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“Madrasa’’, la plateforme qui offre des cours gratuits en ligne, fait son entrée au Maroc

Quid des zones rurales ?


Chady Chaabi
Mardi 5 Février 2019

 Dans un pays où la scolarisation est un indicateur social disposant d’une importante marge de progression, tout apport et toute idée de développement sont les bienvenus, même en provenance d’autre pays, à l’instar de la valeur ajoutée que pourrait avoir la plateforme électronique arabe "Madrasa" qui offre des cours en ligne gratuits aux élèves de différents cycles. Une inestimable opportunité qui tend à redynamiser et redonner aux sciences techniques la place qu'elles méritent, a indiqué le ministre de l'Education nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Said Amzazi.
Agréable visuellement et facile à utiliser, cette plateforme aux 5 millions d’abonnés, s’appuiera sur l'expertise marocaine en matière de formation professionnelle, via la contribution d’enseignants marocains à l'enrichissement de son contenu. Elle s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations liant le Royaume du Maroc et les Emirats arabes unis dans le domaine de l'enseignement et de la recherche scientifique. Toutefois, cette plateforme développée par la Fondation Mohammed Bin Rashid Al Maktoum, présente un accroc de taille.  
Louable d’un côté, cette coopération dont la plateforme « Madrasa » est le porte-étendard, souffre de l’autre, d’une défaillance à travers le prisme du monde rural. En effet, en partant du principe qu’une connexion Internet est indispensable pour y accéder, on est en droit de se poser la question de savoir comment les élèves et étudiants vivant en marge des grandes villes pourront s’y connecter.  
A vrai dire, cette limite porte le sceau de l’incohérence et amplifie les inégalités qui caractérisent la scolarisation au Maroc, et qui touchent, selon un rapport de l’Unicef, essentiellement les enfants en milieu rural. Les données montrent que les enfants de ce milieu, de manière générale, sont confrontés à des difficultés pour réussir la transition entre le primaire et le collège auquel seulement 69,5% d’entre eux accèdent. Ce taux chute à 30,6% en ce qui concerne leur accès au lycée et ne dépasse guère 21,9% chez les filles.
En d’autres termes, les élèves qui ont le plus besoin d’aide risquent de ne pas pouvoir accéder à cette plateforme. Et pour cause, dire que la couverture Internet n’est pas généralisée dans le Royaume est un doux euphémisme. Il existe des régions hors connexion ou des zones blanches. Et quand bien même ce ne serait pas le cas, les familles rurales ont-elles les moyens de se payer une connexion Internet ? Par exemple, si l’on en croit l’un des trois fournisseurs d’Internet au pays, l’unique solution de connexion pour les zones rurales ou de montagnes reculées est l’offre VSAT, à savoir Internet via satellite. Le tarif minimum est de 249 DH par mois. Or, d’après une enquête du Haut-commissariat au plan datant de 2017, le noyau dur de la pauvreté au Maroc se situe justement dans le milieu rural. Donc, pour une famille qui se bat pour subvenir à ses besoins les plus élémentaires, une connexion Internet confine à un luxe inaccessible.
En somme, l’impression qui se dégage est que la plateforme ‘’Madrasa’’, d’une richesse inestimable, avec ses 5.000 cours en vidéo dispensés gratuitement (sciences générales, mathématiques, biologie et sciences physiques) risque de voir son utilisation et ses bienfaits uniquement cantonnés au milieu urbain. Du coup, l’objectif fixé par ses initiateurs, à savoir bénéficier à 50 millions étudiants dans le monde arabe, exclut quasiment les étudiants ruraux au Maroc.


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