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La CGEM s’insurge contre l’augmentation du SMIG

Il s’agit d’une véritable menace à la compétitivité de l’entreprise, selon le patronat

Samedi 3 Mai 2014

La CGEM s’insurge contre l’augmentation du SMIG
Suite à la décision d’augmenter le salaire minimum de 10% entre 2014 et 2015 prise par le gouvernement, la Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM) a rendu public un communiqué dans lequel elle a tenu à exprimer «ses regrets et sa vive inquiétude quant à cette hausse du coût du travail qui s’inscrit en décalage total avec l’objectif de la nouvelle stratégie de relance industrielle 2014-2020, mise en place par le gouvernement, il y a quelques semaines, et visant à créer 500.000 nouveaux emplois en 7 ans.
«Une telle hausse, appliquée sans contrepartie, viendra éroder davantage la compétitivité de l’industrie marocaine et ne manquera pas d’avoir un impact sur l’emploi industriel, tout en induisant le risque de voir des entreprises basculer dans l’informel et annihiler les efforts d’en faire sortir celles qui y sont encore», regrette la CGEM.
C’est donc le préjudice que peut porter le relèvement du SMIG  qui a constitué la brèche dans laquelle la CGEM s’est engouffrée pour faire pression sur le gouvernement.
Ce dernier cherche en optant pour cette mesure à faire de la pierre du SMIG plusieurs coups à la fois.
En premier lieu, mettre fin à l’érosion de sa popularité et faire remonter la cote de confiance des citoyens en ce gouvernement qui est en chute libre, tout en espérant conquérir quelques milliers de voix électorales.
En second lieu, faire taire les centrales syndicales et renforcer ses arguments face à ces dernières, notamment avec l’extension de la couverture maladie aux soins dentaires dès début 2015  et l’application de l’IPE (Indemnité pour perte d’emploi) avec une enveloppe budgétaire de 500 millions de DH. Dans cette optique, aussi courageuse qu’irréfléchie, l’Exécutif compte étendre la couverture des soins de santé (AMO) aux parents des salariés, public et privé confondus.
Et d’un autre côté, le gouvernement renvoie la balle dans le camp de la CGEM, en consacrant l’idée selon laquelle cette dernière «met les bouchés doubles pour mettre les bâtons dans la roue du gouvernement».
Bien entendu, ces mesures ne sont pas toutes immédiatement effectives mais d’ici là quelles conséquences pourrait avoir cette série de mesures sur le budget de l’Etat, en l’occurrence sur les dépenses de fonctionnement, la compétitivité des entreprises, l’emploi, ainsi que la prétendue lutte contre l’économie souterraine et les efforts déployés pour sortir les petites structures productives de l’informel?
En termes de budget, il est à signaler que cette décision pourrait avoir des conséquences aggravantes sur le déficit budgétaire. Selon le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration, Mohamed Moubdii, ladite augmentation concerne 73.000 fonctionnaires et autant d’employés dans les collectivités territoriales. Ce qui constituera un nouveau fardeau pour le Trésor et augmentera davantage des charges de fonctionnement.
En termes de compétitivité des entreprises, la CGEM martèle qu’une telle augmentation briderait la création d’emplois, rappelant notamment que «depuis 2007, l’industrie marocaine, qui emploie 1,2 million de personnes, perd en moyenne 30.000 emplois par an et que le Maroc est classé aujourd’hui 77ème en termes de compétitivité par le World Economic Forum (WEF)».
 La CGEM a fait valoir dans son communiqué qu’elle «est favorable à l’augmentation des revenus et qu’elle l’a prouvé en proposant de faire financer la taxe relative au Fonds de cohésion sociale par les entreprises plutôt que par les salariés ». En revanche, selon elle, «c’est la hausse du coût du travail qui est aujourd’hui un facteur de risque pour l’économie marocaine». Mais qu’en est-il du salaire minimum en perpétuelle érosion ?
Le patronat rappelle, dans ce sens, qu’entre 2001 et 2012, le SMIG a augmenté, en moyenne annuelle de 9,7%, et que les charges des entreprises se sont alourdies avec l’instauration de l’Indemnité pour perte d’emploi, et l’écotaxe et le seront davantage avec l’extension de l’AMO aux soins dentaires». Chose qui n’est pas aussi évidente tant que lesdites mesures ne sont pas encore entrées en vigueur.
La CGEM craint donc que de telles mesures allant à l’encontre de la compétitivité des entreprises, ne créent la disparition d’emplois pérennes et n’aggravent la précarité.
Certes les intentions du gouvernement ne sont pas innocentes, mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une décision courageuse, qui intervient dans un contexte où la question des bas salaires et leur corrélation avec la compétitivité se pose dans le monde entier. Et partout le débat est le même. Les uns brandissent la menace des licenciements et de la perte d’emploi, tandis que les autres invoquent la dignité, le pouvoir d’achat et la hausse de la consommation. 
Pour leur part, les  trois centrales syndicales (Union marocaine du travail (UMT), Confédération démocratique du travail (CDT) et Fédération démocratique du travail (FDT)), ont exprimé leur insatisfaction quant aux propositions du gouvernement de relever le salaire minimum dans la Fonction publique à 3.000 DHS et d’augmenter de 10% et en deux tranches le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en estimant dans un communiqué «qu’elles ne satisfont pas les attentes minimales de la classe ouvrière et des salariés en général ».
 

Mohammed Taleb

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