Si pour nombre d’observateurs, la variable la plus importante de ce scrutin n’est autre que le taux d’abstention qui y a été enregistré, les leçons à en tirer ne peuvent s’arrêter à ce seul point qui est, certes, important, mais pas capital pour la suite des évènements.
Que le citoyen ait porté un choix libre et conscient sur ceux qui sont appelés à gérer les affaires publiques en son nom, cette règle d'or de toute démocratie fait de la votation un test à l'aune duquel les experts jaugent la citoyenneté. En effet, c'est par celle-ci que s’expriment le sens du devoir et des responsabilités ainsi que la volonté de s'impliquer activement et efficacement dans la vie politique.
Plus que la jouissance de certaines libertés telles que la libre circulation des biens, du capital, des services et des personnes, la compréhension profonde de la démocratie implique, en effet, l'exercice de la liberté civile, et la protection de valeurs communes telles que l'Etat de droit et les droits de l'Homme. Lesquelles valeurs ne peuvent se développer et s’épanouir que si elles trouvent un terreau fertile au niveau de la vie locale et de ses incontournables institutions que sont les communes et autres arrondissements. Des structures basées sur l'autonomie, la coopération, la subsidiarité et la participation et qui devraient non seulement inscrire leur action au service du développement socio-économique, mais être aussi l’expression la plus achevée d’un Maroc pluriel, tolérant et dont les citoyens sont unis par des valeurs communes et liés par une histoire glorieuse et une citoyenneté effective.
Il est donc grand temps d’initier un débat à ce propos qui soit intelligible pour le commun des mortels, au lieu de rester cantonné aux ineffables locutions de la langue de bois et aux vœux pieux. Tous les acteurs concernés, partis, gouvernement, institutions, ONG, etc. doivent, à cet égard, contribuer, de manière responsable, à l'émergence d'une véritable démocratie locale. Faute de quoi, il sera inutile de regretter l'indifférence, la méfiance, voire le rejet de la praxis politique par les citoyens.