Malade, et alors !


Narjis Rerhaye
Vendredi 27 Mars 2009

Jamais l’opinion publique marocaine ne s’est autant intéressée à la santé de ceux et celles qui nous gouvernent. Faut-il s’en réjouir et applaudir cet intérêt accru qui pourrait être, dans le meilleur des cas,  le signe d’une conscience citoyenne ? Ou bien faut-il, au contraire, s’inquiéter de cet excès de voyeurisme, où les communiqués de santé sont presque des brèves de comptoir et de terrasse, sachant que l’état de santé relève de la sphère privée ?
La santé –plutôt la maladie dans le cas d’espèce- d’un personnage public doit-elle faire l’objet d’un communiqué de presse ? Et l’opinion publique est-elle en droit de réclamer des informations sur un haut responsable hospitalisé ? Ce sont toutes les questions auxquelles est confronté le cabinet de la ministre de la Culture, depuis son hospitalisation. Une vraie gestion de la communication de crise qui s’est visiblement mise en place quand c’était déjà trop tard. Après la fuite de l’information sur le malaise dont aurait été victime Touria Jabrane, l’opinion publique a eu sa part de rumeurs les plus folles. De la terrasse du Balima et jusqu’aux rédactions, les nouvelles sur le mode du « selon des sources dignes de foi  … », l’état de santé de la comédienne devenue ministre est étalé à la « une » des journaux, et, surtout, les raisons qui auraient conduit à son malaise. L’information n’était plus une information, mais le viol d’une intimité sur fond de scène de ménage. La famille a réagi, tombant dans le piège de la déclaration rectificative. Touria Jabrane n’a pas le droit de tomber malade sans que cela ne sente le soufre, le scandale. 
Depuis plusieurs jours déjà, la chambre de clinique de Mme Jabrane n’est plus qu’un immense loft dont les caméras sont branchées directement dans les  rédactions. Démission, hémiplégie, problèmes conjugaux, fatigue, stress, décalage horaire… On a fait de l’état de santé de la ministre de la Culture un feuilleton échappé à une très mauvaise série B, une piètre chronique politique. Il fallait, peut-être, meubler l’attente des élections…


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