L’Ecole de l’être et du paraître


Mohamed Kadimi
Lundi 18 Mai 2009

L’enseignement est une affaire trop  sérieuse pour la confier au seul secteur privé. Ce n’est pas un avis, c’est un constat: aucune école n’est autorisée à former des juges, des avocats ou des médecins même s’il y a des projets qui vont dans le sens du désengagement de l’Etat, notamment au niveau de  la santé.  Les initiateurs des politiques de l’éducation et de l’enseignement peuvent tolérer la mauvaise qualité. On ne badine pas, cependant, avec la formation de ressources humaines hautement qualifiées et qui assureront une mission de service public d’une extrême importance.
 Il est certain que l’Ecole publique est, aujourd’hui, inopérante dans ce qui a fait sa première légitimité au Maroc, à savoir un facteur de régulation voire de promotion sociale. L’ascenseur affiche même un trop plein qui dégage un malaise et nourrit les cultures ridicules. Mais il est aussi vrai que les recruteurs canadiens ou allemands, à titre d’exemple, recourent systématiquement aux grandes écoles publiques, telles l’EMI, l’INPT, l’IAV, l’ENSA et non pas aux écoles privées.
On ne le dira jamais assez : l’affairisme de certains promoteurs de l’enseignement privé s’est traduit par la prédominance du souci commercial et des pratiques douteuses (notes et diplômes non conformes à l’apprentissage et au savoir réellement acquis). Le problème auquel sont souvent confrontés les lauréats de ces écoles en rapport avec l’homologation en dit long, d’ailleurs, sur cette réalité. Lorsque des écoles louent deux ou trois étages dans un immeuble  et prétendent former des BAC+5 et exigent des étudiants de payer  un minimum de 2500 DH/mois, c’est plutôt de l’arnaque qu’il s’agit et non d’une formation répondant aux exigences du marché. En général, une école suppose, entre autres, un espace bien aménagé, un outil pédagogique performant, un cursus évolutif et un étudiant attentif.
Curieusement, les écoles privées sont très prisées même si l’accès y est très difficile en raison des conditions draconiennes et pécuniaires imposées par les opérateurs de l’enseignement dit supérieur. De mauvaises langues prétendent souvent que les écoles privées apprennent le Paraître tandis que l’Ecole publique enseigne l’Etre.


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