L’Association mondiale des journaux (AMJ) est certes convaincue que le papier demeurera le support incontournable de la presse. Du moins, la vraie. A savoir celle qui ne confond pas entre l’information et la communication, entre l’écrit et la propagande et entre la liberté d’être et celle de consommer.
Créée en 1948, l’AMJ regroupe 71 associations nationales d’éditeurs de journaux,13 agences de presse nationales et internationales et 9 associations régionales de presse. Il s’agit d’une organisation non gouvernementale, à but non lucratif qui représente, au total plus de 18 000 publications sur les cinq continents.
Le fait qu’elle ait consacré sa conférence de Barcelone au thème « Pouvoir de la presse papier » prouve qu’il y a péril en la demeure.
Son porte-parole a certes essayé de minimiser les effets de la crise actuelle. Mais il s’est vite repris en précisant que ces derniers ont été lourdement frappés par celle-ci ainsi que par la menace d’internet. D’où le fait que les patrons de presse aient donc eu « un grand besoin d’échanger des idées sur les stratégies susceptibles d’augmenter leurs recettes ». Lesquelles ont fondu comme neige au soleil, entraînant la disparition de titres emblématiques, notamment aux Etats-Unis et le licenciement de milliers de journalistes.
Qu’en est-il au Maroc, pays où la pléthore des titres n’a jamais été accompagnée par une évolution similaire de leur lectorat et où la répartition de la manne publicitaire n’a, elle non plus, jamais répondu à une quelconque logique économique ?
La crise est donc là. Depuis toujours. Elle fait partie des fondamentaux sans lesquels l’illusion de pluralité voulue par les pouvoirs publics, n’aurait aucun sens. Elle ne l’a certes pas quand on en évalue le coût en mettant en lumière, tant sa partie visible, à savoir les subsides publics officiels, que celle qui ne l’est pas. Elle n’en aura jamais au regard de sa qualité médiocre induite par une absence patente de ressources humaines de qualité et rémunérées à leur juste valeur.
De fait, si sous d’autres cieux, c’est le modèle économique de la presse écrite qui pose problème, au Maroc, c’est plutôt son modèle de financement qui mérite absolument d’être revu.