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La violence en milieu scolaire refait surface

Les cellules d’écoute ont toute leur place. Elles rentrent dans le cadre d’une prévention de la violence et du décrochage


Chady Chaabi
Jeudi 13 Février 2020

32,2%. Avec un tel taux en termes de violence et de harcèlement à l’école au Maroc, enregistré en 2018, l’hypothèse de la survenue d’un nouveau cas était fort malheureusement annoncée comme certaine. Cette fois, c’est à Berrechid que ce fléau a dramatiquement et sans surprise, refait surface, faisant plusieurs victimes.
D’après la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), un mineur à peine âgé de 11 ans a agressé cinq élèves à l’arme blanche aux abords d’un établissement scolaire. La brigade des mineurs relevant du service de la police judiciaire de la ville de Berrechid a évidemment ouvert une enquête. Placée sous la supervision du parquet compétent, la procédure a pour but de déterminer les circonstances ainsi que les raisons qui ont conduit le mineur (né en 2009) à commettre cette agression. Un cas dont la banalité est corroborée, à un degré de gravité moindre, par les chiffres publiés par l’UNICEF. Puisque 39,7% des enfants et adolescents interrogés par l’organisation internationale, dont 53,3% de garçons, ont déclaré avoir été victimes de bagarres à l’école ou aux abords.   
Il faut dire que l’enquête ne s’apparente guère à une quadrature du cercle. La violence scolaire est un phénomène dont les raisons sont consommées. Nul ne peut les ignorer. En tout cas, il est plus que probable qu’un conflit a incité le mineur à commettre son méfait et ainsi blesser légèrement trois des cinq victimes et grièvement les deux autres au visage. Une bagarre dont les catalyseurs auraient pu être le harcèlement moral, physique ou le cyber-harcèlement. Enfin si l’on en croit l’UNESCO. Dans un récent rapport, l’organisation onusienne a avancé ses facteurs comme étant les carburants de ce mal sociétal si profond aux conséquences désastreuses. Conséquences qui ne prennent pas uniquement la forme d’une agression comme celle que nous avons relayée.  
Dans un article intitulé « La violence scolaire peut avoir des conséquences délétères », publié dans notre édition du mardi 24 décembre 2019, nous évoquions déjà cette violence en milieu scolaire, sous toutes ses formes physique, psychologique ou les deux, comme étant l'un des facteurs du décrochage scolaire et du déficit de persévérance cognitive.  
Psychologue au Centre national Mohammed VI des handicapés et intervenant auprès d’enfants à besoins spécifiques/section régionale de Casablanca du CNMH, Rim Akrache nous a éclairés sur le sujet et ses conséquences. A commencer par le décrochage scolaire qu’elle a ainsi expliqué. «A l’école, c’est un triangle qui permet la réussite ou l’échec : l’enfant (et ses pairs), la famille et l’école», a-t-elle avancé avant de préciser : «Lorsqu’il y a un dysfonctionnement dans l’un ou l’autre de ces pôles, c’est-à-dire respectivement les capacités cognitives, le dysfonctionnement familial, ou des problèmes institutionnels ou pédagogiques et un mauvais climat, ça se ressent dans les résultats de l’enfant. Surtout lorsque celui-ci n’a pas acquis toutes les ressources lui permettant d’y faire face et d’être résilient».
Résultat : L’enfant victime de cette violence se retrouve le plus souvent isolé. Un état de fait duquel il faut l’extirper en comblant cet isolement. Dans ce sens, des mécanismes dont les  cellules d’écoute ne sont pas superflus. «En effet, elles ont toute leur place. Elles rentrent dans le cadre d’une prévention de la violence et du décrochage par la même occasion. Parfois, il suffit de redonner confiance, de déculpabiliser et de revaloriser pour qu’il y ait réparation», confirme Rim Akrache tout en prévenant : «Mais encore faut-il agir tôt et que l’enfant se sente à l’aise».
Maintenant, le tout n’est pas de créer des cellules d’écoute, mais plutôt d’en assurer la continuité. Ce qui est plus facile à dire qu’à faire. Dans un collège situé à Lissasfa, dans la périphérie de Casablanca, une enseignante nous a expliqué qu’une cellule d’écoute a été mise en place pour venir en aide aux jeunes qui ont des pensées suicidaires ou encore victimes de violences scolaires. Mais la cellule a très vite été jetée aux oubliettes par manque d’implication à la fois de la direction de l’établissement qui ne pouvait pas toujours mettre à disposition une salle, mais aussi des enseignants qui ont eu beaucoup de mal à assurer la pérennité de la cellule d’écoute car cela empiétait sur leur temps libre.


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