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Le Liban à cran au lendemain de violents affrontements


Libé
Vendredi 15 Octobre 2021

Le Liban à cran au lendemain de violents affrontements
Le Liban se préparait vendredi à inhumer les victimes des plus violents affrontements depuis des années dans le pays, dans une atmosphère tendue au lendemain de heurts qui ont secoué le centre de Beyrouth et ravivé le spectre de la guerre civile.

 
Cinq des six victimes relèvent des deux partis chiites, le Hezbollah pro-iranien et son allié le mouvement Amal, qui avaient organisé jeudi une manifestation devant le Palais de Justice de Beyrouth pour exiger le remplacement du juge chargé de l'enquête sur l'explosion au port de la capitale l'an dernier.


Les formations chiites accusent le parti chrétien des Forces libanaises d'avoir déployé des francs-tireurs sur les toits des immeubles environnants et d'avoir visé leurs partisans qui s'approchaient des quartiers chrétiens jouxtant le secteur.


Les Forces libanaises ont démenti et réclamé une enquête officielle, accusant le Hezbollah d'avoir "envahi" les quartiers chrétiens en marge de la manifestation.


Vendredi, le journal Al-Akhbar, proche du Hezbollah, a publié en première page un portrait du chef de la formation chrétienne, Samir Geagea, en uniforme nazi, avec une moustache à la Hitler, et écrit en manchette: "Pas de doute". "Samir Geagea, tu étais le premier à savoir ce qui s'est passé hier (..) parce que tu as planifié, préparé et exécuté un grand crime", a accusé le journal. Le parti chrétien est le plus farouche détracteur de la formation pro-iranienne.


La tension restait vive vendredi, décrété jour de deuil national, malgré le déploiement en force de l'armée libanaise dans les quartiers qui ont été le théâtre des affrontements, selon des correspondants de l'AFP.
 Jeudi, des centaines de miliciens d'Amal et du Hezbollah s'étaient déployés dans les rues du secteur de Tayouné, proche du Palais de Justice, près de l'ancienne ligne de démarcation au cours de la guerre civile (1975-1990) entre les quartiers musulmans et chrétiens. 
Les circonstances exactes des violences qui se sont produites dans ce secteur restent confuses.

L'armée a fait état "d'échanges de tirs" "au moment où les manifestants étaient en route pour protester devant le Palais de Justice". Le ministre de l'Intérieur Bassam Mawlawi a affirmé que des "francs-tireurs" avaient tiré sur les manifestants. 
Le déluge de feu qui s'est abattu sur ce secteur a terrorisé les habitants, ravivant le spectre de la guerre civile qu'ils croyaient avoir oubliée.


Mariam Daher, une mère de famille de 44 ans, s'est dit "terrifiée" par l'idée d'un retour à la guerre civile. "Je ne peux plus revivre cette expérience. Je veux partir et protéger mes enfants", a-t-elle déclaré.
 Moscou a appelé vendredi les acteurs de la crise à "faire preuve de retenue". La France a,  pour sa part, appelé jeudi à "l'apaisement" et les Etats-Unis à la "désescalade", les deux pays insistant sur "l'indépendance de la justice".

Le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a appelé à "cesser les actes provocateurs" et plaidé pour une "enquête impartiale" sur l'explosion au port.


Deux des victimes sont des membres du puissant Hezbollah et trois faisaient partie du mouvement Amal. Une mère de cinq enfants, tuée par une balle perdue alors qu'elle se trouvait chez elle, a été comptabilisée par le Hezbollah au nombre de ses "martyrs". Leurs funérailles étaient prévues dans l'après-midi.


Selon le ministère de la Santé, 32 personnes ont été blessées. Ces violences viennent accroître la tension politique dans le pays, où le Hezbollah et ses alliés exigent le départ du juge Tareq Bitar qui, malgré les fortes pressions, veut poursuivre plusieurs responsables dans le cadre de son enquête sur l'explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020 (plus de 200 morts).


Mais les responsables politiques refusent d'être interrogés même si les autorités ont reconnu que les énormes quantités de nitrate d'ammonium qui ont explosé avaient été stockées au port pendant des années sans précaution.
 La manifestation s'est produite après que la Cour de cassation a rejeté des plaintes de députés et ex-ministres à l'encontre de M. Bitar, lui permettant de reprendre ses investigations.


L'affaire a provoqué la crise la plus grave pour le gouvernement de Najib Mikati depuis sa formation le mois dernier. Une réunion du cabinet mardi a failli imploser en raison de la demande des ministres relevant des partis chiites de remplacer le juge.


Le gouvernement ne s'est plus réuni depuis, Amal et le Hezbollah exigeant qu'il tranche sur cette affaire et les autres membres du cabinet défendant la séparation des pouvoirs. 


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