Il est sûr qu’à l’heure qu’il est, la guerre des chiffres a dû repartir de plus belle. Libre à chacun de faire avec ceux du gouvernement faisant état d’une petite et donc « insignifiante » participation ou plutôt ceux provenant de sources syndicales et assurant d’un grand succès.
Le fait inédit, cependant, c’est qu’une guéguerre d’un autre genre avait débuté bien avant le jour prévu pour ce énième débrayage. Signe que le bras de fer entre gouvernement et syndicats a, une fois de plus, pris du « grade », c’est cette décision prise par le premier de retenir une journée de salaire sur les appointements de ceux parmi les fonctionnaires qui auront pris part à ladite grève. Mohamed Abbou, ministre délégué chargé de la Modernisation des secteurs publics, a pris en charge de justifier cette mesure. On peut parfaitement adhérer, ou pas, aux arguments de M. Abbou quand il rappelle par exemple le principe archi-connu du salaire mérité après un travail fourni, ou même quand il dit regretter que les jours de grève soient assimilés à des journées chômées et payées.
Comme on peut avoir de bonnes raisons d’estimer avec les syndicalistes que par cette mesure, on s’attaque de front à « un droit acquis » celui de faire grève, surtout que les pays démocratiques auxquels on cherche à s’identifier, ne décident pas de la chose sur un coup de tête. Là, tout est consigné, notifié et connu de tous.
Mais là où la langue de Abbou semble avoir carrément fourché, c’est quand il a cru bon d’ajouter un commentaire bien trop inutile. Cette phrase dans laquelle il justifie la décision de ponction par le souci de « défendre le droit des citoyens à la scolarisation, aux soins et à toutes les autres prestations ».
On serait tenté de lui dire un grand « merci », sauf que l’on donne bien l’impression d’insinuer que les syndicalistes, et tous les grévistes avec eux, se trouvent animés par tout le contraire : la défense desdits droits, « ce serait pas leurs oignons!» auquel cas, c’est grave, Monsieur le ministre délégué!