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Le document Intitulé «Sable et développement durable : trouver de nouvelles solutions pour la gouvernance environnementale des ressources mondiales en sable», classe le Maroc parmi les pays qui souffrent le plus de l’extraction illégale et de la contrebande du sable. C’est même tout un chapitre qui lui est consacré. Et le moins que l’on puisse dire, est que son libellé « Mafias de sable, extraction de sable illégale et contrebande au Maroc» ne fait pas de mystère sur la teneur de son contenu.
Les scientifiques de la principale autorité mondiale en matière d'environnement révèlent que pas moins de la moitié du sable utilisé dans nos contrées, soit 10 millions de mètres cubes par an, est issue de l'extraction illégale dans les zones côtières. Un crime contre la nature dont les coupables séviraient particulièrement sur les côtes reliant Safi à Essaouira. De même que le programme onusien regrette qu’une grande plage située entre ces deux localités, se soit transformée au fil des années et des nombreuses extractions en « paysage rocailleux par les contrebandiers ».
Ici comme ailleurs, le sable est une particule élémentaire dans les fondements de notre développement moderne. Il a façonné les contours de notre paysage urbain. Depuis plusieurs décades, la combinaison du sable et du ciment a donné naissance au béton armé. Justement, dans son rapport, l’ONU Environnement souligne que le sable extrait des plages marocaines est majoritairement utilisé dans la construction d'hôtels, de routes et d'autres infrastructures liées au tourisme. Comble de l’ironie, ses bâtisses sont censées abriter des vacanciers attirés précisément par les plages du Maroc. D’ailleurs, les chercheurs onusiens ne disent pas autre chose en mettant en garde le Maroc contre le fait que «dans certaines localités, la poursuite des travaux de construction risque de conduire à une situation non durable et à la destruction de la principale attraction naturelle des visiteurs : les plages». Le parfait exemple étant Assilah « qui a subi une grave érosion de ses plages en raison de problèmes de réglementation et de pressions liées au tourisme», selon le document. Pourtant, le Maroc dispose de la loi 27.13 relative à l’exploitation des carrières, fixant la durée d’exploitation maximale situées en milieu marin à une décennie et obligeant les exploitants de carrières à présenter des rapports annuels sur la situation environnementale de leurs carrières.
A la lumière de ses éléments, le Programme des Nations unies prévient sans détour le Royaume sur les effets néfastes de cette course à la construction effrénée, en rappelant que « de nombreuses structures proches des côtes sont actuellement menacées par l’érosion du littoral ». Un avertissement qui ne concerne pas uniquement notre pays. En effet, le rapport s’adresse au monde entier. Avec une demande planétaire sur le sable et le gravier qui avoisinerait 50 milliards de tonnes par an, les scientifiques lancent un signal d’alerte mondiale en rappelant que « l’extraction d’agrégats dans les rivières et les côtes a entraîné une pollution, des inondations, une baisse rapide des aquifères et une aggravation de la sécheresse dans le monde ».
Dans ce cas, il est insupportable de s’apercevoir du manque d’intérêt affiché par plusieurs instances, dès qu’il s’agit de se soucier de l’état de la ressource, de la façon dont elle est exploitée et des réserves mondiales, se désole le Programme des Nations unies pour l’environnement dans le rapport issu d’une journée d’étude organisée en octobre 2018 avec l’Université de Genève. Une amère réalité qui risque certainement d’aller de mal en pis, alors qu’au même moment, après l’air et l’eau, le sable est la ressource naturelle la plus utilisée sur terre et à des proportions vertigineuses. C’est un peu comme l’oxygène qu’on respire, on n’y pense pas mais on ne peut pas vivre sans. Du coup, il est peut-être temps d’accorder à la problématique une attention particulière avant qu’il ne soit trop tard.