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Obligation vaccinale : L'heure de vérité pour le système de soins français


Libé
Jeudi 16 Septembre 2021

L' obligation vaccinale contre le Covid-19 est entrée en vigueur mercredi pour 2,7 millions de professionnels: hôpitaux, maisons de retraite, soignants libéraux, aides à domicile, pompiers, ambulanciers. Mais une petite minorité n'a toujours pas reçu de première dose. L'ultimatum a expiré. Deux mois après son annonce par Emmanuel Macron, l'obligation vaccinale s'applique à tout le système de soins, au sens large. Les contrevenants sont prévenus: ceux qui ne peuvent justifier d'une première injection, d'une contre-indication vaccinale ou d'une contamination récente "ne peuvent plus exercer leur activité", selon la loi du 5 août. Cela doit se traduire pour eux par la suspension immédiate du contrat de travail, sans rémunération - à moins d'utiliser des jours de congés pour retarder l'échéance. Combien seront dans ce cas? Des milliers sans doute, même si les estimations varient du simple au décuple selon les sources. D'après Santé publique France (SpF), qui se base sur des échantillons de l'Assurance maladie, au 12 septembre 89,3% des soignants avaient reçu au moins une dose dans les structures accueillant des personnes âgées dépendantes (Ehpad, USLD). "Il y aura peut-être 1% à 2% de suspensions", estime pourtant Florence Arnaiz-Maumé,secrétaire générale du Synerpa, qui représente les Ehpad privés, et s'attend "à environ 3.000 contrats de travail suspendus dans les prochains jours". Dans les établissements de santé, "on sait qu'on sera quelque part entre 1% et 2% de personnes pas du tout vaccinées", pronostique également le directeur de l'Assistance publique Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch. Sur un million d'agents des hôpitaux publics, "on trouvera évidemment quelques centaines ou quelques milliers de réfractaires", commente le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, persuadé que "certains vont instrumentaliser des cas particuliers pour faire croire qu'ils sont des bataillons entiers". Il en faut pourtant peu pour perturber l'hôpital. Déjà, celui de Montélimar doit se résoudre à "des déprogrammations d'interventions non urgentes", du fait de "l'absence de trois médecins anesthésistes travaillant au bloc", et va "réduire la voilure" dans un autre service où "trois allergologues seront aussi absents", tous par opposition à l'obligation vaccinale, indique son directeur adjoint Philippe Charre. "Tant qu'il n'y a pas de remplaçants, il faut maintenir en poste ces personnels", exige l'urgentiste - et élu LFI - Christophe Prudhomme, qui craint rien moins que "l'effondrement du système". "Ça va être le bazar", pressent aussi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, car dans ces secteurs en tension "même avec 5% de personnel en moins, ça ne tourne plus". Redoutant d'autres "situations ingérables", avec des sanctions entraînant "des fermetures de lits et de services", FO-Santé a réclamé "un délai supplémentaire", comme pour les départements d'outre-mer durement frappés par la quatrième vague épidémique. Une requête balayée par le gouvernement: "Nous ne reculerons pas", a prévenu le Premier ministre, Jean Castex. Et gare à ceux qui voudraient contourner la règle. "Le refus de se vacciner ne donnera lieu à aucun arrêt maladie", a averti le ministre de la Santé,Olivier Véran, promettant "des contrôles systématiques" pour "toute prescription jugée suspecte". L'administration est au diapason: "On va avoir la position la plus dure possible", affirme le directeur de l'ARS Nouvelle-Aquitaine, Benoît Elleboode, qui prévoit de "démarrer très rapidement" des "contrôles-surprise" dans les établissements et chez les libéraux. L'Ordre des médecins sera lui aussi "dans une action univoque" et considèrera le défaut de vaccination comme "une faute déontologique", passible de "sanctions disciplinaires" pouvant aller jusqu'à la radiation, énonce son président, Patrick Bouet. "On espère que ceux qui hésitent encore seront convaincus parla fermeté affichée", explique la directrice de l'ARS Île-de-France, Amélie Verdier, qui a tout même commencé à "repérer les établissements où il pourrait y avoir des difficultés pour pouvoir les aider", en mobilisant si besoin des "renforts". Une aide qui devra s'inscrire dans la durée: à partir du 15 octobre, un "schéma vaccinal complet" sera requis pour satisfaire à l'obligation légale, qu'aucune date ne limite dans le temps.


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