Nous pensons que ces réticences n’ont pas lieu d’être et que par leur scepticisme, elles rejoignent les attitudes nihilistes qui ont marqué la campagne électorale préconisant le boycott et l’abstention. Ne pas voter, ne pas invoquer la réflexion raisonnée pour lire le réel de l’action publique sont les deux faces identiques de la même pièce. Des attitudes qui ne servent nullement le développement de la démocratie. C’est dans ce cadre que nous invitons à une lecture politique de la nouvelle séquence vécue dans le long processus de l’édification démocratique.
A lire la Une des journaux qui couvrent les différents épisodes des élections communales, on se rend rapidement compte que le spectacle n’est guère réjouissant. La farce le dispute au drame. Mais réduire tout le processus à ces seuls aspects “folkloriques” ne nous semble pas une attitude pertinente. Cela peut servir des visées sensationnelles médiatiques, à courte durée. Au-delà du récit anecdotique, il faut convoquer des grilles de lecture adéquates s’inspirant des acquis des sciences sociales. D’une manière générale, ce n’est pas encore le cas. Certains chroniqueurs, respectés et respectables, donnent, hélas, le mauvais exemple; ils profitent du climat délétère postélectoral pour livrer non pas un point de vue fondé sur une lecture argumentée mais des allégations relevant plus du règlement de compte et du service rendu. La lecture faite à ce propos des résultats de l’USFP par des observateurs dits indépendants sont révélatrices de l’énorme retard théorique et intellectuel dont souffre l’espace public. On assène des a priori et des opinions subjectives comme des vérités. Il y a une nouvelle doxa qui s’installe au sein de notre paysage intellectuel, celle des nouveaux médias; elle fait son programme sur la base du dénigrement intégral des partis politiques. C’est un jeu non seulement facile et gratuit mais dangereux pour le devenir de l’ensemble du système.