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La future ligne du TGV dans le viseur de Pékin

La Chine convoite la construction de la deuxième ligne de train à grande vitesse, «Al-Boraq», qui reliera Casablanca et Agadir

Jeudi 25 Août 2022

La future ligne du TGV dans le viseur de Pékin
Paris n’a qu’à bien se tenir et le géant français Alstom s’assurer qu’il garde toujours une longueur d’avance sur ses éventuels concurrents dans le projet de la nouvelle ligne de train à grande vitesse (TGV) qui reliera Casablanca à Agadir. Et pour cause, Pékin aspire ouvertement à participer à la réalisation de ce gigantesque chantier.

Le juteux projet dont le coût est estimé à plus de 75 milliards de dirhams aiguise les appétits du géant de l’économie mondiale qui revendique son expertise dans ce domaine et met en avant sa riche expérience dans la construction de grandes infrastructures.

Par son ambassadeur au Maroc, Li Changlin, la République populaire de Chine a clairement manifesté son souhait de réaliser cette nouvelle ligne qui reliera la capitale économique à celle du Souss, arguant que le Royaume peut compter sur une expertise de pointe dans ce domaine et sur une expérience reconnue à l’échelle internationale.

En effet, dans un entretien accordé à nos confrères de Hespress, le diplomate chinois n’a pas caché les intentions de son pays de se frayer une place dans cet important projet, soulignant sa détermination à remporter le contrat de la deuxième ligne TGV.

Au cours des dix dernières années, le Maroc a mis en œuvre une politique de diversification de ses partenaires qui laisse une marge de manœuvre considérable à tous les pays désireux d’exécuter des projets au Royaume, a-t-il en substance fait remarquer.

La Chine essaie de rattraper son retard au Maroc 

Bien que conscient que «le Maroc a un regard particulier» tourné vers l’Europe et les Etats-Unis, l’ambassadeur Li Changlin estime qu’avec la montée en puissance de son pays et au regard de l’expertise acquise dans tous les secteurs dont celui des infrastructures, la Chine s’intéresse à des projets tels que celui du train à grande vitesse.

Le diplomate est persuadé que la participation de la Chine à la réalisation du projet de TGV apportera «une valeur ajoutée à l’approfondissement du partenariat stratégique entre nos deux pays», a-t-il déclaré.

L’expertise chinoise dans le domaine des infrastructures n’est pas le seul argument évoqué par ce dernier pour gagner les faveurs des décideurs marocains quant à ce projet.

Au cours de son entretien, le diplomate a subtilement évoqué un aspect important dont la Chine peut se targuer de disposer, celui du financement dudit projet. Un aspect qui ne peut laisser indifférent le Maroc qui a récemment fait savoir qu’il cherchait des «solutions innovantes» (selon l’expression du ministre du Transport et de la Logistique) pour financer ledit projet.

«La réalisation d’un tel projet tient compte de l’aspect technique, mais aussi de la mobilisation des financements», a-t-il lancé avant de concéder qu’«il appartient au Maroc, aux autorités compétentes du Maroc, de choisir leur partenaire». Et, quoi qu’il en soit, «la Chine essaie de rattraper son retard au Maroc».
 
Les relations entre le Maroc et la Chine sont dans une dynamique ascendante

Dans tous les cas, les relations entre le Maroc et la Chine «sont dans une dynamique ascendante. Et en tant qu’ambassadeur, je m’en félicite», a-t-il affirmé.

Quand bien même il y a encore beaucoup de travail à faire, «je suis disposé, avec nos amis marocains», à travailler à la diversification des partenaires du Maroc et à « l’identification de nouveaux domaines de coopération», a déclaré l’ambassadeur.

Au cours de cet entretien, le diplomate s’est aussi exprimé sur d’autres sujets en lien avec l’actualité économique, notamment l’agriculture, la construction de barrages d’eau et l’initiative «Ceinture et Route», insistant à chaque fois sur l’expérience de son pays dans chacun de ces domaines.

S’agissant de l’agriculture, et après avoir rappelé l’expertise et le savoir-faire chinois dans ce secteur, en Chine comme dans nombreux pays, notamment d’Afrique subsaharienne, Li Changlin a affirmé que son pays avait beaucoup à apporter au Maroc.

En ce qui concerne la construction des barrages, l’ambassadeur, en poste au Maroc depuis un an et quatre mois, a estimé là aussi que «nous avons beaucoup d’expérience en Chine».

Le Maroc est un partenaire naturel dans la mise en œuvre de l’initiative «Ceinture et Route»

Bien que persuadé qu’il «existe des potentialités de coopération dans le secteur agricole et de la construction de barrages», le diplomate a toutefois estimé qu’il est indispensable que «les responsables marocains fassent confiance à l’expérience chinoise pour que nous puissions travailler ensemble dans ces secteurs, afin d’améliorer le rendement des céréales » et de sécuriser les besoins en eau du Maroc.

Abordant le dernier point, l’ambassadeur a affirmé que «le Maroc est un partenaire naturel dans la mise en œuvre avec la Chine de l’initiative «Ceinture et Route»», rappelant qu’il est le premier pays du Maghreb à avoir signé le mémorandum d’entente en 2017 sur cette initiative.

«Le Maroc est aussi le premier pays du Maghreb à avoir signé avec la Chine le plan de mise en œuvre conjointe de l’initiative», a-t-il relevé précisant qu’elle vise à faciliter le commerce et l’investissement chinois au Maroc.

Comme pour souligner l’intérêt de cette initiative, Li Changlin confie que son pays a réalisé au cours des dernières années quelques projets s’inscrivant dans le cadre de sa mise en œuvre au Maroc.

Le diplomate cite ainsi City Discastel à Kénitra qui fabrique des jantes en aluminium. L’essentiel de la production de cette unité, qui a nécessité un investissement total de 600 millions de dollars, est exporté vers les Etats-Unis et l’Europe.

Autre projet et non des moindres, celui de «Tanger Tech» qui comprend trois unités : industrielle,  logistique et immobilière.

Par ailleurs, le diplomate affirme que «les entreprises chinoises pensent que le Maroc possède des atouts extraordinaires. A savoir : la proximité avec l’Europe, l’Afrique, le monde arabe …». Elles estiment en outre qu’il «a une politique d’attractivité et d’investissement intéressante» et peut se prévaloir d’une main-d’œuvre qualifiée.

Enfin, la Chine veut faire du Maroc «un carrefour pour entrer en contact d’affaires avec l’Afrique, l’Europe et le monde arabe», a-t-il conclu.

Alain Bouithy

Alain Bouithy

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