurs à Benjellij, ainsi que des actions visant le développement de l'artisanat et la lutte contre la pollution, ainsi que la mise en place d'une stratégie d'accompagnement des artisans et d'incitation au transfert. La restauration des monuments à travers la sauvegarde et la valorisation de la richesse patrimoniale et l'encouragement d'une gestion dynamique des sites restaurés figurent aussi parmi les actions réalisées. Parmi les projets en cours figurent l'aménagement d'Oued Jawahir actuellement en état de dégradation avancée, et qui restituera à Fès une de ses principales caractéristiques liées à l'eau.
Selon Fouad Serghini, directeur de l'Agence de dédensification et de sauvegarde (ADER) de Fès, ces travaux d'aménagement, dont le coût s'élève à 29 millions de dh, seront lancés prochainement dans le but d'éliminer les nuisances environnementales des eaux polluées et de renforcer les capacités économiques de la médina.
Le montant total des projets en cours de réalisation s'élève à 2040,19 millions de dh concernant l'habitat, les infrastructures, le tourisme, l'artisanat, les équipements socio-éducatifs et la restauration des monuments et qui s'inscrivent dans le cadre d'une nouvelle stratégie visant à préserver ce patrimoine pour le bien des générations futures.
Il s'agit aussi d'améliorer les conditions de vie des habitants de la médina, dont 35% vivent sous le seuil de la pauvreté, de procéder à la réhabilitation des monuments et d'éliminer les dangers qui menacent la vie des populations, en procédant notamment à la restauration des maisons menaçant ruine.
En dépit des efforts tous azimuts, les responsables de la ville considèrent la dégradation des bâtisses dans la médina comme un dossier épineux qui implique une mobilisation pour la sauvegarde de ce magma historique, qui vient de célébrer son 1200ème anniversaire.
Le projet d'éradication de l'habitat précaire, grande plaie de la médina, est pris en main pour trouver une solution à 1800 bâtisses touchées à travers des conventions impliquant des opérateurs public et privé.
La sauvegarde est l'affaire de tous; l'évaluation des résultats atteints à la lumière des objectifs tracés s'impose pour en tirer les enseignements pour les actions futures aussi bien en médina que dans les autres villes historiques du Royaume. 


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