Place à la diplomatie culinaire maroco-chinoise

Tournage à Tanger de l’émission «Chinese Restaurant»


Mourad Alami
Jeudi 29 Mai 2025

Place à la diplomatie culinaire maroco-chinoise
Pour éviter de se sentir seuls, comme il est le cas de quelques auteurs marocains, tel Abdelhamid Jmahri, « Dhahabna ilaa Assine wa rajaena mina almoustaqbal » (un bel ouvrage avec des émotions fortes, riches et variées ; un récit captivant, l’œuvre a réussi son pari), Tayeb Bayad, « Iktichaaf Assine. Rihhlat Maghribi ilaa ardh attannine » (des descriptions précises, parfois trop précises ; l’exactitude des faits l’emporte sur l’imaginaire et la légèreté, toutefois, une offre à forte valeur ajoutée ; nouvelles perspectives et approche pleine de bon sens), et Fathallah Oualalou, « La Chine et nous : Répondre au second déplacement » (ouvrage plus ou moins scientifique, objectif, tout en reposant sur des faits et données), un groupe de jeunes chinois ont quitté leur zone de confort afin d’aller à la rencontre de ces 3 auteurs dans le but de célébrer ensemble les « Jiaozi », « Baozi » et la  « Hot Pot » (Fondue Chinoise), « Tajines », « Couscous » et « Bessttila », tout en servant des clients locaux et internationaux à Tanger lors de l’émission emblématique « Chinese Restaurant »; et pas seulement cela, mais aussi faire les courses, accueillir les clients, décorer les tables, placer les couverts dans l’ordre d’utilisation, concevoir les menus, donner des conseils, prendre les commandes, facturer, encaisser l’argent, nettoyer les tables après le départ des clients, laver la vaisselle et faire le grand ménage.

Si on connaît un peu les coutumes chinoises, ce n'est pas surprenant ; même les présidents des universités chinoises et leurs staffs nettoient assez souvent les tables des bibliothèques avant le début de chaque semestre. Et les étudiants sont chargés de porter des balais et des pelles à poussière pour tenir le campus propre. Même lorsque les étudiants s'inscrivent à un événement, conférence ou forum d’envergure nationale ou internationale, manifestations culturelles ou sportives, ils ne reçoivent pas d'argent, mais un prix honorifique sous forme de certificat. « Être au service de la communauté » signifie œuvrer activement au bien-être d'autrui et contribuer à la cohésion sociale.

L’esprit de communauté est particulièrement fort en Chine et constitue une composante considérable de la culture et de la société chinoises. Ce fort sentiment se traduit en premier lieu par l'importance accordée aux relations familiales et sociales. La famille passe avant tout, considérée ainsi comme la pierre angulaire de la société, et les liens entre les différentes générations sont très étroits, guidés par un respect inébranlable et une attention mutuelle.

Voyons de plus près la composition des stars chinoises de « Chinese Restaurant » de Tanger. Parmi elles, on trouve Huang Xiaoming, une célébrité incontestée du cinéma chinois, avec 60 millions de fans sur les réseaux sociaux ; Ding Yuxi, héros des séries romantiques ; Shen Yue, actrice et icône de la nouvelle génération chinoise, symbole d'une Chine ouverte sur le monde, tout en inspirant une génération de jeunes chinoises ; Zhai Xiaowen, acteur et chanteur, symbole de la jeunesse dorée de Chine ; Jiang Yan, grande spécialiste de l’humour, qualité essentielle qui enrichit le quotidien, le rend plus joyeux tout en créant un environnement positif ; Patrick Nattawat Finkler, acteur, chanteur et mannequin germano-thaïlandais qui a su s’imposer en Chine, même si la langue chinoise n’est pas sa langue maternelle; Lin Shuwei, appelé aussi Jack Lin, une sommité dans le monde de la cuisine chinoise. Et être classé parmi les 50 meilleurs chefs de Chine n’est pas seulement l’une des plus hautes distinctions, mais une sorte de modèle pour les générations futures de chefs ; là où la cuisine est un art, une religion. Sans oublier naturellement la jeune influenceuse marocaine Dina Ottmani qui sert de pièce charnière, de tampon entre le groupe chinois et la population locale, vu le grand écart entre la culture marocaine et la culture chinoise.

Manger en Chine ne se limite pas à satisfaire ses besoins les plus rudimentaires ; c’est un aspect fondamental de la cohésion sociale et du sentiment d’appartenance à ce grand pays. Selon la culture chinoise, partager un repas est signe de respect mutuel, de convivialité et d’harmonie, et il constitue ainsi un élément clé qui permet de renforcer les liens familiaux, amicaux et professionnels.

En Chine, l'harmonie est considérée comme le fondement de la coexistence sociale. Elle signifie une coexistence respectueuse, la faculté d’écouter attentivement et de respecter l’autre, tout en préservant une paix durable et une entente tacite au sein de la communauté. Cette harmonie est toujours axée sur la « voie du juste milieu » tout en évitant zizanie, des positions extrêmes et tout genre d’affrontement.

De nombreux plats ont une signification symbolique en Chine, notamment lors des fêtes. Par exemple, les Jiaozi (raviolis chinois) sont servis de préférence pendant le Nouvel An Chinois, tout en incarnant bonheur, prospérité et richesse, car ils ressemblent à l'ancienne monnaie chinoise. Les repas pris en compagnie sont des moments forts en Chine, célébrant ainsi l’esprit d’équipe, la communauté, tout en mettant en valeur une identité culturelle commune et un lien et contrat social, pérennisé dans le temps et l’espace.

L’une des dernières émissions « Chinese Restaurant », réalisée à Colmar, France, a connu presque 3 milliards de vues, et il est tout à fait raisonnable d'espérer que le tourisme marocain en bénéficie à long terme, d'autant plus que la jeunesse chinoise est très curieuse, ouverte aux cultures différentes et à des idées innovantes. La soif du savoir est ancrée dans la société chinoise, qui se traduit souvent par une mobilité accrue. Confucius oblige, qui a parcouru le vaste pays pendant 14 ans ; et tous ces voyages ont été une source d’inspiration qui ont nourri ses observations, ses récits, sa réflexion, son œuvre et ses préceptes. Comme l’a dit un de ces jours Ibn Battouta : « Voyager vous laisse d’abord sans voix, avant de vous transformer en conteur. »

Par Mourad Alami
Ancien universitaire au Maroc, Allemagne et Chine : Anhui, Chongqing et Hainan


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