Probablement, le gouvernement se sait attendu sur la question. L'envolée des prix de l'alimentaire et des consommations contraintes (logement, eau, électricité et autres équipements ménagers), le pouvoir d'achat est depuis la rentrée la principale préoccupation. On ose espérer que cette hausse inégalée des prix soit transitoire. Les prix du pétrole ont cessé de monter, donc si la tendance baissière se confirme, l'inflation devrait s'assagir.
Que se passera-t-il alors demain, si les prix s'emballent, dans le sillage d'une nouvelle hausse générale des matières premières ? On n'en sait rien. Ce dont on peut être sûr c'est que 2009 ne sera pas semblable à 2008. Le gouvernement, lui, donne l'impression de jouer les «Pères Noël», faisant croire que tout va pour le mieux… Mais la majorité silencieuse, fortement accablée, ne peut continuer à le rester. L'heure de vérité approche et il faudra beaucoup de courage et suffisamment d'intelligence pour affronter les dures réalités économiques et sociales. Ce même gouvernement ne dit mot sur les augmentations annoncées par-ci par-là. Certes, le marché est libre mais le maintien du pouvoir d'achat est une garantie de la paix sociale qui donne des signes de fragilité. Car le vrai problème de l'économie marocaine réside dans la répartition inégale des richesses (il y a des régions entières qui vivent dans la pauvreté extrême) et dans le fait aussi que les revenus d'une grande majorité des Marocains (les salariés notamment) augmentent insuffisamment par rapport au coût de la vie. La baisse (2%) de l'Impôt sur le revenu (IR) reste timide sinon insignifiante. Le gouvernement, via sa de loi de Finances et les nouvelles dispositions fiscales, préfère enrichir les riches. La baisse de l'IS passe avant la baisse de l'IR (impôt sur le revenu). Les mesures fiscales introduites ne constituent en fait qu'un transfert de richesse qui, aux yeux d'analystes aguerris, n'aura pas d'impact global sur la croissance.
Le mouton de l'Aid Al Adha de cette année, qui représente, en principe, une opportunité de transfert des liquidités (estimées à 7 milliards de DH) au profit du monde rural n'est qu'un mirage. Or ce mouton du sacrifice, dont l'acquisition n’est possible que par la voie d'un crédit de consommation, est venu à son tour grever le budget des ménages marocains !
Sans aucun doute, l'économie marocaine a tous les atouts de croître encore plus et plus vite, pourvu que l'on se donne les moyens. Mais cet objectif de croissance soutenu et durable doit se traduire par l'amélioration des conditions de vie du plus grand nombre des citoyens et de répondre au mieux à leurs attentes.