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« L’urgence de l’impératif de décarbonisation industrielle impose aux industriels et aux pouvoirs publics d’accélérer leur action », a estimé le CMC dans sa publication « Maroc conjoncture » du mois de mars (N°344).
Le Centre rappelle que l’Union européenne, principal partenaire commercial du Maroc, a rehaussé ses ambitions climatiques et a pris des mesures concrètes pour les réaliser. Parmi celles-ci, l’instauration d’une taxe carbone aux frontières qui devrait entrer en vigueur en 2023.
Sachant que l’UE absorbe 67% de l’ensemble des exportations marocaines, « l’instauration de la taxe carbone est porteuse de disruptions importantes qui interpellent les industriels et les pouvoirs publics marocains », a estimé le CMC dans ce spécial portant sur «L’instabilité des marchés : Quel programme de soutien au pouvoir d’achat?».
C’est dire qu’il devient plus qu’urgent de décarboner l’industrie marocaine, qui représente 30% des émissions de CO2 « énergie ».
Parmi les secteurs industriels fortement émetteurs de GES, le Centre marocain de conjoncture cite notamment le cas des ciments et phosphates, considérés comme de grands consommateurs d’énergie et qui « représentent à eux seuls plus des trois quarts des émissions totales de l’industrie ».
Il est important de noter que le Maroc est doté de stratégies ambitieuses en faveur du développement durable, comme le relève le CMC dans ce numéro, dans un article intitulé « De grands défis et des opportunités pour l’industrie marocaine ».
Précisons à ce propos que les principales dispositions publiques en faveur de la décarbonisation de l’industrie marocaine sont contenues dans deux documents de politique environnementale clés.
Il s’agit de la « Stratégie nationale de développement durable qui vise à mettre en œuvre les fondements d’une économie verte et inclusive à l’horizon 2030 et la Stratégie bas carbone à long terme Maroc 2050 soumis fin 2021 par le Maroc aux Nations unies », a précisé le CMC.
Cependant, le Centre est persuadé que l’horizon temporel à long terme des principales stratégies n’est pas à même de garantir que l’industrie marocaine sera prête à temps pour affronter la nouvelle donne de taxe carbone européenne.
Quoi qu’il en soit, le Centre constate que « la décarbonisation avancée du secteur électrique et le déploiement à grande échelle des énergies renouvelables avec une part dans le mix électrique en 2040 et 2050 à hauteur de 70% et 80%, offrent un environnement favorable à la décarbonisation des activités industrielles ».
Il insiste toutefois sur le fait qu’une réduction importante des émissions industrielles implique de recourir en plus à un éventail de mesures. Celles-ci incluent « l’efficacité énergétique ; l’électrification accrue des usages ; le verdissement de la commande publique ; la fiscalité verte et un système public d’aides, de sanctions et d’incitation ; les substitutions énergétiques ; la réduction des matériaux à la source, le recyclage des matériaux, la digitalisation des technologies et des méthodes industrielles, etc. », selon le CMC.
Par ailleurs, s’il est vrai que certaines de ces technologies sont disponibles, matures et viables économiquement, force est de constater que ce n’est pas le cas pour d’autres.
Comme le fait observer le Centre dans son analyse, « certaines applications nécessiteront des avancées supplémentaires voire des ruptures technologiques, nécessitant une stimulation de l’Etat pour encourager l’innovation et couvrir une partie des risques technologiques ».
A titre de rappel, la Stratégie bas carbone à long terme Maroc 2050 juge opportun de mettre en place une planification indicative de la décarbonisation de l’industrie comprenant les scénarios et objectifs chiffrés aux horizons 2030, 2040 et 2050 par branche d’activité, et préconise de commencer par les grands industriels, à la fois les plus émetteurs et les plus aptes d’opérer la transition.
Le CMC rappelle également que les pouvoirs publics travaillent sur un projet de zones industrielles au carbone neutre et des lignes de financement pour encourager l’investissement dans les technologies vertes.
Un autre chantier et non des moindres : la norme marocaine reconnue au niveau européen pour évaluer le bilan carbone des entreprises nationales.
Mais pour le Centre, les chantiers en préparation « devraient être finalisés et mis en œuvre rapidement en vue de favoriser la compétitivité de l’industrie marocaine à l’export ».
Rappelons que la Déclaration politique conjointe instituant le « Partenariat euro-marocain de prospérité partagée » (adopté en juin 2019 par le Conseil d’association UE-Maroc) a identifié comme axe prioritaire la coopération en matière d’énergie, de lutte contre le réchauffement climatique, de protection de l’environnement et de promotion de l’économie verte.
Rappelons également que les deux parties ont signé en juin dernier un « Partenariat vert » en vue de faciliter la convergence politique entre les deux parties sur les questions liées à l’environnement.
Alain Bouithy