Côté bilan, il est clair que la situation néphrologique est peu reluisante dans notre pays et va même jusqu’à s’ériger en problème majeur de santé publique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au moins deux millions de Marocains sont atteints d’une maladie rénale. Un nombre important d’entre eux pourra souffrir d’une insuffisance rénale chronique et partant sera condamné à recourir à la dialyse ou la greffe pour survivre à la maladie.
Résultat : chaque année, environ 3000 personnes nécessitent un traitement par dialyse au Maroc mais seule une minorité peut y accéder. Les raisons sont légion : le nombre insuffisant de centres publics de dialyse, l’absence d’une couverture médicale et le coût élevé du traitement par dialyse dans les centres privés. Ces facteurs ont contribué à la réduction du nombre de personnes traitées par dialyse, lequel ne dépasse pas les 7000 dialysés régulièrement, sachant qu’un nombre important d’insuffisants rénaux sont privés de ce traitement vital.
La greffe, qui reste une alternative définitive à la dialyse, traitement contraignant et coûteux, est peu développée dans notre pays. Jusqu’à aujourd’hui, seuls 160 malades ont pu bénéficier d’une greffe rénale.
Face à cette situation chaotique de la prise en charge des insuffisants rénaux, la prévention reste le seul moyen à même d’éviter la dégradation de notre état de santé, comme le souligne le Pr. Amal Bourquia, néphrologue et présidente de l’Association de lutte contre les maladies rénales baptisée « Reins ». Cela est d’autant plus vrai qu’environ une personne sur dix adultes en apparence en bonne santé est affectée par une maladie rénale chronique. Une donne qui incite les professionnels et les pouvoirs publics à accentuer la sensibilisation autour de l’insuffisance rénale chronique. Et c’est dans cet objectif que la Journée mondiale du rein a été célébrée cette année sous le thème « Reins et hypertension ». La relation entre reins et hypertension est dûment établie. Les maladies rénales risquent souvent d’entraîner de l’hypertension et en retour, l’hypertension augmente les risques d’avoir une maladie rénale et peut endommager les reins.
Les Marocains sont d’autant plus concernés par le risque d’attraper une maladie rénale qu’une personne sur quatre est atteinte d’hypertension artérielle. D’où l’intérêt de la sensibilisation et d’un dépistage précoce des maladies rénales.
De même, et bien qu’on n’en parle pas souvent, la relation entre les maladies rénales et le cancer est de toutes les actualités. Un volet auquel on s’intéressera forcément dans le dossier qui suit, mais pas uniquement. On tentera de cerner toutes les facettes de cette maladie en passant en revue tous les volets qui intéressent de près ou de loin les maladies du rein.
Outre un entretien avec le Pr. Amal Bourquia où elle revient sur la problématique dans sa globalité, l’on mettra également l’accent sur la question de la couverture médicale, en revisitant les résultats d’une enquête sur la prise en charge des patients atteints des maladies rénales tout en mettant en exergue la perception et le poids du traitement des maladies rénales sur les dépenses totales de l’AMO (Assurance maladie obligatoire).
On lèvera également le voile sur la problématique de la dialyse à travers un reportage au sein d’un centre d’hémodialyse, qui ne manquera pas de mettre l’accent sur le calvaire et les souffrances continuellement vécus par les insuffisants rénaux. L’on ne saura clore le dossier sans s’arrêter sur la greffe rénale, ce traitement de l’espoir auquel aspire toute personne atteinte de la maladie rénale chronique, mais qui reste malheureusement encore au stade des balbutiements dans notre pays.