Libérez les PME !


Par Nicolas Lecaussin *
Mercredi 23 Juin 2010

La grand-messe annuelle de la CGPME, Planète PME, clôturée par Nicolas Sarkozy après la visite d'une dizaine de ministres, s’est tenue à Paris le 15 juin.
Depuis trente ans, l’État français est parti avec l’idée fausse que c’est l’innovation technique et technologique pure qui crée des emplois, ce qui a conduit à la création et à la croissance de l’agence publique Anvar (désormais Oséo-Innovation), mais pas à favoriser la croissance de l’emploi marchand. C’est bien l’innovation qui crée des emplois, mais surtout celle qui conduit à proposer de nouveaux services et de nouveaux produits. Quand la politique économique française s’appuiera-t-elle sur des faits quantifiés et non sur les chimères de ses esprits planificateurs ?
L’industrie française perd des emplois, mais le nombre d’entreprises dans ce secteur est globalement le même qu’au Royaume-Uni. Ce sont bien les secteurs des services qui font la différence entre la Grande-Bretagne et la France, en nombre d’entreprises de plus de 2000 salariés, et donc en nombre d’emplois ! La France ne se différencie de l’Angleterre que dans le secteur administratif, avec une surreprésentation caractérisée, émanation de notre fameux « modèle social ». La France n’a pas de Mittelstand allemand, mais l’exemple de la Grande-Bretagne démontre qu’il est possible de créer une économie dynamique à partir du développement des entreprises de services.
Comme le montrent des études de l’Ifrap (Institut français pour la recherche sur les administrations publiques), c’est à partir des catégories de taille supérieure, que l’écart se creuse avec les Anglais, à leur avantage, et qui est flagrant pour les entreprises de plus de 20 000 salariés. Ce déficit en grandes entreprises expliquerait à lui seul un écart de près de 2 millions d’emplois marchands entre nos deux pays ! Les statistiques prouvent que nous avons autant d’entreprises moyennes en France que chez nos voisins d’outre-Manche et que les emplois sont comparables, voire légèrement supérieurs, pour les entreprises de moins de 2 000 personnes. Mais pour les plus grandes entreprises, le déficit se creuse.
Pour remédier à cela, il faudrait écarter la gestion publique du monde des PME. Ce n’est pas aux énarques d’OSEO de dire en quoi consiste l’innovation ! De même, il faudrait donner plus d’air aux PME : moins de charges et de bureaucratie, liberté d’embaucher et de débaucher (ce que vient d’ailleurs d’annoncer le Premier ministre espagnol). Les présidents des PME sont assez grands pour savoir ce qu’il faut pour leurs entreprises afin de devenir des grosses sociétés.

 * Directeur de recherche à l’IREF (institut de recherches en économie et fiscalité)



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