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La guerre commerciale pousse des entreprises chinoises à l'exode

Des fabricants de pneus, de plastiques ou de textile ont déjà entamé cette délocalisation

Jeudi 13 Septembre 2018

A l'heure où l'Amérique de Donald Trump impose des droits de douane punitifs au "made in China", des entreprises chinoises délocalisent leur production, du Vietnam au Mexique, pour échapper aux contrecoups de la guerre commerciale.
Exaspéré par son abyssal déficit avec le géant asiatique, Washington a imposé entre juillet et août des droits de 25% visant des marchandises importées de Chine d'une valeur de 50 milliards de dollars par an et s'apprête à taxer 200 milliards de dollars de biens supplémentaires.
Seul moyen d'y échapper pour nombre de firmes chinoises: assembler leurs produits ailleurs. Des fabricants de pneus, de plastiques ou de textile ont déjà entamé cette délocalisation, selon des déclarations commerciales consultées par l'AFP.
HL Corp, un producteur de pièces détachées de vélos, a ainsi annoncé le mois dernier le déménagement d'une usine au Vietnam.
Ce site "réduira et évitera" l'impact des droits de douane américains, a expliqué le groupe, notant que l'administration Trump avait spécifiquement ciblé en août les vélos électriques chinois.
"Les droits américains conduisent inévitablement les entreprises à ajuster leurs chaînes d'approvisionnement, si elles deviennent du jour au lendemain 25% moins compétitives", observe Christopher Rogers, du cabinet d'informations commerciales Panjiva.
La tendance n'est pas nouvelle: confrontée au renchérissement de la main-d'oeuvre locale et au durcissement des réglementations environnementales, l'industrie chinoise s'efforce déjà de délocaliser une partie de sa production, notamment en Asie du Sud-est.
"Les tensions commerciales sino-américaines accélèrent la tendance" et cet exode "alimente les problèmes de chômage" en Chine même, souligne Cui Fan, directeur de recherche de la China Society of WTO Studies, groupe de réflexion affilié au gouvernement.
Les fabricants Hasbro (jouets), Olympus (appareils photos) ou encore Deckers (chaussures), parmi beaucoup d'autres multinationales, ont déjà délocalisé hors de Chine des chaînes de production. Mais les firmes chinoises leur emboîtent désormais le pas.
Hailide New Material, qui fabrique dans son usine du Zhejiang (est) des fils industriels, exporte l'essentiel de sa production aux Etats-Unis et vers d'autres pays.
"Actuellement, nous produisons tout en Chine. Pour mieux échapper aux risques de mesures antidumping et hausses tarifaires, nous avons décidé après un long examen d'installer une usine au Vietnam", ont indiqué les dirigeants du groupe le mois dernier aux actionnaires.
Un investissement évalué à 155 millions de dollars, qui devrait permettre d'accroître de 50% la production de l'entreprise... l'usine vietnamienne étant censée prendre en charge "l'offre à destination des Etats-Unis".
Les exemples abondent: un spécialiste du textile s'installant en Birmanie, un fabricant de matelas inaugurant des ateliers en Thaïlande, un producteur de moteurs rachetant une usine au Mexique, selon les déclarations en Bourse des différents groupes.
Linglong Tyre, de son côté, profite d'un crédit à coût modéré pour construire une usine de pneus de presque 1 milliard de dollars en Serbie, aux portes de l'UE.
L'industrie chinoise du pneu "connaît une conjoncture morose en raison des frictions commerciales", a expliqué le groupe, citant une nouvelle enquête antidumping américaine.
"Une usine à l'étranger permet une croissance indirecte en échappant aux barrières commerciales", s'est-il félicité.
Pour l'industrie du vélo, le centre de gravité se déplace déjà hors de Chine, selon HL Corp, dont les clients ont déjà entrepris de délocaliser au Vietnam.
Pour les bicyclettes "made in Vietnam", "il n'y a pas de taxes antidumping" américaines ou européennes, et la main-d'oeuvre locale est bien moins chère qu'en Chine, indique à l'AFP Alex Lee, chargé des ventes internationales pour HL.
Les vélos électriques chinois sont visés par les Etats-Unis mais aussi par l'Union européenne, qui leur impose depuis juillet des droits antidumping de 22 à 84%, dénonçant les subventions étatiques et l'aluminium à coût artificiellement bas dont profitent les fabricants chinois.
Or, HL Corp assure qu'il continue de bénéficier du soutien des autorités chinoises même après avoir déplacé une partie de sa production à l'étranger.
HL a notamment transféré au Vietnam la production de fourches en aluminium, effectuée auparavant dans son usine chinoise de Tianjin (est), explique M. Lee -affirmant tout ignorer d'éventuelles suppressions d'emplois.


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