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Ouled Ayad, ses fermes agricoles, ses oliviers et arbres fruitiers. On est à quelques encablures de Béni Mellal, à 200 km de Casablanca. C’est dans cette bourgade d’apparence paisible qu’un gang d’au moins 10 individus ont décidé de s’affranchir de cette règle intangible qui fait qu’on ne porte pas atteinte à l’intégrité physique d’autrui. Si la plupart des auteurs de ce crime odieux ont été appréhendés par les servies de la police judiciaire, dont le propriétaire de la maison où la victime a été séquestrée, certains seraient toujours en cavale.
A vrai dire, sans le courage de Khadija, ses tortionnaires seraient toujours en liberté. En effet, après plusieurs semaines de captivité, ses ravisseurs ont décidé de la libérer avec pour seule condition, le silence. Une condition dictée par les ravisseurs et acceptée par la famille de la victime. Mais c’était sans compter sur la volonté de Khadija de briser l’omerta quelques jours après sa libération. « Mon père leur avait dit de me libérer et il leur a promis de ne rien dire aux autorités. Mais c’est moi qui ai tout dit aux gendarmes. Je veux que la justice soit faite et qu’ils paient pour ce qu’ils m’ont fait », a-t-elle révélé dans un entretien accordé à Chouf TV. Entretien à travers lequel, visage dissimulé, elle a également eu la force d’affronter les démons de sa mémoire pour raconter son calvaire. «Ils m'ont séquestrée pendant près de deux mois, violée et torturée (...). Je ne leur pardonnerai jamais, ils m'ont détruite", a-t-elle avoué, tout en pointant du doigt les innombrables traces de brûlures de cigarettes sur son corps frêle, ainsi qu’un ensemble de tatouages, proches de la scarification, qu’elle a subis.
Contrairement aux forces de l’ordre qui n’ont réagi qu’après avoir été contactées par Khadija, soit plus d’un mois après sa disparition, le calvaire vécu par la jeune fille n’a pas mis longtemps pour susciter émoi et indignation auprès de l’opinion publique à travers Internet. En outre, l’Association Tahadi pour l’égalité et la citoyenneté a décidé de se porter partie civile dans cette affaire. Par voie de communiqué, publié sur Facebook, la présidente de ladite association, Bouchra Abdou, a affirmé que son association assistera aussi bien juridiquement que psychologiquement Khadija dans cette affaire.
D’une autre manière, le tatouteur tunisien Fawez a, quant à lui, aussi suggéré d’apporter un soutien psychologique à Khadija, en lui proposant de la détatouer, d’effacer bon nombre de marques laissées par les agresseurs sur son corps, et donc tenter de lui faire oublier les souvenirs liés à l’enfer qu’elle a vécu.
Toutefois, Khadija devra encore se rappeler le terrible supplice qu’elle a enduré et attendre la fin du procès qui débutera le 6 septembre prochain, au tribunal pénal de Béni Mellal, selon Alyaoum24, afin de pouvoir entamer sa reconstruction psychologique.
Malheureusement, le cas de Khadija n’est pas isolé. En 2016, une jeune fille de 16 ans s’était donné la mort en s’immolant par le feu. Victime d’un viol collectif, elle n’a pas résisté au chantage de ses bourreaux qui l’avaient menacée de diffuser les images des agressions qu’elle a subies sur les réseaux sociaux.
De plus, et cela fait vraiment froid dans le dos, l’affaire Khadija rappelle que le nombre d'affaires de viol traitées par la justice marocaine a doublé, passant de 800 en moyenne à 1600 en 2017.
Pour rappel, le Maroc a adopté en février dernier une loi relative à la lutte contre la violence faite aux femmes, sanctionnant pour la première fois le harcèlement.