L’attaque israélienne contre la flottille humanitaire pour Gaza : Une erreur impardonnable


Par Dr. Farouk Dadi
Samedi 12 Juin 2010

En s’attaquant, à la fin du mois écoulé, à un convoi de bateaux (Flottille de la Liberté) transportant une importante aide humanitaire au profit des habitants de Gaza et dont la douloureuse tragédie vécue en 2008 par ces derniers garde, encore, un souvenir  vivace dans nos mémoires, Israël vient, encore une fois, de faire parler de lui, de «frapper», comme d’habitude, de la façon la plus inattendue, mais aussi la plus odieuse, la plus ignoble et  la plus cynique qui soit. Sauf que cette fois-ci, la honteuse agression que ses troupes et ses hélicoptères ont déclenchée n’était pas directement dirigée contre le valeureux peuple palestinien frère, mais que les victimes de cette autre tragédie étaient des civils de différentes nationalités, aussi bien occidentales, asiatiques ou africaines, qu’arabes (marocaines notamment) ou non arabes (turques) soit, au total, plus de 700 militants humanitaires, originaires d’une quarantaine de pays, et dont le seul crime était d’avoir cherché à alléger les souffrances d’une population assiégée et privée de tout, avec le triste bilan que l’on sait, et qui s’est soldé par une vingtaine de morts et 36 blessés, d’après les informations rapportées par les médias.
Peut-on concevoir qu’un Etat qui ose prétendre qu’il n’est, en aucun cas, un État «terroriste», contrairement aux accusations de la quasi-totalité de la communauté internationale, à l’exception, certes, de quelques puissances qui le soutiennent, puisse s’attaquer délibérément à des civils, et,  qui plus est, non armés, et dépourvus de tout moyen de défense contre leur agresseur?
Et cependant, c’est ce qui, contre toute attente, vient de se produire, plongeant cette même communauté internationale tout entière dans la consternation, la colère et l’indignation!
Jusqu’à quand Israël s’obstinera-t-il à «narguer» aussi bien les pays arabo-musulmans que le reste de la communauté internationale, et à faire fi, au grand dam de tous les esprits épris de paix et de justice, de toutes les lois et conventions internationales?
Jusqu’à quand, et par-dessus tout, Israël continuera-t-il de jouir de l’impunité totale et ce, malgré les innombrables agressions et les crimes perpétrés par son armée?
Certes, à chaque fois qu’Israël fait usage de sa force, on ne manque pas, un peu partout dans le monde, de s’indigner, de condamner, de crier au meurtre, au génocide, au  «crime contre l’humanité»! Mais, à aucun moment, Israël n’est inquiété ou sanctionné. Quant aux multiples résolutions des Nations-unies ou du Conseil de Sécurité blâmant l’État hébreu et le mettant en demeure de se conformer au droit international et de stopper ses offensives dans les plus brefs délais, celles-ci n’y font rien, puisqu’elles sont systématiquement bafouées et inappliquées du fait de leur ignorance totale et de leur non-respect par l’Etat  sioniste. On a réellement l’impression qu’Israël bénéficie d’une espèce de « feu vert» permanent pour agir à sa guise, sans trop se préoccuper du «qu’en dira-t-on» et surtout sans appréhender les éventuelles sanctions dont il pourrait ou devrait faire l’objet, à la suite de ses raids meurtriers contre des populations civiles palestiniennes ou non,  innocentes et sans défense.
A la longue, quel que soit le caractère dramatique, pour ne pas dire tragique, de ces agressions israéliennes répétées (Liban, Cisjordanie, Gaza, etc.), on a le sentiment que la communauté internationale a, paradoxalement, fini par s’y faire, au point de ne plus leur prêter qu’une attention de principe, toute relative, condescendante ou compatissante, frisant, de surcroît, l’hypocrisie, mais sans qu’il soit question de répercussions contraignantes d’aucune sorte à l’encontre d’Israël, telles que des mesures de représailles sous forme, par exemple, de boycott économique ou, carrément, de rupture des relations diplomatiques, répercussions qui ne manqueraient pas, de toute évidence, d’être grandement dommageables ou préjudiciables  pour l’Etat hébreu.
En attendant, ce sont, bien entendu, encore une fois, les malheureuses populations palestiniennes qui font les frais de cette léthargie ô combien condamnable de la part de  cette même communauté internationale. Et nous avec, forcément, par solidarité avec nos frères palestiniens.
Fait aggravant, on permet à Israël ce que l’on interdit aux autres pays de la région. Comment concevoir qu’Israël soit autorisé à disposer d’un véritable arsenal nucléaire, alors que, dans le même temps, on conteste aux autres pays voisins le droit d’avoir accès au seul usage pacifique de ce même nucléaire, a fortiori à une «force de frappe» de même nature et de même envergure, à l’instar de celle d’Israël? Autrement dit, c’est toujours la politique des «deux poids, deux mesures», qui continue de prévaloir dans un monde soi-disant moderne et démocratique.
Or, ce n’est un secret pour personne que, si Israël a toujours  fait  preuve d’arrogance et d’intransigeance, ne cessant de  justifier ses crimes odieux par le seul  souci de sa sécurité, c’est parce que, comme chacun sait, l’Etat sioniste a, depuis toujours, pu compter sur le soutien aveugle et inconditionnel de la première puissance mondiale, à  savoir  les   Etats-Unis d’Amérique. On doit reconnaître, toutefois, que, depuis l’arrivée de Barack Obama au pouvoir, la politique étrangère de ce pays néanmoins ami, semble avoir pris un tournant plus favorable concernant la cause palestinienne. Est-il besoin de rappeler que l’élection de Barack Obama en 2009, n’avait pas manqué de susciter à travers  le monde entier un immense espoir pour la restauration de la paix dans le monde et particulièrement dans cette région du Proche-Orient, cette «poudrière», comme on a coutume de la qualifier? Hélas, ces espoirs ont été quelque peu déçus, puisque, malgré les apparentes bonnes dispositions de la nouvelle administration américaine et la volonté clairement affichée de sa diplomatie  de parvenir à un règlement définitif du conflit israélo-palestinien, notamment en facilitant l’instauration d’un Etat palestinien, aucun progrès tangible n’a été  réalisé ou obtenu jusqu’à présent. Le fait est qu’on est encore, apparemment, très  loin de  voir «le bout du tunnel» dans ce  véritable «casse-tête». Ceci d’autant plus que le processus de négociations a été interrompu à la suite de la tragédie de Gaza- il est vrai qu’on parle aujourd’hui de négociations indirectes, mais qui risquent de durer indéfiniment et sans, pour autant, aboutir à  un résultat satisfaisant pour toutes les parties- et que la reprise du dialogue, direct cette fois-ci, entre Israël et les autres protagonistes a été renvoyée aux calendes grecques et n’est donc pas pour demain.
Jusque-là, on ne peut  que réclamer, à tout le moins, et avec force, la levée immédiate et sans délai du blocus  imposé  aux  habitants de Gaza depuis 2007, c’est-à-dire depuis la victoire du Hamas aux élections. Ne fût-ce que pour des considérations strictement humanitaires. Si ce n’est pas trop demander aux dirigeants israéliens…
Par ailleurs, et pour finir, les Israéliens ont tout intérêt à normaliser d’urgence leurs relations, non seulement avec les Palestiniens, mais avec l’ensemble des protagonistes concernés. Faute de quoi, ils ne connaîtront jamais la paix, pas plus que cette prétendue «sécurité» dont ils sont tellement obsédés et dont ils ne cessent de se gargariser, tel un grotesque alibi, lors de chacune de leurs sauvages agressions, comme déjà mentionné plus haut.
La scandaleuse agression israélienne contre la flottille humanitaire pour Gaza est, sans conteste, à l’instar des précédentes agressions  sionistes, une grossière  et lamentable erreur : elle vient «à point nommé» pour retarder davantage l’échéance cruciale  d’une éventuelle paix au Proche-Orient.
Sans être pessimiste, on ne peut s’empêcher de se demander, au risque de se répéter, au train où vont les choses et compte-tenu de  l’état d’esprit intransigeant des dirigeants israéliens, si précisément, cette même région ne connaitra jamais la paix et la quiétude tant réclamées par les uns et les autres. En attendant, et à défaut, c’est peut-être, hélas, l’avenir de l’humanité tout entière qui s’en trouve, aujourd’hui, grandement et effroyablement menacé. Et bonjour les dégâts!… à «l’uranium enrichi» ou à je ne sais quelle autre calamité nucléaire du même nom ou du même acabit. Bref, Apocalypse now! Ou tomorrow? Or, sans vouloir jouer aux oiseaux de mauvais augure ou aux Cassandre, demain n’est pas loin, comme chacun sait…


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