Les glaciers plus vulnérables au réchauffement climatique qu'escompté


Libé
Dimanche 1 Juin 2025

Les glaciers sont plus vulnérables au changement climatique qu'on ne le pensait, rapporte jeudi une étude qui prévient que les trois-quarts de leur masse pourraient disparaître dans les siècles à venir si rien ne change, une fonte qui aurait des conséquences dramatiques.
Ces géants de glace constituent d'importants régulateurs climatiques et jouent un rôle crucial dans l'approvisionnement en eau douce de milliards de personnes.

Alimentée par la hausse des températures mondiales causée par les activités humaines, leur fonte met en péril ces ressources et aggrave la montée du niveau des mers, menaçant de nombreuses populations.

L'étude, réalisée par une vingtaine de scientifiques internationaux et publiée dans la prestigieuse revue Sciences, offre la vision la plus détaillée à ce jour des risques encourus.

Selon cette analyse effectuée grâce à huit modèles climatiques, la fonte des glaciers mondiaux serait sur le long terme bien plus importante qu'escompté, notamment dans le cas où le monde maintiendrait sa trajectoire actuelle de réchauffement climatique, avec une perte estimée de 76% des glaces actuelles.

Une perspective très sombre qui s'accompagne toutefois d'un "message d'espoir", insiste auprès de l'AFP l'un des coauteurs, le glaciologue Harry Zekollari de la Vrije Universiteit Brussel en Belgique.

Car dans le cas où l'humanité parviendrait à maintenir la hausse des températures sous le seuil des 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle, conformément à l'accord de Paris sur le climat, plus de la moitié de la masse actuelle des glaciers serait préservée, selon leurs projections.
 
Cet appel à l'action intervient à la veille de l'ouverture à Douchanbé, capitale du Tadjikistan, d'un sommet de l'ONU dédié aux glaciers.
Selon la communauté scientifique, le monde s'est déjà réchauffé d'au moins 1,2°C et pourrait atteindre les +2,7°C d'ici 2100 sous les politiques climatiques existantes.

Cette hausse des températures se reflète de manière disproportionnée en altitude, l'augmentation de la température moyenne de l'air au-dessus des glaciers étant 80% plus importante que l'augmentation globale, selon l'étude.

Ses effets délétères se feront ressentir sur le très long terme, prévient l'étude. Ainsi, même si le monde cessait immédiatement ses émissions polluantes, les glaciers continueraient de fondre de façon conséquente, l'étude évaluant à 39% la perte globale de leurs glaces dans un tel scénario.

Répartis à travers le globe, les glaciers ont déjà perdu environ 5% de leur volume depuis le début du siècle, avec de grandes disparités régionales: de -2% en Antarctique à -40% dans les Alpes.

Dans ce massif montagneux européen comme dans les Rocheuses américaines et canadiennes, les glaciers sont davantage vulnérables en raison notamment de leur localisation, leur taille et leur altitude.

Mercredi en Suisse, un glacier s'est effondré à la suite d'éboulements de roches ayant partiellement détruit un village, un événement spectaculaire dont les causes - qui pourraient être géologiques comme climatiques - restent à déterminer.

Selon l'étude, les glaciers pourraient perdre la majorité de leurs glaces, avec une perte de volume de 85% à 90% estimée dans le cas où la hausse des températures serait contenue sous les +2°C, l'un des objectifs de repli de l'accord de Paris. Ceux situés dans les pays scandinaves devraient quant à eux totalement disparaître.

Ce seuil aurait ailleurs des conséquences variées, même à l'intérieur d'un même continent, avec par exemple un impact estimé très fort sur les glaciers d'Asie centrale et du sud-est qui pourraient perdre 75% de leurs glaces actuelles, et moindre sur le massif de l'Hindou Kouch, situé en Afghanistan et au Pakistan, qui devrait enregistrer une perte de 40%.

Mais dans tous les cas de figure "chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire compte", souligne auprès de l'AFP Lilian Schuster, coautrice de l'étude et chercheuse à l'université d'Innsbruck (Autriche).

D'autant plus que les effets de ces fontes, très larges, se font déjà sentir, sous forme de bouleversement des écosystèmes, de menace à la sécurité alimentaire et à la production hydroélectrique de régions entières et de contribution à l'élévation du niveau des mers.


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