L’incendie de l’Ourika n’est qu’un arbre qui cache la forêt
-
Interpellation de deux individus soupçonnés de vol avec effraction dans une agence de transfert d’argent
-
Une tradition perpétuée de père en fils
-
La mosquée d'Al Koutoubia rouvre ses portes aux fidèles
-
Interception de 269 candidats à l’émigration irrégulière
-
Vague de chaleur de samedi à lundi dans plusieurs provinces du Royaume
Il faut dire que les cinq heures qu’a duré l’intervention des services du Haut commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLC), de la Protection civile, des Forces auxiliaires, de la Gendarmerie Royale, des autorités locales ainsi que la population locale, ont été un véritable chemin de croix, notamment à cause « d’un contexte qui se profilait difficile avec un relief accidenté et des formations arborées extrêmement inflammables, essentiellement de pin maritime » comme révélé dans le communiqué du HCEFLC. Malheureusement, l’incendie a fait des dégâts puisqu’il a touché une superficie de plus d’un hectare, et ce bien qu’elle ne soit constituée que de débris d’aiguilles de pin maritime qui forment une litière sur le sol avec quelques arbres léchés.
Au fond, et sans mauvais jeu de mots, cet incendie n’est qu’une sorte d’arbre qui cache la forêt, car d’après une analyse de la situation des incendies de forêt au Maroc, réalisée par le HCEFLC, au cours des 50 dernières années (1960-2009), près de 12.912 incendies ont endommagé 149.292 ha de forêts, soit une moyenne de 2.986 ha par an, avec un maximum en 1983 (11.289 ha) et un minimum en 2002 (593 ha). Cette superficie moyenne annuelle représente 0,05% de la surface totale boisée du pays.
Concrètement, ces chiffres sont jugés relativement élevés par le HCEFLC, à la lumière du taux de boisement très faible du pays (8%), mais également à cause de l’aridité du climat, et des contraintes rendant extrêmement difficile la reconstitution des espaces boisés (reboisement, régénération).
Le communiqué émis par la Direction régionale des eaux et forêts et à la lutte contre la désertification du Haut Atlas à Marrakech ne précise pas explicitement les causes de l’incendie de la forêt d’Ourika. Mais en général, pour qu'un feu se déclenche, trois ingrédients sont indispensables : un combustible, qui peut être la végétation, un comburant, soit l'air et l'oxygène, et enfin une énergie d'activation, une source de chaleur, tout simplement une étincelle.
Si ce processus parait de prime abord naturel, il n’est coupable que dans 10 % des départs de feu en forêt. En cause, la foudre et des orages secs. A contrario, l’activité humaine est à l’origine de la moitié des feux de forêt. Tout d’abord par imprudence, un mégot au sol ou bien des accidents de transformateurs ou des voitures en feu. Ensuite, et c’est beaucoup plus inquiétant et moins aléatoire, il y a les causes liées à des actes malveillants, principalement symbolisés par les pyromanes dont on estime les feux volontairement allumés à 40% des incendies de forêt.
Clairement, pour ce type de crime, la sensibilisation confine à verser de l’eau dans le sable, mais pour le commun des mortels, cet aspect peut être salvateur. De ce fait, réaliser des campagnes de sensibilisation à l’égard des visiteurs et des habitants, plus particulièrement dans les zones dites à risque, est d’une grande nécessité. Les efforts des autorités sur le sujet sont bien réels, louables, mais leur fréquence laisse à désirer autant que la forme utilisée. A charge, trouver des idées accrocheuses et des canaux innovants pour faire passer le message, d’autant plus que c’est du gagnant-gagnant, pour la nature, les visiteurs, les autorités comme pour les habitants.