L'écrivain franco-libanais Amin Maalouf reçu à l'Académie française

Mardi 19 Juin 2012

L'écrivain franco-libanais Amin Maalouf reçu à l'Académie française
Avec lui, c'est un peu le Liban qui entre à l'Académie française, même si sa patrie reste l'écriture: l'écrivain franco-libanais Amin Maalouf a été reçu jeudi dernier dans l'institution, plaidant pour un rapprochement entre Orient et Occident, pierre angulaire de son œuvre.
"Après les roulements de tambours, les roulements de langue !", s'est amusé le premier Libanais à y être élu, faisant résonner son accent lors du discours d'éloge de son prédécesseur, le grand anthropologue Claude Lévi-Strauss décédé le 30 octobre 2009.
Les "Immortels", comme on surnomme les 40 membres de l'Académie, composée de personnalités marquantes de la vie littéraire et chargée de perfectionner la langue française, confirment ainsi leur souhait d'accueillir parmi leurs 40 membres des auteurs d'origine étrangère, après avoir élu Hector Biancotti, né en Argentine et décédé mardi, François Cheng, né en Chine, et Assia Djebar, née en Algérie.
"J'apporte avec moi tout ce que mes deux patries m'ont donné: mes origines, mes langues, mon accent, mes convictions, mes doutes, et plus que tout peut-être mes rêves d'harmonie, de progrès et de coexistence", a relevé le nouvel académicien devant ses pairs, sa famille émue et ses nombreux amis venus de son pays natal, des Etats-Unis ou de l'île d'Yeu (ouest), son refuge d'écrivain.
Un parterre de personnalités a aussi applaudi chaleureusement son discours.
Aujourd'hui, "un mur s'élève en Méditerranée entre les univers culturels dont je me réclame". Ce mur, "mon ambition est de contribuer à le démolir. Telle a toujours été ma raison de vivre, d'écrire, et je la poursuivrai au sein de votre Compagnie. Sous le regard lucide de Lévi-Strauss", a assuré l'écrivain de 63 ans, sans cacher sa fierté de rejoindre cette institution fondée en 1635 par le cardinal de Richelieu.
Amin Maalouf publiera en septembre un roman, "Les Désorientés" (Grasset), voyage d'un historien exilé de retour au Liban.
C'est le benjamin de l'Académie, l'écrivain-diplomate Jean-Christophe Rufin, ami d'Amin Maalouf depuis 25 ans, qui a répondu au nouvel immortel. "C'est en suivant votre exemple que je suis devenu romancier", lui a-t-il rappelé.
"Toute votre œuvre, toute votre pensée, toute votre personnalité, c'est un pont entre deux mondes (...) qui portent chacun leur part de crimes mais aussi de valeurs. Ce sont ces valeurs que vous voulez unir".
"Entrez ici avec vos noms, vos langues, vos croyances, vos fureurs, vos égarements, votre encre, votre sang, votre exil", a-t-il conclu avec émotion.
Symbole de cette double culture, l'épée d'académicien d'Amin Maalouf comporte en médaillons une Marianne et un Cèdre du Liban. Sur la lame sont gravés les prénoms de sa femme Andrée, de ses trois fils, un poème de son père.
Né le 25 février 1949 à Beyrouth, dans une famille chrétienne en partie francophone, l'écrivain a consacré son œuvre au rapprochement des civilisations, analysant les rapports politiques et religieux entretenus par l'Orient et l'Occident.
En 1976, journaliste au quotidien de Beyrouth An-Nahar, Amin Maalouf est contraint à l'exil par la guerre civile. A Paris, il devient rédacteur en chef de la revue Jeune Afrique et publie en 1983 une somme historique "Les croisades vues par les Arabes". Mais c'est son roman "Léon l'Africain" qui lui apporte le succès en 1986. Il décide alors de se consacrer à la littérature et décroche le prestigieux prix Goncourt pour "Le Rocher de Tanios" en 1993.
Exil, métissage culturel, identité habitent ses romans et essais, parmi lesquels "Les identités meurtrières", "Le dérèglement du monde" ou encore "Origines".
Une livre libanaise à son effigie a été émise en hommage au nouvel immortel.

AFP

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