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Samedi, le rêve de 26 Brésiliens âgés de 14 à 19 ans de jouer devant le pape va se réaliser à l'occasion de l'opération le "Train des enfants" organisée par le Vatican. Dans le public, il y aura aussi 400 enfants issus de régions du centre de l'Italie frappées récemment par des séismes dévastateurs.
A 10.000 kilomètres de là, au complexe de Maré, la terre ne tremble pas, mais les échanges de tirs nourris rythment la vie des habitants, otages de la guerre entre narcotrafiquants et des incursions policières musclées qui se multiplient ces dernières semaines. Selon l'ONG locale Redes da Maré (Réseaux de Maré), 18 morts violentes ont été recensées de janvier à avril dans cet ensemble de favelas qui regroupe 140.000 habitants proche de l'aéroport international de Rio, soit déjà une de plus que toutes celles de l'année 2016.
Lundi, les jeunes de l'orchestre sont montés au Corcovado, où ils auraient dû jouer devant le pape il y a quatre ans, pour participer à une messe la veille de leur voyage, mais deux d'entre eux manquaient à l'appel. Ils ont dû rester enfermés chez eux à cause d'une fusillade déclenchée lors d'une opération policière. "Nous avons déjà dû annuler beaucoup de répétitions à cause de la violence", regrette Bruno Costa, contrebassiste de 16 ans, dont les notes sont trop souvent étouffées par les détonations. "C'est très compliqué pour moi de me déplacer dans le quartier avec mon instrument, qui est de très grande taille. Les trafiquants pensent que je transporte une arme dans mon étui, ou même un cadavre", raconte-t-il.
Le genèse même du projet puise ses racines dans la violence qui touche Rio au quotidien. C'est à Maré que la police a retrouvé la voiture ensanglantée d'Armando Prazeres, célèbre chef d'orchestre assassiné en 1999.
Après plusieurs années de dépression, son fils, Carlos Eduardo, a décidé de se dévouer corps et âme à changer la vie de jeunes des favelas grâce à la musique. Aujourd'hui, le projet est présent dans toutes les écoles du quartier et 2.200 ont eu leur premier contact avec des instruments grâce à l'ONG. "Beaucoup d'entre eux sont prisonniers de ce monde, leurs horizons sont très limités. Mais aujourd'hui, nos jeunes musiciens rêvent d'étudier à Vienne et de jouer dans de grands orchestres", assure Carlos Eduardo Prazeres. "Je suis sûre que je peux aller loin si je travaille dur. Mon rêve, c'est de jouer pour l'Orchestre philharmonique de Berlin", annonce Debora, qui est tombée amoureuse du violoncelle en écoutant la première suite de Bach sur internet.