-
Modeste regain de dynamisme attendu pour le commerce mondial des marchandises au premier trimestre
-
Industries manufacturières: L'indice de la production en hausse de 8% au quatrième trimestre 2023
-
Infrastructures durables: Signature d’un accord de prêt de 100 millions d’euros entre la BAD et le FEC
-
Conseil de BAM : Un nouveau statu quo attendu
-
Banques : Le déficit de liquidité se creuse à 134,3 MMDH du 7 au 13 mars
Un transfert d’expertise
Entre la Confédération suisse et le Maroc, les points communs ne sont pas légion. Pourtant, il y en a un qui confinent à l’évidence. Si la Suisse n’a ni mer ni océan, contrairement au Maroc, son relief est quant à lui très marqué par les massifs montagneux : les Alpes, qui occupent environ les 3/5èmes du territoire, et le Jura. Idem de ce côté-ci de la Méditerranée, car entre les massifs du Rif, au Nord du pays et ceux de l’Atlas un peu plus au sud, les régions montagneuses occupent plus des deux tiers du territoire marocain. Une similitude géographique qui n’a pas échappé aux Helvètes.
Le tourisme marche du feu de dieu en Suisse. Pourquoi ? C'est avant tout parce que le pays est superbe. Avec ses grands lacs et ses montagnes, il y fait bon vivre, se reposer, se promener. Un don de Dame Nature dont la Confédération a su tirer profit pour y développer une économie prospère dans le domaine agricole. En 2017, on y recensait 51.620 exploitations agricoles, cultivant une surface totale de 1.046.109 hectares, dont 27% dans les montagnes. La seconde activité développée en altitude, et non des moindres, est celle du tourisme. Un secteur clé dans ces régions. Donc ce n’est vraiment pas le fruit du hasard si Zermatt, Lucerne, Saint-Moritz, mais encore Arosa, font partie des destinations les plus prisées par les visiteurs de la Confédération.
A la lumière de ses éléments, il paraît évident que l’expertise et le savoir-faire suisse dans le tourisme de montagne ne feront pas de mal au Maroc. Justement, ce transfert d’expertise est dans les petits papiers de la Suisse. «Effectivement nos actions se concentrent actuellement sur la région de Béni Mellal-Khénifra», corrobore Bouchra Boutaleb. Puis d’arguer : «Car elle fait partie des régions les plus pauvres au Maroc, à l’instar de beaucoup de zones montagneuses. Des zones enclavées où il y a le plus grand besoin. Selon le rapport de la FAO, il y a 8 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et dont la plupart résident en montagne. C’est ce qui justifie nos actions dans ces zones».
Ainsi, la Suisse, animée par la volonté de combler les manques qui existent dans ces régions, entend « fournir un appui technique et aussi installer un transfert d’expertise avec une valeur ajoutée dans des filières qui ont un grand potentiel de développement » comme l’a souligné notre interlocutrice. Une volonté qui devrait se concrétiser dans le secteur touristique via un projet ambitieux. «Prochainement, il y aura un projet intégré lié au tourisme et financé par le secrétariat d’Etat à l’économie sur cinq ans», nous révèle Bouchra Boutaleb, avant de préciser :« Il devrait démarrer probablement en septembre prochain avec une approche intégrée de tourisme durable et rural. Mais aussi en intégrant le développement agricole et artisanal afin d’essayer de capitaliser sur l’existant et créer ainsi des synergies entre différents secteurs pour atteindre un vrai développement».
Plus en détail, ce projet verra le jour dans la province d’Azilal, et notamment à Ait Bouguemez et Ait Bouli « où il y a déjà eu plusieurs coopératives qui ont travaillé sur le terrain comme l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ) et l’Association française de développement (AFD)», indique Mme Boutaleb.
Concrètement, il s’agit de capitaliser sur l’existant, en développant l’offre touristique de ladite région. Comment ? Tout d’abord à travers la mise à niveau des structures d’hébergement dans la province d’Azilal. Ensuite, en renforçant les capacités, avec un appui à la réhabilitation du centre de Tabant pour la formation des guides de montagne, tout en développant d’autres métiers qui sont liés aux espaces naturels, dans l’optique d’apporter une valeur ajoutée, en étroite collaboration avec le ministère du Tourisme marocain. Enfin, le dernier volet du projet concernera l’amélioration du climat des affaires dans le secteur du tourisme pour permettre d’augmenter la compétitivité des petites entreprises.
Dans ce cas, quels sont justement les aspects à améliorer? Bouchra Boutaleb explique : « Faciliter la commercialisation et puis l’accès aux nouvelles technologies de ses hébergeurs et de ses entreprises dans le milieu du secteur de tourisme durable, via la création d’une plateforme de mise en lien. Mais également, faciliter l’accès au financement. Il y aura d’ailleurs un plan d’action qui va être proposé après un diagnostic plus approfondi des obstacles dans le secteur. »
Une collaboration qui
ne date pas d’hier
L’histoire d’amour entre le Royaume et la Suisse n’est pas née de la dernière pluie. Le triste souvenir du séisme qui a frappé la ville d’Al Hoceima a été le déclencheur de l’implication de la coopération internationale suisse au Maroc. «Nous sommes intervenus suite à ce drame et c’est l’aide humanitaire qui avait financé cette action. Après, le bureau de la coopération suisse a ouvert ses portes», nous confirme notre interlocutrice. Tout en rappelant que « plusieurs projets en aide humanitaire mais aussi en développement économique ont été financés depuis. C’est dans ce cadre que nous avons soutenu les associations professionnelles dans le monde de l’agriculture principalement ».
Ces actions associatives dont les projets sont gérés par l’ambassade de Suisse en partenariat avec d’autres acteurs relevant des Nations unies, mais également des ONG suisses implantées au Maroc, on peut en citer pêle-mêle, le projet « AZIR », managé par l’ONUDI (Organisation des Nations unies pour le développement industriel) et qui concerne la filière du romarin dans l’Oriental. Le projet « Azabem» concerne un appui suisse aux associations professionnelles marocaines. Elaboré par Suisse Contact, dans la région de Béni Mellal-Khénifra et de Draâ-Tafilelt, il est destiné à apporter un soutien entre autres, à la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d'exportation des fruits et légumes, l'Association nationale des ovins et caprins, ainsi que l’Association des coopératives des plantes aromatiques et médicinales. Sans oublier le projet « Pampat », lié à la filière du cactus d’Ait Baamrane et l’argan dans la région d’Agadir-Essaouira.
De prime abord, on pourrait croire que la collaboration maroco-suisse est à sens unique. Pourtant, ce n’est pas le cas. «Nous espérons développer des partenariats en l’occurrence dans le domaine touristique. Aujourd’hui, il y a déjà des centres de formation, comme l’école de formation hôtelière de Genève qui est basée à Casablanca. En plus, nous essayons de mettre en lien le Maroc avec nos entreprises, notamment dans le domaine de la formation au tourisme durable» conclut Bouchra Boutaleb.
Rien de bien surprenant en soi. C’est l’essence même d’une coopération où chacune des deux parties trouve son compte. En parlant d’essence justement, les exportations de l’arganier, une essence spécifiquement marocaine et ses dérivés, dont l’huile d’argan, continuent de progresser, atteignant 343 tonnes en 2009-2010, selon les statistiques de l’Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE). Sur la dernière marche du podium, des pays les plus friands de l’huile d’argan, après la France (78%), et l’Allemagne (7,6%), on vous le donne en mille, il y a la Suisse (7%).