Neil Gorsuch, garde farouche de la Constitution américaine


Vendredi 3 Février 2017

Neil Gorsuch, garde farouche de la Constitution américaine
Magistrat brillant à l'ascension rapide, Neil Gorsuch incarne des thèmes chers à l'Amérique conservatrice en matière de famille, de religion et d'interprétation littérale de la Constitution.
Même s'il a depuis longtemps une chevelure argentée, cet homme élégant de 49 ans devient le plus jeune juge nommé à la Cour suprême en un quart de siècle.
Encore tout récemment largement inconnu, ce natif du Colorado est apparu ému mardi, aux côtés de Donald Trump à la Maison Blanche. Il a résumé en quatre mots le cadre de sa nouvelle mission: "Impartialité et indépendance, collégialité et courage".
Neil Gorsuch doit maintenant se préparer à l'épreuve de sa confirmation par le Sénat. Il va être cuisiné par des élus démocrates qui menacent de faire barrage au choix de Donald Trump.
Siégeant à la Cour d'appel fédérale de Denver, dans cet Etat montagneux du coeur de l'Amérique qu'est le Colorado, Neil Gorsuch présente un pedigree rassurant pour les électeurs du milliardaire. On lui prête aussi la capacité de satisfaire les républicains qui ne se reconnaissent pas dans le nouveau président américain.
Doté d'une politesse indéfectible --parfois qualifiée d'obséquiosité-- le juge Gorsuch est également réputé pour ses talents de diplomate et sa rigueur intellectuelle.
Ses jugements à la rédaction ciselée l'ont amené à être comparé à Antonin Scalia, le pilier conservateur de la Cour suprême décédé l'an dernier et dont il occupera le siège.
Neil Gorsuch s'honore de tels rapprochements, lui qui ne cache pas son admiration pour le magistrat disparu. Il a relaté avoir appris le décès alors qu'il prenait un "bol d'air" sur une piste de ski.
"Je n'ai pas honte d'avouer que j'ai poursuivi la descente à l'aveugle tellement mes yeux étaient remplis de larmes", a-t-il confié dans un discours prononcé en avril, rapporte l’AFP.
Comme le juge Scalia, Neil Gorsuch est favorable à la peine de mort. Et, comme son mentor, il appartient à l'école de jurisprudence américaine originaliste, qui soutient que la Constitution doit être interprétée conformément à son sens originel à l'époque de son adoption.
Pas étonnant que cet esprit brillant ait été couvé des yeux par les organisations comme la Federalist Society ou la Heritage Foundation, qui manoeuvrent en coulisse pour une évolution conservatrice de la doctrine juridique.
En choisissant Neil Gorsuch, M. Trump envoie un message aux "flyover states", ces Etats d'Amérique que l'on survole en allant d'une côte à l'autre et qui se sentent oubliés. Pas un seul n'a vu naître l'un des huit juges qui siègent actuellement à la haute Cour.
Neil Gorsuch se dit d'ailleurs attaché à son Colorado, où il pratique la pêche à la mouche et où, avec sa femme Louise et leurs deux filles, il élève des chevaux, des volailles et des chèvres.
Mais le magistrat issu d'un milieu aisé n'arrivera pas non plus en étranger sur la côte atlantique. Il a vécu une partie de sa jeunesse à Washington, où sa mère dirigeait sous Ronald Reagan l'Agence de protection de l'environnement (EPA).
Comme les autres sages de la colline du Capitole, Neil Gorsuch est issu de l'"Ivy League", ce groupe de huit universités prestigieuses du nord-est des Etats-Unis.
Il est passé par Columbia et la Harvard Law School -peu après un certain Barack Obama-- avant de traverser l'Atlantique pour peaufiner son CV à Oxford. D'où peut-être son goût pour citer Winston Churchill.
Le juriste a ensuite arpenté en 1993/1994 l'imposant édifice en marbre de la Cour suprême, étant l'assistant d'Anthony Kennedy qui, à 80 ans, fait toujours partie de la vénérable institution.
M. Gorsuch a ensuite travaillé dix ans comme avocat d'affaires dans un cabinet privé, avant de rejoindre les services du ministère de la Justice sous la présidence de George W. Bush.
C'est d'ailleurs M. Bush qui l'a nommé à la Cour d'appel de Denver, le magistrat obtenant facilement sa confirmation par le Sénat en 2006.
Les opinions de Neil Gorsuch sont principalement connues par ses écrits et jugements. Il a rédigé un livre développant des arguments contre l'euthanasie et a soutenu des entreprises qui refusaient de fournir une couverture santé incluant une contraception à leurs employées.
Il a également remis en cause l'idée que les tribunaux s'en remettent aux agences fédérales pour interpréter une question de droit, une thèse prisée par les conservateurs.
Neil Gorsuch présente enfin l'atout de ne jamais avoir proféré de déclaration fracassante susceptible d'entraver sa confirmation, en particulier sur l'avortement.


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