Mike Johnson, un speaker ultra-conservateur à l'ascension fulgurante


Libé
Jeudi 26 Octobre 2023

Inconnu du grand public avant de créer la surprise en accédant mercredi au poste prestigieux de "speaker" du Congrès américain, Mike Johnson est un avocat ultra-conservateur, apôtre des valeurs du "Sud profond".



Dans le jeu politique américain, il était l'architecte des efforts juridiques au Congrès afin d'inverser le résultat de l'élection présidentielle de 2020
Chevelure poivre et sel soigneusement coiffée sur le côté, visage poupin, ce républicain de 51 ans a grimpé rapidement, et souvent dans l'ombre, les marches du pouvoir, de sa Louisiane natale à la capitale Washington en misant sur des valeurs traditionnelles de la droite que ses détracteurs jugent en décalage avec l'Amérique urbaine.




Mike Johnson - un nom presque générique aux Etats-Unis - est né en octobre 1972 dans une famille conservatrice de Shreveport, troisième ville de Louisiane, avant d'obtenir une licence en commerce à l'université publique de cet Etat du sud, puis de bifurquer vers le droit, les grands cabinets et enfin son cabinet privé.




En 2015, Johnson annonce à ses proches un changement qui leur semble couler de source en se lançant en politique. Elu au sénat de Louisiane, il se consacre au dossier du développement économique de cet Etat paupérisé, ravagé dix ans plus tôt par l'ouragan Katrina, et à une réforme du système d'éducation.




Dès 2016, il se lance un nouveau défi: la Chambre des représentants où il se fait élire sans faire de compromis, dit-il, sur ses valeurs.


 L'homme s'affiche clairement comme un libéral d'un point de vue économique, avec une défense acérée du libre-marché, du contrôle des frontières et de l'armée, et conservateur sociétal, notamment par son opposition au mariage pour tous ou au droit à l'avortement.








Dans le jeu politique américain, il était l'architecte des efforts juridiques au Congrès afin d'inverser le résultat de l'élection présidentielle de 2020, remportée par le démocrate Joe Biden face à Donald Trump, dont il est encore aujourd'hui un précieux soutien. 


Or, ces dernières semaines, les républicains, divisés entre modérés et trumpistes, se sont écharpés après la destitution de Kevin McCarthy du poste de président de la Chambre des représentants.

Preuve de ces dissensions internes, trois membres du parti, pourtant majoritaire, ont tenté en vain de se faire élire au perchoir jusqu'à ce que Mike Johnson y parvienne.


 "Nous allons servir la population de ce pays, nous allons restaurer sa foi en le Congrès, à cette institution de l'Etat. L'Amérique est le dernier et le meilleur espoir de l'homme sur Terre", a-t-il déclaré mardi soir après avoir été choisi par son parti pour accéder au perchoir, ce qui a été confirmé mercredi par un vote du Congrès. 




"Abraham Lincoln l'a dit, Ronald Reagan avait pour coutume de nous le rappeler, et nous allons vous le remémorer à nouveau", a martelé sous les applaudissements nourris de ses collègues ce communicateur efficace qui a cultivé au fil des ans une image de bon père de famille, pieux, intègre et plus motivé par les valeurs que le pouvoir.




"Jusqu'à hier je n'avais jamais contacté personne à propos de ce poste (...) et je n'avais jamais même aspiré à cette fonction", a fait valoir le nouveau président de la Chambre des représentants, qui devient de facto le troisième élu américain en importance après le président Biden et la vice-présidente Kamala Harris.


 Et ce après avoir été accusé par ses détracteurs de soutien aux franges les plus à droite des républicains, comme le "Freedom Caucus", au risque d'exacerber la polarisation et de saper la coopération entre partis au sein du Parlement de la première puissance au monde.






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