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Le Congrès américain veut légiférer sur les armes, mais sans espoir de réforme majeure


Jeudi 8 Août 2019

Les fusillades qui ont ensanglanté les Etats-Unis le week-end dernier ont poussé Donald Trump à appeler le Congrès à entériner de "bonnes" réformes sur les armes. Mais, avec les élections à l'horizon, les chances d'assister à un changement à Washington sont minces.
A la manœuvre, les démocrates - dont plusieurs prétendants à la présidentielle 2020 - exhortent à mettre fin au cycle de la violence après ces énièmes massacres. Ils veulent étendre les vérifications sur les antécédents des acheteurs pour presque toutes les ventes d'armes à feu, une initiative soutenue par une majorité d'Américains.
Beaucoup de ces élus d'opposition souhaitent aussi interdire à nouveau les fusils d'assaut de type militaire - comme ce fut le cas de 1994 à 2004 - et rendre illégaux les chargeurs à grande capacité.
Le tireur de Dayton, dans l'Ohio, en était muni quand il a abattu neuf personnes en trente secondes dans la nuit de samedi à dimanche.
Les républicains, eux, ont plutôt gardé le silence même si quelques voix se sont élevées pour réclamer que les personnes qui ne devraient pas avoir d'armes, pour raisons médicales ou légales, ne puissent pas en acheter ou en posséder.
"Nous devons adopter des réformes de bons sens", a ainsi tweeté le sénateur républicain de Floride, Marco Rubio.
Mais un homme reste difficile à convaincre: Mitch McConnell, le chef de la majorité républicaine au Sénat.
Un projet de loi historique, soutenu des deux côtés de l'échiquier politique, qui aurait empêché le transfert d'armes à feu lors de foires ou entre des individus sans vérifications d'antécédents a été entériné par la Chambre basse, à majorité démocrate, plus tôt cette année.
M. McConnell, élu de l'Etat conservateur du Kentucky, a refusé d'organiser un vote au Sénat.
Une autre mesure adoptée à la Chambre basse, qui supprime un vide juridique permettant à des vendeurs d'armes d'en fournir si la vérification des antécédents n'a pas été faite sous 3 jours, est toujours dans les limbes du Sénat.
"Si le leader McConnell pouvait juste amener ce projet de loi au Sénat, je pense qu'il serait adopté", a lancé Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate, mardi.
"Cela ne devrait, en aucune manière, être un enjeu partisan, même si trop souvent ça le devient", a lancé à ses côtés Pete King, élu républicain qui a co-sponsorisé la législation sur la vérification d'antécédents à la Chambre.
Car le mantra de Mitch McConnell est simple: enterrer toute législation venue de la Chambre et repousser le programme "socialiste" des démocrates.
Et, quand les élections approchent, les membres du Congrès sont plutôt réticents à adopter des législations qui divisent.
Kristin Goss, professeure de politique publique à Duke University, estime qu'il est devenu encore plus difficile de voir une loi d'envergure sur le contrôle des armes adoptée avec un Sénat aux mains des républicains.
"Autrefois les démocrates avaient dans leurs rangs des hommes blancs pro-armes mais ces derniers sont républicains maintenant", assure-t-elle à l'AFP.
"Les républicains avaient un groupe de modérés, des femmes des zones urbaines qui étaient favorables à la régulation des armes, et ces femmes sont démocrates maintenant."
Au Congrès, Mitch McConnell est prié d'agir vite, avant que tous les regards ne se tournent vers la présidentielle.
Il a expliqué lundi que les républicains du Sénat étaient "prêts à faire leur part du travail". Mais il n'a pas précisé quelles étaient les prochaines étapes.
Entre-temps est apparu un rare spécimen sur la colline du Capitole: une mesure de protection sur les armes séduisant les deux bords politiques.
Le sénateur Lindsey Graham, un fidèle de Donald Trump, a annoncé co-rédiger une législation qui garantirait la possibilité pour les forces de l'ordre et les proches d'une personne qui pourrait être un danger pour elle-même ou son entourage de lui retirer, temporairement, ses armes.
Certains Etats ont déjà adopté ce type de mesures, et d'autres y songent.
Le républicain Adam Kinzinger a récemment annoncé qu'il soutenait le passage d'une telle législation et même davantage.
"Il est temps pour des vérifications d'antécédents universelles pour les achats d'armes, d'élever à 21 ans l'âge pour acquérir une arme à feu et de bannir certains des chargeurs à grande capacité", a écrit dans une tribune cet élu de l'Illinois à la Chambre des représentants.
La question est de savoir s'il y aura assez de républicains pour convaincre Mitch McConnell.

Qui sont les auteurs des deux carnages ?

Les mobiles du tireur d'El Paso, Patrick Crusius, 21 ans, sont clairs: il avait mis en ligne un manifeste anti-immigrés avant d'ouvrir le feu samedi dans un hypermarché de cette ville du Texas, à la frontière avec le Mexique, faisant 22 morts et de nombreux blessés.
Ceux de Connor Bretts, 24 ans, qui a tué neuf personnes dont sa soeur la nuit suivante à Dayton (Ohio) avant d'être abattu par la police, sont plus flous. Mais plusieurs anciens camarades de classe interrogés dans les médias se rappellent son agressivité, notamment envers la gent féminine.
Le premier a été interpellé et se trouve en détention au Texas, où il encourt la peine de mort. Selon le chef de la police locale Greg Allen, il est "dans un état de choc" mais n'a exprimé aucun remords pour ses actes.
Dans le cas de Dayton, aucun élément n'indique "un mobile raciste", mais le tireur avait manifesté de l'intérêt pour certaines "idéologies violentes", a fait savoir mardi le FBI sans donner de détails.
Un compte Twitter, que lui attribue CNN, le présente comme proche de l'extrême gauche et des mouvements "antifa" (antifascistes).


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