Le paisible village d’Imiyan, à quelques encablures de Tafraout, connaît en ce moment une effervescence inhabituelle. En raison des divergences entre les habitants sur le lieu de construction du foyer féminin du douar. Tout a commencé lorsque les autorités ont décidé de démanteler le bassin collectif qui sert à la captation d’eau d’irrigation des villageois pour bâtir à la place cet établissement social. Les habitants sont ainsi partagés entre les pour et les contre et décident par la suite de mener un combat par associations du village interposées. L’Association Jeunesse d’Imiyan pour la culture et sport monte la première au créneau pour dénoncer un acte qui vise la destruction d’un « monument/legs des aïeux ». « Cette bâtisse hydraulique est construite au début du XXè siècle ; c’est la fierté de l’ingéniosité de nos ancêtres ; elle perpétue tout un système et une culture d’irrigation et ses techniques traditionnelles qu’il faut préserver pour la mémoire », argue Kamal Chahmat, président de l’Association Jeunesse d’Imiyan. Pour lui, la démolition n’est pas incontournable, d’autant qu’il existe bien une autre solution à la décision incriminée. « Le village dispose de terrains collectifs octroyés auparavant par les habitants à la mosquée ; la quasi-totalité des villageois s’accordent à les concéder pour abriter ce projet ; rien donc ne nous empêche de le faire et le problème est ainsi résolu !», s’explique-t-il. Le bureau de cette structure associative qui fédère pour jeunes et femmes du village, ne se contente pas de se payer de mots pour s’opposer à la destruction du bassin en question. Il multiplie depuis démarches et interventions. Fort d’une pétition montée par une quarantaine de signataires, le bureau de l’association décide d’interpeller le gouverneur et parlementaires de la province afin de dissuader les responsables. Cependant, l’autre Association d’Imiyan pour le développement et la coopération est d’un avis opposé. Ses membres considèrent que l’édification du foyer féminin à la place dudit bassin ne pose aucun problème. D’autant que cette infrastructure n’est plus utilisée. Les canalisations acheminant l’eau vers le bassin de captation étant détériorées si elles n’ont pas complètement disparu par certains endroits. A cela s’ajoute, le fait que la source alimentant ce bassin est sèche et que les vergers irrigués ont disparu pour laisser place au béton qui ne cesse de grignoter les parcelles arables des habitants.
Dans la foulée de ce différend, tout récemment, une réunion est tenue entre le pacha, le président du conseil municipal et les deux Associations d’Imiyan pour tenter de trouver une « solution médiane à même de préserver l’intérêt des habitants ». Cependant, les responsables n’ont pas répondu à la demande et le différend s’est transformé en une vive opposition entre l’Association Jeunesse Imiyan et les autorités accusées de soutenir l’autre Association. Aujourd’hui, le marché relatif à la construction de ce projet est déjà attribué et les travaux commenceront bientôt. Il faut dire que les autorités tentent une fuite en avant. Et pour mettre les habitants devant le fait accompli, elles accélèrent les démarches. Les Aît Imiyan se demandent pourquoi en soumettant un terrain collectif aux responsables, propre pourtant à l’édification de l’établissement en question, ceux-ci s’obstinent à l’idée de déconstruction. Pour comprendre, il faut savoir que des manœuvres électoralistes latentes y sont pour beaucoup dans toute cette agitation et cette opposition, il faut le dire, entre des parties en lice qui ne disent pas leurs noms. Les habitants se demandent alors si les autorités n’ont pas ainsi déjà choisi leur camp parmi les postulants non avoués au siège municipal.
Les règlements de comptes aux relents électoralistes ne s’arrêtent pas là. Dans le village d’Imiyan, l’Association Jeunesse s’active à lutter contre l’analphabétisme en se lançant il y a quelque temps dans un projet de classes d’apprentissage en faveur des femmes et jeunes filles du douar. Ses membres ont emprunté pour cela des tables à une école de la ville qui avait manifesté son enthousiasme et sa disponibilité en faveur de l’Association qu’elle soutenait dans son action. Les responsables de cette école opèrent subitement aujourd’hui une volte-face étonnante et demandent la restitution de « leur bien » sans raison dire ! Cela est d’autant plus déconcertant que ce revirement intervient juste au moment où le problème s’est posé ! Simple hasard ? Ou sabotage et acharnement intentionnels ? Qui tire donc les ficelles de ce manège ? Après tout, nul doute que le douar a besoin d’un foyer féminin et de cours d’alphabétisation pour femmes. Mais il est pour autant honteux que ces projets d’intérêt général soient pris en otage par des camps qui se disputent pour de cupides enjeux qui ont trait aux urnes !