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La gestion des fleuves transfrontaliers, un enjeu crucial : Le changement climatique dope la “diplomatie de l’eau”


Par Jérôme Cartillier
Samedi 28 Mars 2009

La gestion des fleuves transfrontaliers, un enjeu crucial : Le changement climatique dope la “diplomatie de l’eau”
Mékong, Congo, Nil, Danube, Amazone, Niger: la gestion des fleuves transfrontaliers est un enjeu crucial d’une “diplomatie de l’eau” rendue d’autant plus nécessaire par le réchauffement climatique qui va accentuer la pression sur les ressources.
Inondations plus fréquentes, sécheresses plus marquées: le changement climatique va modifier la situation hydrique de nombreuses régions du monde, rappellent les experts.
“Nous devons impérativement aboutir à une coopération stable avant que la concurrence pour les ressources en eau ne devienne trop aiguë”, explique Flavia Loures, chargé du droit international au sein du WWF.
La planète compte plus de 260 bassins fluviaux transfrontaliers répartis entre 145 pays: moins d’un sur deux font l’objet d’un accord de coopération, qui se résume, dans la plupart des cas, à une entente bilatérale excluant nombre de pays voisins.
En Afrique, qui compte une soixantaine de bassins partagés, une multitude de conventions ont été signées (Sénégal, Volta, Zambèze...) mais nombre d’entre elles sont restées lettre morte. Au niveau international, un texte existe, qui prévoit que les Etats utilisent les cours d’eau internationaux de manière “équitable et raisonnable”.
La Convention de l’ONU sur les cours d’eau transfrontaliers a été adoptée en 1997 après... presque trente années de tractations.
Mais elle n’est toujours pas entrée en vigueur: la ratification de 35 Etats est nécessaire et seuls 16 l’ont fait à ce jour.
La France vient d’annoncer qu’elle allait ratifier ce texte.
D’autres pourraient bientôt suivre, selon le WWF, qui espère une ratification en 2011.
“Ce peut être un socle pour la diplomatie de l’eau”, estime Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat française à l’Ecologie. “Elle servira de repère”.
Mais, dans certaines régions, le sujet reste très sensible.
“Les pays en position de +château d’eau+ par rapport à leurs voisins sont plutôt réticents car ils craignent une ingérence dans leurs affaires intérieures,” résume un diplomate européen, qui cite l’exemple de la Chine, en position “hydro-hégémonique”.
Ironie: la Turquie qui a abrité le 5ème Forum mondial de l’eau, est l’un de trois seuls pays (avec le Burundi et la Chine), qui a voté contre ce texte en 1997.
La Turquie est à la source de la plupart de ses rivières, au premier rang desquelles le Tigre et l’Euphrate, qui rejoignent ensuite la Syrie et l’Irak. La régulation du débit de ces deux fleuves fait l’objet de tensions récurrentes entre les trois pays.
Si la Convention est considérée comme un outil utile, certains mettent cependant en garde contre des attentes démesurées.
“L’eau douce est une ressource locale, chaque bassin est différent.
On ne parle pas de changement climatique!”, rappelle Alejandro Iza, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui estime que si le texte est un point de repère, la coopération locale est irremplaçable.
Et de souligner un foisonnement d’initiatives: entre le Guatemala et le Mexique, discussions entre communautés pour partager les ressources des innombrables rivières issues du volcan Tacana; de même, sur la rivière Paz, qui marque la frontière entre le Salvador et le Guatemala.
Autant de coopérations concrètes encourageantes qui démontrent, selon lui, que “le débat sur les guerres de l’eau est un peu un mythe” et que si les tensions sur les ressources sont réelles et vont s’accentuer, l’eau est, d’abord, un catalyseur de coopération.



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