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Quand le prêche joue son rôle : Le bon exemple nous vient de Béni Tadjit


Par Mohamed Lmoubariki
Mercredi 28 Août 2019

Mes amis et "followers" sur Facebook ont certainement constaté que je n'aborde quasiment jamais les sujets relevant de la pratique religieuse. Ce choix raisonné s'explique par mon intime conviction que la relation avec le divin, spirituelle ou codifiée par des principes révélés, doit rester dans l'intime, dans le privé.
Cependant, le prêche du vendredi 16 août 2019 auquel j'ai assisté dans une mosquée de quartier de Béni Tadjit fut tellement pertinent que j'ai décidé d'en faire le sujet de ce post.
L'imam de cette petite mosquée a judicieusement mis de côté les épopées des califes bien guidés et les contes frôlant l'immaginaire rapportés par les narrateurs du hadith pour parler d'un sujet concret et actuel avec des mots simples dits en arabe, en berbère et en darija. Il a, en ces jours d'après l'Aïd, mis l'accent sur les vertus du maintien des liens familiaux pour déboucher sur une évidence plus globale touchant à la solidarité humaine.
Il a, ainsi, rappelé que rendre visite à ses proches et échanger les invitations avec eux à l'occasion de chaque fête religieuse est une recommandation divine. Mais le message divin en la matière n'est qu'une impulsion, une invitation pour que cette pratique soit la règle en tout temps.
La parabole du "rahim" (la matrice) utilisée par l'imam fut pertinente. C'est là où tout commence. C'est le symbole de la vie en foisonnement, de la famille et par-delà la société en construction.
La compassion et l’intérêt que nous devons avoir pour nos proches se résument en Islam dans l'expression “Silat ar-rahim”. Elle est la bénédiction de la vie et la joie de la famille. Il s’agit également d’une épreuve, car préserver les liens de parenté demande de la patience, du pardon et de la continuité.
Ce lien d'amour renvoie, bien entendu, à la miséricorde qui puise son origine dans les mots latins misereri : avoir pitié et cor : coeur.
Cet attribut de l'Infiniment Miséricordieux incite à la sensibilité à la misère et à la souffrance d’autrui et à une bienveillance fondamentale vis-à-vis du prochain.
L'appel au maintien régulier des liens d'amour et de compassion dépasse le cercle familial pour concerner tous les êtres vivants et confirme, par ailleurs, le rôle principal de la religion qui est de relier les gens dans la paix et la solidarité.
Ceci devrait faire réfléchir les trop nombreux oiseaux de mauvais augure qui inondent les réseaux sociaux de messages haineux ou, du moins, clivants. Je suis profondément choqué et écoeuré de ces posts qui véhiculent des idées rappelant ceux des faucons américains qui tentent, depuis les années 90, de scinder le monde en deux axes : celui du mal et celui du bien.
La vérité est à l'évidence autrement différente et nettement plus nuancée. Personne ne peut prétendre détenir la vérité absolue, être sur l'unique voie du salut, en un mot se positionner comme le promis au paradis éternel.
La miséricorde est finalement une invitation à grandir ensemble dans le respect des différences.
Saint Thomas d'Aquin affirme, avec des mots justes, que la miséricorde est la compassion pour toutes les formes de souffrances... c’est le cœur qui s’ouvre devant la misère du prochain. Ce cœur sensible à la misère, pas seulement matérielle, ne se réduit pas à des sentiments, à de l’émotion. Il est une attitude de toute personne, un engagement de la volonté, une disposition de l’âme et une manière d’agir. Il pousse à vouloir faire cesser la misère du prochain comme on le ferait pour la sienne.
La rahma est, donc, une posture d'espérance, un engagement individuel pour un mieux vivre collectif.


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