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marocaine a gagné le pari de la
résilience. De sa compétitivité au PLF 2016 en passant par les questions du chômage et de la cherté de la vie, le pays a été scruté, en long et en large, par cet expert qui a
également passé au peigne fin plusieurs indicateurs
économiques.
Ludovic Subran : L’économie marocaine a réussi le pari de la résilience, malgré de nombreux vents contraires : hier la crise en Europe, aujourd’hui la crise dans les pays émergents. La question est de savoir comment faire davantage pour moins de chômage, notamment chez les jeunes, et plus de pouvoir d’achat. En cause, la productivité qui croit trop peu (en dessous de 1% en moyenne sur les dix dernières années), et la dépendance au secteur agricole qui reste importante : en moyenne sur les six dernières années, la croissance de la valeur ajoutée non-agricole a été de seulement 3,6%.
Pour libérer cette croissance, plus de réformes doivent être mises en œuvre, notamment pour favoriser l’acquisition de talents (accès à l’éducation tertiaire, à l’apprentissage et à la formation continue), la création d’emplois (abaisser les coûts à l’embauche et au licenciement, s’attaquer aux corporatismes) et l’innovation (dépenses en R&D), en plus des efforts très marqués et réussis dans l’infrastructure en dur ou l’industrie.
Côté compétitivité, d’après vous, les perspectives pour l'économie marocaine sont-elles bonnes, moyennes ou mauvaises ? Et que faut-il faire pour que le Maroc figure parmi les pays les plus compétitifs ?
Le Maroc a certes déployé des efforts pour améliorer sa compétitivité mais il reste tout de même beaucoup à faire. Si l’on regarde le classement Doing Business de la Banque mondiale, les quatre principaux axes d’amélioration concernent le règlement de l'insolvabilité, les conditions d'obtention des prêts bancaires, la protection des actionnaires minoritaires et les formalités concernant le commerce transfrontalier. Prendre des mesures phare sur ces freins ne nécessite pas de dépenses publiques, juste une volonté politique forte.
La Banque centrale doit-elle, selon vous, adopter une nouvelle politique monétaire afin d’obtenir de meilleurs résultats de façon générale ? En clair, que doit-on faire pour que le Maroc remette son économie sur la voie de la croissance ?
La Banque centrale a soutenu l’économie quand elle en avait besoin, c’est-à-dire au second semestre 2014, en abaissant son taux directeur à plusieurs reprises à 2,5%, le plus bas niveau de taux depuis 10 ans. Depuis un point bas à 1,7% en juin 2014, la croissance des crédits à la consommation est bien repartie, s’établissant à 9,4% en septembre 2015. Il est vrai que la croissance des crédits à l’équipement reste un peu molle à +3,8%, tandis que les crédits immobiliers ne croissent que de +2,8%. En ce sens, la Banque centrale pourrait être amenée à abaisser de nouveau son taux directeur pour soutenir l’économie en 2016. Par ailleurs, l’ancrage de la monnaie sur l’euro et le dollar a permis d’éviter les dépréciations subies par de nombreux pays en 2014 et 2015. Attention à ce que cela ne devienne pas un frein à l’export.
… Et sur un autre registre, quelles seront, à votre avis, les répercussions du PLF 2016 sur le citoyen à faible revenu ou carrément sans revenu qui sera impacté par la hausse de la TVA (sachant qu’en janvier 2015 plusieurs augmentations ont été enregistrées dont la hausse des tickets de péage et d’autres sont prévues pour janvier prochain à l’instar de l’augmentation prévue de la TVA sur le transport ferroviaire de 14 à 20% qui immanquablement provoquera la hausse du billet de train ) ?
Le PLF 2016 contient, il est vrai, de nombreux ajustements fiscaux pour petit à petit, réduire le déficit budgétaire tout en maintenant des dépenses publiques pour désenclaver le Sud rural ou continuer d’investir en infrastructures. Par ailleurs, la décompensation de ces deux dernières années et aujourd’hui l’augmentation de la TVA sur certains biens sont censées être progressives, c’est-à-dire avoir un effet limité sur ceux qui en ont le plus besoin. D’où la nécessité de cibler les aides comme les prélèvements. Dans ces processus, la classe moyenne a souvent l’impression d’être lésée car le secteur informel échappe à l’impôt. Tout dépendra de ce qui est fait avec ces nouvelles recettes : chaque mesure pour créer de l’emploi ou réduire la pauvreté peut aider à justifier un taux d’imposition légèrement plus élevé.