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L’emploi sombre dans la précarité

Seul un salarié sur trois dispose d’un contrat de travail, selon le HCP

Jeudi 24 Décembre 2015

«Le marché du travail, avec une offre fortement déterminée par les caractéristiques d’une transition démographique particulièrement avancée et par une faible productivité des structures économiques, a connu, entre 2000 et 2014, une évolution marquée par une baisse tendancielle des taux d’activité et d’emploi, une disparité de la répartition spatiale et sectorielle de ce dernier ainsi que la précarité qui en caractérise une large partie». C’est ce qu’affiche une note d’information du Haut-commissariat au plan (HCP), traitant  de l’évolution du marché d’emploi au Maroc entre 2000 et 2014.
En effet, depuis l’année 2000 et jusqu’en 2014, la population active (offre de travail) a connu un accroissement continu à raison de 115 mille nouveaux actifs annuellement, passant de 10,213  à 11,813 million d’actifs.  Cet accroissement demeure inférieur à celui de la population en âge d’activité qui a augmenté de 383.000 durant la même période, ce qui s’est traduit par une baisse du taux d’activité de 53,1% en 2000 à 48% en 2014. 
Cette baisse du taux d’activité au niveau national cache d’importantes disparités selon les tranches d’âge. Pour les jeunes âgés de 15 à 24 ans, il a reculé de 13,6 points, alors que chez les personnes âgées de 25 à 39 ans, il a  baissé de 2,5 points et parmi celles âgées de 40 à 59 ans de 1,7 point, comme l’explique la note du HCP.(voir graphique 1)
Dans ces conditions, le poids des jeunes âgés de 15 à 24 dans la population active a reculé de 10,1 points, passant de 27,2% en 2000 à 17,1% en 2014. Cette évolution s’expliquerait, en grande partie, par les efforts importants déployés ces dernières années dans le domaine de la scolarisation.(voir graphique 2)
Malgré ces efforts consentis dans le domaine de scolarisation, les jeunes femmes accusent toujours un retard important par rapport à leurs homologues masculins en la matière. D’un autre côté, l’effort de scolarisation a été à l’origine d’un accès de plus en plus tardif des femmes à la vie active. La part des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans dans la population active féminine a baissé de 27,5% en 2000 à 17% en 2014 (10,5 points d’écart) et leur part dans l’offre globale de travail a presque stagné durant cette période, avec une proportion d’environ 27%.
Avec  une création annuelle moyenne de 129 mille postes d’emploi,  le volume de l’emploi au Maroc est passé de 8,845 à 10,646 millions entre les années 2000 et 2014.  Mais ce sont les actifs de sexe masculin qui en ont le plus bénéficié avec 94.000 emplois annuellement (73%) contre 35.000 pour les femmes (27%). Par ailleurs, la part des jeunes âgés de 15 à 29 ans dans l’emploi total a reculé de 10,2 points au cours de la période, passant de 39,1% en 2000 à 28,9% en 2014, et son taux de féminisation demeure relativement faible (26,5%). 
Parmi les emplois créés durant cette période, c’est le secteur des services qui a la grande part, la création moyenne s’y élevant à 87.000 emplois par an, suivi du BTP (31.000 emplois par an), puis de l’agriculture, forêt et pêche (10.000 postes / an) et, enfin, de l’industrie qui, elle, n’a créé que 1.000 emplois par an. En l’espace de 14 ans donc, le Royaume s’est peu à peu tertiarisé et a connu de nombreuses mutations.  
Parmi celles-ci, l’exode rural qui a fortement impacté l’agriculture. Même si ce secteur demeure le premier pourvoyeur d’emplois du monde rural, une baisse tendancielle, passée de 45,9 à 39,4%, a été observée par le HCP au niveau national. En milieu rural, le poids est passé de 80,9 à 74,5%. Une baisse qui s’explique notamment par l’extension des périmètres urbains et l’attractivité de certains secteurs, notamment le BTP et les services.
Autre facteur: la perte de part d’emploi émanant de l’industrie. Tout comme l’agriculture, ce secteur a connu une baisse. Sa part d’emploi total s’est située autour de 11,1% en 2014 contre 13,2% en 2000. La proportion en milieu rural est passée de 23,1 à 17,9% en 14 ans. Modernisation des modes de production, émergence de nouvelles industries caractérisées par une forte valeur ajoutée, utilisation de plus de capital et de moins de main d’œuvre, ou encore concurrence internationale, nombreux sont les facteurs qui expliquent cette tendance baissière.
Et si, en revanche, le BTP a accru sa part dans l’emploi total, non seulement parce que les projets d’infrastructures et immobiliers sont légion, l’emploi dans ce secteur, reste caractérisé par une faible qualification. Il enregistre, en 2014, la deuxième plus importante proportion des actifs occupés n’ayant aucun diplôme (63%) après l’agriculture (84,2%). Cette proportion atteint 52,6% dans l’industrie et 42,7% dans les services. Par ailleurs, ce secteur constitue le principal refuge des jeunes dont l’emploi est en régression dans presque tous les autres secteurs.
Malgré son recul au cours des dernières années, l’emploi non rémunéré représente encore 22,5% de l’emploi au niveau national.
La précarité de l’emploi se manifeste particulièrement par le fait que malgré les améliorations enregistrées ces dernières années dans le domaine de la promotion de la qualité de l’emploi, seuls 20,5% en 2014, bénéficient d’une couverture médicale contre 13,1% en 2000. D’un autre côté, seul environ un salarié sur 3 (36,5% contre 31,8% en 2000), au niveau national, travaille avec un contrat, une situation qui s’aggrave davantage dans les secteurs de l’agriculture et du BTP où cette proportion atteint respectivement 7,5% et 7,4%.
Sur un autre plan, plusieurs actifs occupés sont insatisfaits de leur emploi et désirent le changer pour plusieurs raisons notamment, l’inadéquation entre l’activité exercée au regard de leur qualification, le revenu perçu, les conditions défavorables du travail ou tout simplement l’attente d’un emploi qui correspond parfaitement à leur compétence. Ainsi, en 2014, près du quart (23,6%) des actifs occupés et 37% de ceux exerçant dans le secteur des BTP ont exprimé le désir de changer leur emploi. Les raisons évoquées portent sur la recherche d’une meilleure rémunération pour 71,2%,  avoir un emploi assurant des conditions de travail plus favorables pour 9,6%, disposer d’un emploi plus stable pour 9,5% et d’un emploi plus adéquat à la formation reçue pour 4,9%.
La note affirme également que l’analyse des principales caractéristiques de la population active en chômage révèle qu’en 2014, quatre chômeurs sur cinq (80,1%) sont citadins, plus de sept sur dix (71,4%) sont de sexe masculin, près de deux sur trois (62,6%) sont âgés de 15 à 29 ans,  près d’un sur deux (45,4%) est primo-demandeur d’emploi, environ six sur dix (59,2%) chôment depuis une année ou plus et plus d’un sur quatre (27,6%) est diplômé de niveau supérieur.
Au même titre, le sous-emploi représente l’une des principales composantes de la sous-utilisation de la main-d’œuvre. Il permet de renseigner sur les actifs occupés qui travaillent moins longtemps ou de façon moins productive qu’ils ne seraient en mesure et désireux de le faire. Durant le deuxième trimestre de 2015, le taux de sous-emploi, s’est accru de 0,4 point, passant de 10,4% à 10,8% au niveau national, comme l’annonce une autre note d’information du HCP sur l’emploi au Maroc au sujet du marché du travail durant le deuxième trimestre de 2015.

Karima Nadir

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