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“On est vivants ”. Les footballeurs de Marioupol motivés à l'ouverture de la saison

La guerre a eu un effet dévastateur sur les clubs ukrainiens, surtout les plus petits d'entre eux, qui n 'ont pas beaucoup de trésorerie


Libé
Jeudi 25 Août 2022

“On est vivants ”. Les footballeurs de Marioupol motivés à l'ouverture de la saison
Avec le début de la saison de football en Ukraine mardi, malgré l'invasion russe qui se poursuit, les joueurs d'un club de Marioupol espèrent qu'ils pourront faire honneur à leur ville dévastée par les combats et sous occupation.

Le FSC Marioupol s'échauffe dorénavant dans le minuscule stade de Demydiv, à 20 kilomètres au nord de Kiev mais à des centaines de kilomètres de sa ville, d'où les joueurs sont parvenus à s'enfuir avant la prise de contrôle complète par les Russes.

Oleksandre Iarochenko, le président du club, explique à l'AFP qu'il motive ses protégés en leur disant: "Vous ne jouez pas simplement au football. Vous devez le faire parce que nous sommes Marioupol".

Deux jours avant l'invasion russe lancée le 24 février, le club jouait un match amical, se souvient M. Iarochenko, personne ne s'attendait alors à une attaque.

Dès le 24 février, les premières bombes sont tombées sur la ville, encerclée en quelques jours par les forces russes. Rapidement, l'électricité et l'eau courante ont été coupées, les joueurs et entraîneurs commençant alors à converger vers le quartier général du FSC Marioupol dans le centre.

M. Iarochenko, qui a aussi une entreprise médicale, s'était porté volontaire pour coordonner les établissements de soins dans la ville, qui fait alors face à des bombardements massifs et destructeurs.

Il a d'abord demandé aux joueurs de quitter Marioupol dans un car officiel garé à quelques mètres du stade. Par peur de laisser leurs proches ou par crainte d'être pris pour cible sur la route, la plupart ont refusé.

Ce n'est qu'une semaine plus tard que des joueurs et leurs proches se sont résolus à partir.
"Notre but était de partir de Marioupol. On n'avait pas prévu d'être ensemble quelque part", poursuit M. Iarochenko.

L'équipe n'est dans un premier temps parvenue qu'à rejoindre Berdiansk, une ville contrôlée par l'armée russe, où tout le monde a pris des chemins différents, y compris jusqu'en Crimée annexée par Moscou, en Géorgie ou en Pologne.
Le FSC Marioupol va jouer dans la deuxième division ukrainienne et son premier match de la saison sera contre un club de Lviv, le Karpaty.

Le club principal de la ville, le FC Marioupol, qui joue en première division, a lui été autorisé à ne pas participer à la compétition cette saison et à revenir pour la suivante.

La même exception a été accordée à son rival de première division Desna, originaire de la ville de Tcherniguiv dans le nord du pays, dont le stade a été touché par une roquette russe.
La décision de commencer la saison de football malgré la guerre vient du président Volodymyr Zelensky en personne, pour redonner, semble-t-il, le moral à la population.

Les matches se joueront toutefois sans spectateurs pour raisons de sécurité et beaucoup de clubs ne joueront pas à domicile mais dans des régions plus sûres de l'ouest et du centre de l'Ukraine.

La guerre a eu un effet dévastateur sur les clubs ukrainiens, surtout les plus petits d'entre eux, qui n'ont pas beaucoup de trésorerie.

Seuls 10 joueurs du FSC Marioupol sont parvenus à rejoindre leur nouvelle base en banlieue de Kiev. L'équipe a été complétée par des jeunes d'autres clubs, y compris de la même région de Donetsk ravagée par le conflit.
 
 "Actuellement, le plus important, c'est de participer", résume M. Iarochenko. "On ne sait pas si le championnat pourra être mené jusqu'au bout".
Il vante néanmoins une "équipe idéologique, construite sur la philosophie qu'on est Marioupol et qu'on est vivants".

Igor Boukovsky, un milieu de terrain de 25 ans, est resté à Marioupol aussi longtemps qu'il l'a pu. Son voisin a été tué dans un bombardement et sa maison, touchée par des obus, est devenue inhabitable.

"Ç’allait de pire en pire, des avions larguaient des bombes, j'ai vu que la ville n'existait tout simplement plus", se souvient le footballeur.
Il est parti fin mars, conduisant deux jours et demi jusqu'à Zaporijjia, sous contrôle ukrainien, avec huit proches, un chien et un chat dans sa petite voiture.

"On s'habitue à tout", dit le sportif en maillot d'entraînement vert du club. "Nous étions cachés au sous-sol depuis un mois, le football a manqué à tout le monde, j'ai vraiment envie de revenir et de jouer".


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