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L’ accès aux services financiers formels demeure limité et inégal

Un rapport sur la Stratégie nationale d’inclusion financière appelle à dépasser les paradigmes des modèles «classiques » et à investiguer des modèles alternatifs

Jeudi 26 Novembre 2020

Considérée comme une composante importante des modèles de développement des pays, l’inclusion financière ne cesse de gagner en importance et de susciter l’intérêt des autorités publiques et des organismes internationaux soucieux de lutter contre la pauvreté et de favoriser le bien-être social et économique des populations.

« Au Maroc, plusieurs initiatives ont été entreprises par différents établissements au cours de la dernière décennie afin d’élargir l’accès aux services financiers au profit des différents segments de la population, particuliers et entreprises », soulignent Bank Al-Maghrib et le ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’administration dans un premier rapport sur la Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF).

Comme le relève cet important document, qui porte sur les principales étapes franchies dans le processus de la SNIF depuis son lancement en 2016 jusqu’à 2019, année au cours de laquelle les travaux de mise en œuvre ont été initiés, le Royaume a connu une forte croissance du marché financier aussi bien en volume qu’en valeur. Une évolution marquée par une hausse importante du nombre de comptes bancaires (+26%) et d’épargne (+19%), de cartes bancaires (+32%) et de crédits aux particuliers (+15%).

Selon la Banque centrale et le ministère de l’Economie et des Finances, la progression a également été importante en « valeur », avec une forte évolution depuis 2010 sur les dépôts des particuliers (+41%), des échanges scripturaux en termes de nombre (+82%) et de montant (+12%) ainsi que les encours des crédits aux particuliers (+51%).

En ce qui concerne l’assurance, BAM et le ministère ajoutent que les primes non vie ont crû de 37% sur cette même période. Mais en dépit des progrès réalisés au cours de la dernière décennie, l’accès aux services financiers formels aux différents segments de la population, particuliers et entreprises, demeure limité et inégal au Maroc.

En effet, l’analyse des données du côté de la demande sur la pénétration des services financiers auprès des particuliers et des entreprises révèle une performance mitigée du Maroc.

Par ailleurs, concernant les particuliers, il ressort des résultats de la dernière enquête Findex que « seulement 29% des adultes marocains possèdent un compte dans le circuit bancaire formel soit un niveau en deçà de celui de la région MENA (44%) ».

Rappelons que cette enquête, conduite par la Banque mondiale en 2017, met en évidence « des disparités significatives entre certaines catégories de la population en comparaison avec des pays du même niveau de PIB par habitant ».

Le principal obstacle à l’inclusion financière des Marocains serait le manque de fonds, à en croire l’enquête. Les frais de tenue de compte, la distance, l’absence de justificatifs ou le manque de confiance sont également évoqués, ainsi que la faible couverture de certaines zones par les points d’accès des institutions financières.

Quoi qu’il en soit, et quand bien même de nombreuses actions mises en œuvre par les différents acteurs ont permis une progression en volume et en valeur, « un véritable choc d’inclusion financière s’avère nécessaire pour combler les écarts les plus significatifs en termes de pénétration des services financiers entre femmes et hommes, ruraux et urbains, jeunes et adultes », estime le rapport.

Selon Bank Al-Maghrib et le ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’administration, « ce choc d’inclusion ne pourrait être réalisé qu’en dépassant les paradigmes des modèles classiques et en investiguant des modèles alternatifs qui ont favorisé des sauts considérables en termes de pénétration et d’utilisation des services financiers à l’échelle internationale ».

Dans cet important document, qui « rappelle les conclusions des travaux de diagnostic et le bien-fondé de ladite stratégie d’une part, et met en lumière les réalisations majeures dans le cadre de la phase de formulation, d’autre part », il est aussi indiqué que la Stratégie nationale d’inclusion financière est venue combler les écarts dévoilés par le diagnostic et ainsi mettre en place des solutions idoines pour explorer le gisement de progrès qui demeure important.

Le rapport fait remarquer que «la stratégie a fixé un cap à l’ensemble de l’écosystème et a mis en place un cadre de coordination et de collaboration national autour des axes clairement définis suivant une approche participative ».

Il est à noter que vu l’état des lieux de l’inclusion financière au Maroc, comparé aux pays du même niveau de PIB par habitant, la stratégie nationale ambitionne d’atteindre, puis dépasser le niveau de pénétration «pertinent» pour le Maroc réduire les écarts d’inclusion les plus significatifs ainsi que de tirer profit de l’inclusion financière comme levier d’inclusion économique et sociale.

Selon BAM et le ministère,« dans un premier temps, les efforts entrepris dans le cadre de la stratégie devront permettre d’atteindre le « niveau moyen » de pénétration des services financiers observé dans des pays comparables au Maroc, puis de tendre progressivement vers les meilleures pratiques de pays comparables ».

La deuxième ambition consiste à réduire au maximum les disparités dévoilées par le diagnostic notamment à travers des solutions abordables et simples d’usage, une capillarité et une proximité plus fortes et un effort massif de sensibilisation et de renforcement des capacités des populations sous-desservies ou exclues, poursuivent-ils.

Quant à la troisième ambition, elle est étroitement liée à l’alignement des orientations stratégiques à l’échelle nationale afin d’optimiser l’additionnalité des leviers de l’inclusion financière par rapport aux politiques sectorielles notamment en termes de diffusion et de ciblage des aides et des prestations sociales.

Précisons que la stratégie a été identifiée en tant que l’un des axes du programme développé sous le pilotage de Bank Al-Maghrib en réponse aux Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi ayant rappelé le rôle que les banques devraient jouer dans l’inclusion et la réduction des inégalités. Quant au rapport, il est en outre indiqué qu’il présente le bilan des principaux chantiers de la feuille de route qui servira de référence pour les prochaines éditions.

Alain Bouithy

Libé

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