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Hormis cette main tendue associative, les mères célibataires ne reçoivent aucun soutien de la part de leur entourage et demeurent seules face à leur responsabilité et à leur nouvelle situation, brisées psychiquement et financièrement. Elles deviennent involontairement des chefs de familles monoparentales.
Estimées être l’unique responsable de leur acte, la société présumant que c’est à la femme seule de protéger son honneur vu que les géniteurs assument rarement leurs responsabilités, elles se retrouvent dans la galère.
Des progrès ont été accomplis au niveau des lois relatives à l’état civil. Lesquelles permettent, au cas où elles sont appliquées comme il se doit, d’améliorer les conditions des mères célibataires et de protéger les droits de la maman et de son enfant. Mais ces mesures ne participent guère à améliorer le contexte général de leur probable application. Le manque de sensibilisation et des failles dans l’éducation en milieux scolaire et familial ne participent guère à l’amélioration de la situation.
INSAF, une association des mères célibataires créée en 1999, se fixe pour objectifs de répondre aux différents besoins des mères célibataires, de lutter contre l’abandon des enfants et de plaidoyer pour la défense des droits de la femme et des enfants. En 20 ans, 10.000 mères célibataires ont bénéficié de ses services.
Des femmes de différents âges (de 14 ans à 70 ans) s’y présentent. Après un processus d’accueil et d’écoute par des assistantes sociales, l’association les aide à parvenir à leurs fins : que ce soit pour se faire établir l’état civil de leur enfant et parfois même de la mère, la reconnaissance du mariage, la conclusion de l’acte de mariage, ou pour la reconnaissance de la paternité. Grâce au plaidoyer de la société civile, les droits de la mère célibataire sont reconnus, elle peut avoir le droit de donner, en cas de consentement, le nom du père à son enfant, de lui donner le nom de la mère ou bien de lui en choisir un autre.
Normalement l’assistance administrative et juridique de l’association commence dès l’accouchement de la femme et quand la maman ne possède ni un extrait d’acte de naissance ni un livret d’état civil ni la CIN, le processus est enclenché afin que son enfant puisse aussi en profiter. Quant à l’enfant, la demande d’inscription sur les registres de l’état civil prend deux voies ; soit il est enregistré dans le délai légal, soit hors délai (plus de 30 jours). Dans ce dernier cas, l’affaire étant soumise à la justice, la solution prend beaucoup plus de temps.
INSAF se heurte à des problèmes juridiques si la femme accouche à domicile, ou si elle n’a pas de foyer fixe ou si elle donne une fausse identité aux autorités hospitalières.
Une autre séance d’écoute se déroule au cas où la bénéficiaire demande l’hébergement. Son but : vérifier si elle remplit tous les critères pour en bénéficier, à savoir si elle n’a aucun problème psycho-mental, ni de drogue, et si elle n’a pas préalablement bénéficié du service d’hébergement (l’enfant dans ces cas bénéfice évidemment des multiples services).
Des formations professionnelles sont dispensées aux bénéficiaires d’INSAF (les internes aussi bien que les externes). Des ateliers de coiffure, de cuisine et de couture qui durent entre 3 à 6 mois sont ainsi organisés.
En sus de la réalisation d’un projet social et professionnel générateur de revenus, ces formations offrent aux bénéficiaires un savoir-faire et un savoir être et leur donnent de l’espoir et de l’estime de soi ainsi qu’une deuxième chance dans la vie. «Ces formations sont, au premier plan, des formations de reconversion», nous a indiqué la responsable de l’insertion professionnelle, Meryem Bamhaouch.
De plus, INSAF accompagne celles qui souhaitent intégrer le marché du travail. L’association les prend en charge après avoir terminé leur période d’hébergement et de formation, en leur assurant une aide au logement consistant en le règlement d’un mois de loyer et d’un mois de nurserie, en leur fournissant du lait pour bébé et des produits alimentaires pendant huit mois.
Les familles ignorent souvent la situation de leurs filles, puisque la plupart des femmes s’enfuient avant que leur grossesse n’apparaisse, mais il y en a aussi qui sont rejetées par les leurs. Aussi l’association participe-t-elle également à la réinsertion des femmes dans le milieu familial. Comme nous l’explique l’assistante sociale Soumia Nadif, « elles souffrent du manque du soutien moral de leurs proches et elles ont besoin d’une stabilité sociale et émotionnelle, et c’est elles qui demandent à se réconcilier avec leurs familles ». Au cas où l’association se trouve confrontée à un refus catégorique des parents, le contact est établi avec une seule personne compréhensive de l’entourage familial au moins.
Pour soutenir moralement les femmes qui en ont besoin et dans le but de leur permettre d’être à même de garder et d’accepter leurs enfants, des séances de développement personnel et de sensibilisation encadrées par une coach professionnelle, ainsi que des cours d’hygiène, d’éducation sexuelle et de droit sont programmés par l’association. Ces cours permettent aux femmes célibataires d’améliorer leurs capacités personnelles et leur estime de soi.
Mais il n’en demeure pas moins que face au regard de la société et aux lourdes responsabilités qu’elles se doivent d’assumer, les mères célibataires ne peuvent pas s’en sortir sans un suivi et un soutien psychologique de qualité.