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Le droit de consultation des copies d’examen bafoué à Casablanca

L’absence d’une loi encourage l’abus de pouvoir à l’université


Hassan Bentaleb
Vendredi 5 Avril 2013

Le droit de consultation des copies d’examen bafoué à Casablanca
Said, 21 ans, étudiant en 3ème année de droit à l’Université Hassan II, n’en revient pas.  Une simple demande de consultation de sa copie d’examen a viré au  cauchemar.  En effet,  son histoire remonte au mois dernier, lorsqu’il a été surpris de découvrir sur la liste des notes affichées qu’on lui a attribué un zéro, une note qu’il a estimée injuste au regard des efforts qu’il a fournis.
En contactant l’administration, on lui a demandé de remplir une demande de réclamation et d’attendre une réponse du professeur chargé de la matière. Les jours passent mais aucune réponse ne lui a été fournie. Les responsables qu’il a contactés se sont contentés de lui répéter que le professeur en question n’a pas encore trouvé sa copie.  Un va-et-vient qui va durer près de dix jours alors que la session de rattrapage avançait à grands pas sans qu’il ait été  fixé sur son sort. En insistant à voir sa copie, l’administration a fini par le renvoyer vers son professeur qui s’est contenté de lui répondre qu’elle s’est tout simplement volatilisée. Mieux, ce professeur va conseiller à Saïd de passer la session de rattrapage dans l’attente que sa copie réapparaisse. Une situation que notre étudiant a eu du mal à digérer.
Pourtant, il n’est pas le seul à endurer cette souffrance. Nombreux sont ceux qui vivent comme lui le même calvaire et qui sont dans l’incapacité de réagir face à cette injustice. En effet, au Maroc, aucun texte de loi régissant les modalités de consultation des copies d’examen n’existe. En tout cas, c’est ce que laissent penser les secrétaires généraux de plusieurs facultés marocaines contactés par Libé qui ont tous été dans l’incapacité d’infirmer ou de confirmer l’existence d’une telle loi. Même au sein du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, l’ignorance est palpable.  Les différents responsables du département de Daoudi se sont contentés de nous renvoyer les uns vers les autres. Un exercice de ping-pong qu’ils maîtrisent parfaitement.
Certaines sources nous ont informés, par ailleurs, que si un tel texte de loi n’existe pas, chaque établissement a le droit d’élaborer un règlement précisant les modalités de consultation des copies d’examen par les étudiants.
La situation des étudiants marocains est donc loin de ressembler à celle de leurs alter ego français où la consultation des copies d’examen est réglementée par la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 qui s'applique sur l’ensemble des établissements d'enseignement public et dans les établissements privés qui participent au service public de l'enseignement supérieur. Ce texte de loi permet aux étudiants français qui n'admettent pas leur notation ou leur résultat d'un examen de contester et de demander une nouvelle délibération du jury. Mieux, ils peuvent même attaquer le résultat de leurs examens devant le tribunal administratif du lieu où se trouve le siège de leur université en adressant un recours pour excès de pouvoir dans les deux mois qui suivent la publication des résultats et sans prendre d’avocat. «On se sent désarmés face à l’administration. Une sensation qu’aiguise l’absence d’organismes estudiantins défendant les véritables droits des étudiants», nous a confié Saïd.  Des propos que partage Hamid qui nous a expliqué que les rapports de force entre l’administration et les étudiants sont inégaux. Ce qui permet, selon lui, les abus de pouvoir commis par certains professeurs. « Ces derniers se sentent les mains libres et agissent comme bon  leur semble puisqu’ils savent qu’il n’y a pas de contrôle a posteriori », nous a affirmé notre source.  Du côté de la faculté de droit de l’Université Hassan II-Ain Chock, c’est silence radio. Contacté par nos soins, le secrétariat général de cette faculté  n’a pas jugé utile de répondre à nos questions concernant cette affaire. Une attitude qui en dit long sur le fonctionnement, ô combien efficace, des services d’enseignement supérieur au Maroc. 


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1.Posté par plékhanov le 05/04/2013 14:43
Et moi qui croyais que le problème des copies "volatilisées" est le propre de la seule faculté de droit de Fès!

Il y a cependant une différence d'une faculté à l'autre, à savoir qu'à la faculté de Fès ,département sciences économiques pour être précis, on vous dit que vous n'avez pas passé d'examen tout court et si vous insistez, on vous menace de radiation alors que dans cet article, l'étudiant a tout de même droit au rattrapage ...

Pleure ô pays bien aimé...même ceux qui doivent donner le bon exemple contribuent à faire de la vie des étudiants, tes enfants, un supplice .

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