Et si on instaurait des cours d’éducation sexuelle dans les établissements scolaires ? Une idée si chère aux organismes internationaux et à la société civile qui, chiffres à l’appui, n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme face à l’augmentation des cas de maladies sexuellement transmissibles, notamment le sida et la grossesse de adolescentes.
Pourtant l’idée est encore mal perçue. Juste des initiatives timides entreprises à travers des partenariats que l’Etat établit avec tel ou tel organisme pour sensibiliser les étudiants aux règles d’hygiène et à l’importance de l’éducation à la santé reproductive. Juste une goutte d’eau dans l’océan. La santé reproductive est liée directement à la sexualité. Cette dernière, occultée par les tabous et les non-dits, obéit aux normes et aux valeurs culturelles.
De ce fait, l’éducation des enfants passe souvent sous silence les questions se rapportant à la sexualité. Une réalité à déplorer vu que la puberté est précoce et que le mariage est de plus en plus tardif.
Il en résulte une prolongation de la période de célibat pendant laquelle, les jeunes acquièrent une certaine maturité qui les expose à l’activité sexuelle avant le mariage, souvent à risques, face à la pandémie du sida et aux autres infections sexuellement transmissibles (IST), alors qu’ils semblent manquer de services information-éducation-communication (IEC) appropriés à leur âge, à leurs capacités, leurs situations et leurs besoins, et ce en raison de la faiblesse de leur pouvoir d’action, des pesanteurs des traditions, de l’absence d’une éducation sexuelle et de l’inadéquation des services de santé proposés.
Face à ce manque d’information, les conséquences sont effarantes. Les conclusions d’une enquête de l’Unfpa (2012) en témoignent. L’une des réalités choquantes qu’elle a relevées fait état de la méconnaissance pour 85% des jeunes des infections sexuellement transmissibles. Ce pourcentage culmine d’ailleurs d’après l’étude, à 95,6% lorsqu’il s’agit de jeunes issus de milieux modestes.
L’enquête révèle aussi que 15% des jeunes (19% des garçons et 11% des filles) ne connaissent aucun moyen de contraception. Une aberration en plein 21ème siècle. Mais il est vrai que dans l’imaginaire collectif marocain, comme c’est le cas d’ailleurs dans bon nombre de sociétés, l’éducation sexuelle est souvent perçue comme un encouragement à la promiscuité et une incitation des jeunes à une activité sexuelle précoce.
Or, Onusida (1997) confirme, sur la base d’un certain nombre études, qu’il n’y a aucune évidence que cette éducation incite à une activité sexuelle précoce ou accentuée chez les jeunes. Elle conduit, bien au contraire, à des comportements responsables comme le retard de l’âge au premier rapport sexuel et l’utilisation des moyens de contraception.
Tous ces interdits cachent pourtant une tout autre réalité rapportée par l’enquête susmentionnée. Il paraîtrait ainsi que 12% des filles âgées de 15 à 24 ans ayant déjà une expérience sexuelle ont eu une grossesse non désirée. Ce qui ouvre le débat sur une problématique encore plus préoccupante, celle de la grossesse des mineures qui trouve ses origines ailleurs. Et pourtant on continue à adopter la politique de l’autruche.