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En fait, Mhamid El Ghizlane n’est pas seulement la fin du bitume, mais aussi un point de départ vers d’autres espaces peu connus du grand public. Des étendues où les cailloux et les dunes coexistent paisiblement. L’on penserait, à tord, que ces ergs sont sans vie. Un cliché vite dissipé après quelques heures aux confins du désert. Une biodiversité acclimatée. Et comme rien ne lui échappe, l'homme a décidé d’envahir ces endroits mystérieux.
Début des années 90, ce fut la capitalisation du désert. Les fils des anciens nomades se sont reconvertis en promoteurs touristiques. Du coup, ils ont investi dans des villages en tentes. Des bivouacs sont dressés pour abriter des touristes épris d’espaces libres, outre une sécurité assurée.
Installés souvent près des dunes, les bivouacs assurent la pérennité des liens des nouvelles générations au désert. Si la sédentarisation était devenue incontournable, le désert continue d’être une source de vie. On le vend à ceux qui l’aiment, le valorisent et s’en inspirent. En tant que source de vie, on en prend soin aussi.
A première vue, Chegaga, Iriqi, Oued Naâm, L’bouyad, Erg Lihoudi, Erg Zehaar et Oum Laâlg, semblent comme des espaces perdus. L’on se trompe. Ils sont plus peuplés qu’on ne le pense. Les petites dunes occultent ces tentes de couleur marron aménagées telles des chambres de luxe.
Les méthodes de commercialisation n’ont rien à envier aux techniques de marketing. Là aussi, le client est roi. Le minimalisme est cependant de mise. Et tous les contacts se déroulent sur le maquis virtuel. Le touriste sait à l’avance à qui il a affaire. Les besoins s’expriment à temps, puisqu’une fois au désert, certains désirs s’avèrent impossibles à réaliser.
Issue d’une famille nomade, Houcine Yassine avoue que le tourisme reste la seule activité à même de fixer les gens dans la région. D’où la nécessité de défendre et de préserver ce désert, contre toutes les menaces. Le souci écologique commence, en effet, à se traduire en actes concrets dans la zone de M’hamid El Ghizlane.
En fait, ces jeunes affichent la même passion pour le désert. Ils sont restés nomades de l’intérieur. Même avec le changement du contexte, les jeunes adoptent toujours la célèbre devise « Eloignez vos tentes, rapprochez vos cœurs ». Ceci se traduit par la simplicité de leur vie. Leur modestie. Leurs grandes connaissances du désert.
Les touristes qui se croisent dans le désert trouvent un besoin d’échanger au moins des sourires. Un gage psychologique de confiance mutuelle. Mais aussi un retour à des valeurs perdues du fait des contraintes de la vie moderne. A elle seule, la nuit à la belle étoile permet de retrouver l’énergie nécessaire pour pouvoir retrouver un quotidien bousillé par le stress.
A la faveur d’un climat favorable pendant presque toute l’année, le bivouac s’érige en un produit touristique à part entière. Au niveau social, un seul bivouac opérationnel peut mobiliser jusqu’à une vingtaine de personnes. Il est une source de recrutement. Certes, l’on est loin du luxe prévalant dans les établissements hauts de gamme, mais l’on est proche des systèmes de gestion de la rareté.
Les jeunes promoteurs en sont conscients. Leurs actions pour la préservation de l’environnement se font de plus en plus nombreuses. L’Association Zaïla pour le développement et la préservation de l’environnement consacre une partie du programme du Festival Taragalte à une campagne de plantation et de nettoyage du lit de l’Oued Drâa.
Président du conseil provincial du tourisme de Zagora, Ahmed Chahid explique : «Après la succession des années de sécheresse, le désert s’est érigé en unique source de vie, d’où la nécessité de sensibiliser tous les intervenants à le respecter et à le garder intact».
Et ce n’est plus étonnant de voir descendre un chauffeur de son véhicule pour ramasser une bouteille en plastique. Le désert en vaut le coup. Certes, sa superficie ne peut être comparée à celles des voisins d’Afrique du Nord, mais c’est le seul espace qui jouit du grand atout de sécurité.